Histoire du Consulat et de l'Empire
cette tendance, même ceux 314
L'ENRACINEMENT DE LA MONARCHIE
des royalistes restés fidèles à Louis XVIII et qui voient avec amertume les effets du mariage autrichien, à l'image du baron de Frénilly : « L'ensemble de la société changea de face. Beaucoup de gens fatigués de leur vertu se réconcilièrent avec la cour des Tuileries. Bonaparte, marié à une petite-nièce de Marie-Antoinette, appelait Louis XVI son oncle de si bonne grâce qu'il fallait une fidélité terriblement encroûtée pour résister à cette légitime à la mode de Bretagne 7. » Le désenchantement de ces royalistes est d'autant plus grand que Marie-Louise semble se plaire à la Cour, ce qui fait dire encore au baron de Frénilly : « Cette pécore se mit à danser, à rire et surtout à aimer son Gengis Khan ; on ne vit plus en elle que sa complice. » Il est vrai que Napoléon n'avait rien laissé au hasard dans cette politique de séduction des derniers royalistes. Il avait notamment composé la Maison de l'Impératrice, en y faisant entrer les plus grands noms de l'aristocratie européenne, à l'image des princesses Aldobrandini et Chigi, qui y côtoyaient ainsi des femmes de maréchaux, telles la duchesse de Montebello, veuve du maréchal Lannes, qui devint la véritable confidente de Marie
Louise, la duchesse d'Elchingen autrement dit la femme du maréchal Ney, ou encore les duchesses de Bellune et de Castiglione, épouses des maréchaux Victor et Augereau. La Maison de l'Impératrice prit du reste des proportions impressionnantes, grossissant encore en 1812, après la nomination de douze nouvelles dames d'honneur.
La vie de cour n'en est que plus fastueuse. Entre avril 1810 et le printemps de 1812, Napoléon est présent au cœur de l'Empire. Il peut jouer pleinement son rôle de souverain et associer sa femme à ce jeu de représentation si fondamental à la consolidation de la monarchie. De fait, fêtes et réceptions se succèdent au début de ce second mariage. La Cour goûte aux joies des représentations théâtrales, des bals ou des parties de cartes qui rassemblent près de cinq cents personnes le dimanche soir, massées pour voir jouer Napoléon.
L'Empereur se remet même à la danse et tente d'apprendre la valse.
Les chasses continuent aussi à réunir une assistance triée sur le volet et attentive à cette marque de faveur. Les grandes chasses se déroulent à Compiègne, Fontainebleau ou Rambouillet. La Cour napoléonienne n'hésite pas à se déplacer ; elle est, comme celle des rois de France, une Cour ambulatoire. Saint-Cloud est si proche de Paris que les séjours du couple impérial y sont fréquents. En 1810, il passe aussi quelques jours à Rambouillet, au Trianon, à Fontainebleau et surtout à Compiègne dont le château est associé à la rencontre avec Marie-Louise ; Napoléon parlera à son propos de la « maison de Marie-Louise ». Pour autant les Tuileries restent par excellence le cœur du pouvoir et le centre de l'Empire. Le palais n'a cessé d'être restauré depuis les premières années du siècle ; il est à présent devenu une vitrine parfaite de la grandeur impériale. Napoléon se sent parfois gêné par la taille des lieux et préfère se réfugier à 315
L'ÉCHEC DU SURSAUT DYNASTIQUE (1810-1815)
l'Élysée. Quel que soit le lieu de résidence de la Cour, le pouvoir politique y est exercé de la même façon. Napoléon reçoit partout ses ministres comme aux Thileries. En revanche, le Conseil d'État se contente de s.e déplacer à Saint-Goud, mais ne va pas au-delà. Le secrétaire d'Etat, Maret, s'était installé une résidence aux abords de tous les palais impériaux pour pourvoir à l'accroissement des correspondances que ces séjours hors de Paris provoquèrent immanquablement. Quant aux représentants étrangers, ils sont particulièrement choyés, notamment ceux venus assister au mariage impérial. La France veut impressionner l'Europe par les fastes et la magnificence de sa Cour.
Napoléon se doit aussi à son peuple. Il profite donc du relatif repos des armes pour visiter quelques régions de son Empire. À
partir de 1810, il se tourne vers le Nord et la Normandie. La Belgique et ta Hollande obtiennent les faveurs particulières de l'Empereur. A peine remarié, il prend la route de la Belgique, accompagné de Marie-Louise. C'est le premier voyage officiel du couple impérial. La destination n'a pas été choisie au hasard.
Napoléon veut montrer sa femme aux
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