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Jacques Cartier

Jacques Cartier

Titel: Jacques Cartier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Henri-Emile Chevalier
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Saint-Malo. Il voulut interroger Maharite. L'on n'avait rien à refuser à l'un des favoris du roi de France. Cartier fut conduit dans la geôle de l'évêché, où était enfermée Maharite. Il questionna la misérable créature, destinée au bûcher, mais n'en put guère tirer autre chose que ce qu'il tenait déjà d'Étienne.
    Il apprit seulement que Constance s'était réfugiée chez la sorcière, avec une assez forte somme en or ; qu'elle avait prié Maharite de lui acheter des vêtements d'homme, de la faire passer pour son fils et de l'engager comme page [L'on sait que ce grade correspondait à celui de novice sur les navires du commerce.] sur le premier navire qui appareillerait pour la terre neuve. Ce plan avait réussi au gré de Constance. Elle était montée, le 18 août, jour de l'Assomption, sur un vaisseau du nom duquel Maharite ne se souvenait plus.
Quoiqu'il fût tard déjà, Cartier courut à la salle Saint-Jean. C'était alors le Lloyd de Saint-Malo. Il consulta le livre où était enregistré le mouvement du port en 1836. Une seule nef avait quitté la rade pour Terreneuve, le 18 août de cette année-là. Elle s'appelait le Saint-Vincent. Cartier chercha l'époque de la rentrée de ce navire. Mais une note à la marge du livre, comme un nuage sur un rayon de soleil, assombrit la joie qui luisait en son coeur. Dans cette note il était dit que le Saint-Vincent, après avoir touché dans diverses baies de Terreneuve, s'était échoué en vue du détroit de Belle-Isle. Les sauvages de la côte avaient pillé l'épave et sans doute massacré l'équipage. Témoin de l'événement, mais n'y pouvant porter remède, à cause d'une violente tempête, le Lion, bateau pêcheur de Honfleur, l'avait consigné sur son journal de bord.
Pour douloureusement désappointé qu'il fût, Cartier ne perdit pas tout espoir. Il se dit qu'il irait à Honfleur, interroger le patron du Lion, et il se transporta à l'hôtellerie A Monsieur Saint Anthoine.
Le pilote du Saint-Aaron y faisait une partie de dés, en buvant un pichet de cidre.
    Il confirma la nouvelle donnée par Étienne, ajouta que l'Aleth ne tarderait pas, suivant toutes probabilités, à jeter l'ancre dans le port de Saint-Malo ; mais il ne savait quoi que ce fût sur le compte de Jean Morbihan. Il n'aurait même pu affirmer que c'était de lui qu'avait parlé le sauvage. Seulement il avait cru le reconnaître, parce que ce sauvage le nommait Terriben, sobriquet que les mariniers de Saint-Malo avaient donné au vieux timonier, d'après son juron de prédilection.
Cartier rentra soucieux à la maison de campagne. Il cacha à sa femme une partie de la vérité, et il lui dit que Constance s'était en effet embarquée sur le Saint-Vincent et qu'elle avait dû prendre terre dans une île habitée du golfe Saint-Laurent : il termina par ces mots :
—Je vais retourner à Paris, faire de nouvelles instances auprès du roi. Dès qu'il m'aura octroyé une autorisation, je me rendrai dans le golfe, où je chercherai la trace de la pauvre enfant. Si on me refuse cette autorisation, je partirai sur le premier navire venu.
—Puissiez-vous retrouver notre Constance ! s'écria Catherine en répandant un torrent de larmes.
—Me permettrez-vous, mon oncle, de reprendre l'accoutrement de marinier ? s'enquit Étienne Noël, avec vivacité.
—Volontiers, beau neveu ; mais que diront tes supérieurs ecclésiastiques ?
—Oh ! ils savent bien que le désespoir seul...
—Soit, interrompit Cartier. Obtiens leur consentement et tu peux être assuré que le mien ne te fera pas défaut. Presse-toi... après-demain tu m'accompagneras à Rouen, où j'ai quelques affaires.
—Merci, ô mon excellent oncle ! répondit le jeune homme enchanté, car il avait deviné la nature de ces affaires, dont le capitaine ne voulait pas causer devant sa femme.
    Cartier effectua heureusement ce voyage. Mais ce fut sans résultat. Il ne recueillit aucun renseignement sur le sort de Constance. De Rouen, notre capitaine alla à Compiègne, où le roi se reposait de la guerre, en faisant exécuter de belles et utiles ordonnances, promulguées en 1538, «touchant l'abréviation, des procès, pour le soulagement de ses sujets foulés par la chicane des procureurs et ministres de justice.»
A cette époque, s'instruisait le procès de Philippe de Chabot.
Jacques Cartier eut néanmoins un facile accès auprès de François Ier, et il obtint du monarque la promesse que bientôt une nouvelle

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