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Histoire De France 1758-1789, Volume 19

Histoire De France 1758-1789, Volume 19

Titel: Histoire De France 1758-1789, Volume 19 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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eut le secret de son Agence et en tira parti. D'accord avec l'abbé de Broglie, un des agents, elle donna courage à Richelieu, à d'Aiguillon, neveu de Richelieu, pour pousser le parti Choiseul.
    D'Aiguillon, qui n'était qu'un fat, s'y prit fort-mal. Gouverneur de Bretagne, il crut pouvoir contre le Parlement faire agir les États. Ils se réunirent contre lui pour la vieille constitution de la province. La tête de la résistance était La Chalotais, procureur général, le grand adversaire des Jésuites. Ils voulurent frapper à la tête, perdre La Chalotais. L'homme était très-hardi, avait des mots mordants. On supposa qu'il les avait écrits. On forgea de fausses lettres pleines de mépris pour le roi. Tout cela grossier, maladroit. Le Parlement de Paris allait en faire justice, marquer aufer chaud les faussaires. L'affaire était menée par un petit Calonne, un vaurien, qui voulait monter. Derrière lui, d'Aiguillon. Mais derrière celui-ci n'allait-on pas trouver les hommes du Dauphin, la Vauguyon, l'évêque de Verdun, le violent Nicolaï? Ignoraient-ils ce faux? Et le Dauphin lui-même n'en sut-il rien, du moins après ? On peut juger de ses inquiétudes, des tristesses qu'il eut. Déjà il maigrissait; son grand embonpoint disparut. Pour arracher l'affaire au Parlement, pour donner au roi le courage d'agir malgré Choiseul, il fallait un miracle. Il se fit: on put voir alors que la bonne Allemande , qui seule alors influait près du roi, avait aussi certaine audace, certaine force de caractère.
    On fit signer au roi un acte qui évoquait la chose à une commission du Grand Conseil. Les faussaires rassurés allèrent bride abattue. Le dénonciateur Calonne est fait juge, se donne carrière, bâtit un roman, un poème sur la prétendue conspiration universelle des Parlements, une révolution sur le plan du Contrat social . Tout cela ridicule, moqué et sifflé du public. On n'en jette pas moins aux cachots La Chalotais, son fils et ses amis (22 novembre 1765).
    Le Dauphin se mourait et la Dauphine était malade. Ces deux honnêtes gens, selon toute apparence, souffraient de se trouver mêlés à tout cela. Le Dauphin s'était vu dans le détroit fâcheux où il fut, vers 1750, d'immoler sa conscience d'homme à sa conscience de dévot. Il gouvernait alors ses sœurs, et, pour sauver l'Église , il leur laissa subir l'orgie de Louis XV, cette étrange cohabitation qui fit l'étonnement du monde.Et maintenant encore le salut du parti de Dieu et des honnêtes gens lui faisait employer une épouse innocente dans une affaire très-trouble qui devait fort lui répugner.
    L'avénement de la Dauphine apparaissait. À la mort du Dauphin (décembre 1762), elle eut du roi les trois promesses: d'habiter au plus près de lui ,— d'élever Louis XVI ,—de garder le droit de son rang, autrement dit d'être Régente , si le roi venait à mourir.
    Cependant la Dauphine entrait fortement dans son rôle de mère, de régente possible. Elle avait moins d'esprit que de mémoire, mais du sérieux, du travail, de la patience, une passion incroyable de suivre les idées et les plans du Dauphin. Pour cela rien ne lui coûtait. Elle se mit comme à l'école, apprenant par cœur les cahiers qu'on lui faisait d'après les papiers de son mari, cahiers d'éducation et cahiers de gouvernement. Chaque jour, dans son oratoire, elle répétait, comme un enfant, sa leçon à son confesseur.
    Elle était fort touchante. Le devoir, malgré elle, la faisait reprendre à la vie. Docile aux avis de Tronchin, elle quitta le régime du lait, se nourrit mieux, reprit un aimable embonpoint. Le roi la quittait peu. Au voyage de Compiègne (en juillet au bout de six mois de veuvage) sa toute-puissance éclata; elle tint solennellement la cour, et, ce qui étonna beaucoup dans la douce Allemande, c'est qu'elle parla haut, d'une voix forte et d'un ton de maître.
    Avec un homme tel que le roi, la grande question était de savoir où elle logerait. Et bravement elle avait demandé de loger au plus près. Le grand appartementdu nord (rez-de-chaussée) qu'avaient eu la maman Toulouse et madame de Pompadour, menait droit chez le roi par l'escalier secret. Choiseul tremblait qu'elle ne l'eût. Il le faisait dire peu solide. On traînait pour le réparer. Cela piqua le roi. Il trancha, dit qu'elle logerait chez lui.
    Madame Adélaïde y demeurait déjà. Mais le roi, sur sa tête, avait un entre-sol, bien mal famé du temps des quatre sœurs. Plus tard, il

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