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Jacques Cartier

Jacques Cartier

Titel: Jacques Cartier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Henri-Emile Chevalier
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un poteau. Quoique criblé de blessures, environné de flammes, le malheureux dévisageait fièrement ses bourreaux. Il semblait défier leur férocité.
—Terr i bon ! mais c'est Philippe ! s'écria Jean Morbihan en l'apercevant.
Et, se jetant sur le bûcher,—des pieds, des mains, sans crainte de se brûler—il en écarta violemment les tisons embrasés.
Les sauvages avaient pris la fuite.
On détacha le supplicié. On le coucha sur un brancard fabriqué à la hâte. Il fit signe qu'il voulait parler à Jacques Cartier.
Celui-ci examinait attentivement une sorte d'écusson tatoué sous le sein gauche de Philippe et figurant comme «quatre poissons de sable, cantonnés et regardant les quatre angles de l'aire, au monceau de gravier en coeur.»
    —Pardonnez-moi, monsieur, le mal que j'ai voulu vous faire, car je vais mourir, lui dit cet homme.
—Non, vous ne mourrez pas, s'écria Cartier, ému jusqu'aux larmes. Vous avez été coupable,—mais Dieu aura pitié de vous. Vous guérirez...
—Mes blessures sont mortelles, je le sens. Je n'ai que peu de temps à vivre ; recevez ma confession, monsieur :
D'un geste, maître Jacques ordonna à ses gens de se retirer. Le blessé reprit :
—Monsieur, je suis né à Dieppe, mais je n'ai connu ni mon père ni ma mère. Mon nom véritable est Olivier Dubreuil...
—Je le savais, dit Cartier.
—Comment ! vous le saviez ?
—Oui, j'ai assisté votre père à ses derniers moments.
—Que dites-vous, monsieur ?... Mais non, ne me répondez pas... ne m'interrompez plus... car mes forces faiblissent... Élevé chez mon grand-père paternel, j'y demeurai jusqu'à l'âge de dix ans... Il mourut... Un ami de la maison m'emmena en Écosse... Mais lui aussi expira peu d'années après m'avoir recueilli... j'étais seul au monde... Je m'affiliai aune bande de soudards qui ravageait la Bretagne... Mon audace et mon habileté y furent remarquées... Notre capitaine ayant été tué dans une expédition, je fus unanimement élu à sa place... Alors, monsieur, je vins à Saint-Malo... j'achetai une maison, y perçai un souterrain qui communiquait avec le port et je pus en sécurité, pour moi et les miens, exercer mes forfaits... J'avais acquis un vieux manoir en Écosse... mon intention était de m'y retirer après avoir enlevé votre fille, monsieur...
—Constance !... votre soeur, malheureux ! ne put s'empêcher de dire Cartier.
    —Ma soeur ! proféra le blessé dans un cri terrible.
Et sa tête, qui s'était soulevée, retomba lourdement sur le sol. Il était mort.
Son corps fut rapporté au cap Rouge, pour y être inhumé.
Jacques Cartier apprit depuis qu'Olivier Dubreuil, attaqué par les Trudamans, à l'instant où il venait d'attenter aux jours de Jean, avait été traîné par eux en captivité. Il sut plaire à ces sauvages, devint un de leurs agouhanna et les commanda jusqu'au jour où il tomba entre les mains des Canadians, qui lui firent cruellement expier ses crimes.
L'hiver fut très-rude. Le scorbut décima de nouveau les équipages de Jacques Cartier. Le brave navigateur n'avait reçu aucune nouvelle de Roberval. Les sauvages harcelaient ses pauvres colons. Ceux-ci se révoltèrent contre leur chef. Il se vit forcé de les rembarquer au commencement du printemps. En abordant dans la baie Saint-Jean à Terreneuve, il y trouva Roberval arrivé avec trois navires et deux cents passagers [Cartier lui montra quelques grains d'or et des diamants qu'il avait trouvés aux environs de Stadacone. L'or était de bon aloi, mais les diamants étaient faux. Néanmoins, le lieu où ils furent découverts a pris depuis le nom de cap Diamant. C'est sur ce cap que s'élève la formidable citadelle de Québec, à trois cent cinquante pieds au-dessus du niveau du Saint-Laurent.]. Mais il y trouva aussi, et ce fut un rayon de miel pour son coeur ulcéré, Constance sur le point d'aller le rejoindre par les vaisseaux du vice-roi.
L'histoire de la jeune fille était singulière.
    Arrachée au naufrage du Saint-Vincent par les Boethics, elle avait dû de n'être pas égorgée par ces insulaires à la marque qu'elle portait sur la poitrine et qui était le novake [Voir la Fille des Indiens Rouges.] ou blason de la tribu. Du reste, le souvenir de sa mère et de son père était encore présent à leur mémoire. Constance s'instruisit bien vite dans leur langage ; ils lui conférèrent une part d'autorité sur eux.
Au retour d'une expédition contre les Esquimaux, on avait conté à

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