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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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courir prêter main-forte à César. À
cette nouvelle, Viridonix et les chefs ses collègues formèrent le
projet de combler les fossés du camp des Romains, et de profiter du
désordre de leur départ pour les attaquer. Les Dinanais passèrent
la journée à confectionner des fascines, et, chargés de ces
fardeaux, ils arrivèrent, à minuit, jusqu’aux clôtures, où Sabinus
et ses soldats les attendaient de pied ferme. Pris en face et de
flanc, les Bretons s’embarrassèrent dans les fascines, et refusant
d’écouter leurs chefs, qui voulaient sauver le plus possible
d’entre eux, en ordonnant la retraite, ils se firent tous massacrer
par les Romains.
    Cependant César marchait contre les Vénètes,
et son armée s’avançait à la fois par mer et par terre. Les forts
des Vénètes s’élevaient sur des roches entourées par la mer quand
elle était haute, c’est-à-dire deux fois par jour. Les navires qui
eussent porté des soldats au pied des murs seraient infailliblement
devenus la proie de l’ennemi à la marée basse. Les ingénieurs
romains parvinrent à élever, des digues et des chaussées pour
donner l’assaut ; mais lorsque les Vénètes se voyaient trop
serrés sur un point, leurs vaisseaux les transportaient vers un
autre rocher, où ils se défendaient de nouveau. César essuya des
pertes assez considérables ; les vents avaient retardé ses
navires : ils n’arrivaient que les uns après les autres, et
ils se trouvèrent, pendant un certain temps, inférieurs en nombre à
ceux des Vénètes.
    Les vaisseaux des Armoricains bretons, plus
larges, construits plus savamment que ceux des Romains, tenaient
aussi bien mieux la mer, si orageuse qu’elle fût. Les proues et les
poupes étaient fort élevées au-dessus de l’eau ; des bordages
de chêne d’une épaisseur remarquable étaient attachés à leurs
flancs par d’énormes boulons de fer ; les ancres pendaient à
des chaînes en guise de câbles ; et au lieu de voiles leurs
vergues étaient garnies de peaux flexibles, bien tannées,
soigneusement corroyées, dont la force pouvait braver les tempêtes
de l’Océan. Les Bretons avaient, en outre, déjà renoncé à l’usage
des rames. La flotte romaine, plus légère, n’allait qu’à la
rame ; elle devait nécessairement se briser contre les masses
ennemies, ou sur les rochers du littoral. Les Vénètes ne doutaient
pas de la victoire ; et leur armée navale, sortant des ports
où elle était en sûreté, vint se placer devant celle des Romains.
César, ayant compris les dangers qu’entraînerait la réalisation de
son premier projet, s’était arrêté au parti d’un simple combat
naval.
    Personne, parmi les Romains, chefs ou soldats,
ne songea d’abord à la possibilité du succès. Les traits que leur
lançaient les vaisseaux bretons les frappaient de haut en bas avec
une grande force, tandis que les leurs, tirés de bas en haut, les
effleuraient à peine. Mais le vent ayant baissé, les Romains virent
que leurs ennemis ne pouvaient plus manœuvrer facilement : au
même instant, ils conçurent un merveilleux expédient. Ils
préparèrent de grandes faux, comme celles dont on usait pour
défendre les remparts, longèrent les vaisseaux ennemis et
parvinrent à couper les cordages qui servaient à la manœuvre des
voiles. Les Vénètes furent perdus, et durent en venir au combat à
l’abordage, dans lequel brillaient surtout les Romains. Le sort de
l’Armorique fut décidé en peu d’heures : un grand nombre des
vaisseaux bretons furent pris d’assaut, et tout un peuple tomba
ainsi en un seul jour : défaite d’autant plus terrible, que
les hommes jeunes aussi bien que ceux d’un âge mûr étaient accourus
de toutes parts pour défendre l’indépendance et la liberté du pays.
La plupart préférèrent la mort à l’esclavage. Les forts se
rendirent l’un après l’autre à César, qui se vengea en
barbare : il ordonna de sang-froid le massacre du sénat des
Vénètes, et fit vendre à l’encan toutes les familles de la
contrée.
    Les diverses provinces bretonnes étaient
gouvernées, sous la domination suzeraine de Rome, par des princes
qui prenaient le titre de rois ou de ducs, et qui reconnaissaient
encore la suprématie du roi de Trinovante (aujourd’hui Londres). Un
des derniers, nommé Cohel, d’abord duc de Kaereolum ou Glocester,
fut le père de sainte Hélène, la première impératrice que l’Église
ait placée au rang des saints, la mère du

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