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Histoire du Consulat et de l'Empire

Histoire du Consulat et de l'Empire

Titel: Histoire du Consulat et de l'Empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques-Olivier Boudon
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L'Empereur ne se rallie pas pleinement au projet de Talleyrand, puisque les conditions qui lui sont faites amoindrissent considérablement sa puissance. Aux termes du traité de paix de Presbourg, du 26 décembre 1805, elle perd le contrôle du nord de l'Italie et de la côte dalmate, tandis que son influence reflue en Allemagne au profit de la Bavière qui s'empare notamment du Tyrol. Ces conditions draconiennes portaient en germe la reprise du conflit entre les deux puissances. Pour l'instant, la France prit cependant soin d'assortir cette paix d'un accord avec la Prusse, signé le 15 février 1806, au terme duquel elle obtenait le Hanovre, pris à l'Angleterre, en échange du duché de Clèves. Ces remaniements devaient conduire à la réorganisation de l'Allemagne, avec la création de la Confédération du Rhin en août. Dans le même temps, les négociations se poursuivent avec l'Angleterre et la Russie. Les premiers mois de 1806 connaissent donc une grande activité diplomatique.
    La paix est brève puisque la Prusse à qui l'on avait forcé la main comprend vite qu'elle est la grande perdante de cette opération.
    Toutefois, pendant les combats de la quatrième coalition, les échanges diplomatiques ne cessent pas. La France s'emploie ainsi à empêcher l'entrée en guerre d'autres belligérants, en particulier l'Autriche. Elle prépare également les conditions de la paix future que Napoléon voudrait générale, ce qui le conduit à différer la conclusion d'un traité avec la Prusse. Finalement, la paix est signée le 7 juillet 1807 à Tilsit entre la France et la Russie, Napoléon acceptant de joindre la Prusse au règlement du conflit, aux termes d'un accord signé le 9. C'est un des moments forts de la diplomatie napoléonienne. Il a été précédé par la rencontre des deux empereurs, sur un radeau installé au milieu du Niémen. Cette rencontre, habilement mise en valeur par la propagande du régime, illustrait mieux que tout discours l'extension de la puissance française, parvenue aux marges de la Grande Russie. Les plénipotentiaires russes, les princes Kourakine et Lobanoff, obtinrent des conditions relativement favorables pour leur pays. Napoléon voulait en effet ménager 280
     

    LA FRANCE EN GUERRE
    le tsar Alexandre dont l'alliance lui était précieuse pour lutter contre l'Angleterre. La Russie s'engageait à tenter une médiation entre la France et le Royaume-Uni. La France quant à elle laissait les mains libres à la Russie dans les Balkans, de probables échanges sur le devenir de l'Empire ottoman ayant vraisemblablement émaillé ces discussions. L'Empereur compte sur les ambitions orientales de la Russie pour l'entraîner à s'opposer à l'Angleterre dans cette partie du monde. La Prusse, en revanche, est fortement réduite puisqu'elle perd à l'ouest de l'Elbe des territoires qui servent à bâtir le royaume de Westphalie ; elle perd aussi ses possessions polonaises. Enfin, la Russie comme la Prusse s'engagent à faire appliquer le Blocus continental décrété quelques mois plus tôt par Napoléon pour affamer l'Angleterre. Les traités de Tilsit ramènent la paix sur le continent, mais, une fois encore, cette paix est précaire et porte en elle les germes de la discorde. Ainsi, la création d'un grandduché de Varsovie, confié au roi de Saxe, où stationnent trente mille soldats français apparaît déjà comme une menace pesant sur les territoires polonais de la Russie.
    La paix conclue, Talleyrand quitte le ministère des Relations extérieures. Il présentera ensuite ce départ comme la conséquence de son désaccord à l'égard de la politique napoléonienne : « En 1807
    Napoléon s'était depuis longtemps déjà écarté, je le reconnais, de la voie dans laquelle j'ai tout fait pour le retenir, mais je n'avais pu, jusqu'à l'occasion qui s'offrit alors, quitter le poste que j'occupais. Il n'était pas si aisé qu'on pourrait le penser, de cesser des fonctions près de lui 9. » Le choix de Champagny pour le remplacer marque un pas supplémentair� dans la voie de l'asservissement de la diplomatie à Napoléon. A peine nommé, le nouveau ministre eut à s'occuper des affaires espagnoles. Il reconnaît lui-même la faible place qui lui fut laissée : « C'est, de tout mon ministère, l'événement auquel j 'ai pris la moindre part, c'est aussi celui sur lequel je suis le moins dans le cas de m'étendre. L'Empereur conduisait lui-même la grande opération dont il avait

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