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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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    – Souvenez-vous de Montfaucon et de son charnier !
    – Le chevalier de Ragastens ! s’écria Manfred dans une explosion de joie. Enfin, je vous vois, monsieur ! Enfin, je puis vous remercier !
    Et il tendit les deux mains à Ragastens qui les serra avec une indicible émotion.
    Mille pensées se pressaient dans la tête du chevalier.
    Mille paroles voulaient sortir à la fois.
    Il voulait lui parler de Béatrix, de Gillette, de lui-même, de l’Italie, lui poser les questions qu’il brûlait de lui adresser.
    Mais il fallait avant tout sauver la situation.
    – Monsieur, dit-il, avant toutes choses, faites changer à l’instant même toutes vos sentinelles.
    – Pourquoi cela ?
    – Si j’ai pu passer sans la moindre difficulté, c’est que d’autres pourront passer aussi…
    – Vous avez raison. Nous sommes trahis !
    Il dit quelques mots à Lanthenay qui s’élança aussitôt.
    Cependant, cet incident avait provoqué une vive curiosité parmi les truands qui, d’abord tout prêts à se ruer sur les deux étrangers, se rassurèrent en voyant l’attitude de Manfred.
    Tricot, assis au milieu de l’échafaud, ne pouvait voir le chevalier.
    Et, tandis que Ragastens et Manfred échangeaient avec vivacité quelques paroles, le roi d’Argot recommençait à parler pour convaincre les truands.
    – C’est notre frère Manfred qui se trompe, dit-il : je sais positivement que le grand prévôt n’a aucune intention mauvaise contre nous…
    – C’est donc lui-même qui te l’a dit ! s’écria Manfred.
    En même temps, il escalada l’échafaud et se dressa près de Tricot.
    Celui-ci avait eu un frémissement de fureur.
    – Tu insultes le roi d’Argot ! dit-il ; tu vas être jugé à l’instant.
    Un silence glacial tomba sur le groupe des truands.
    – C’est toi qui va être jugé ! riposta Manfred. Frères, j’accuse Tricot de trahison. Je l’accuse de s’être vendu au grand prévôt. Je l’accuse d’être d’accord avec ceux qui veulent notre destruction…
    – C’est faux, hurla Tricot.
    – Le jugement ! le jugement ! vociféra la foule.
    – Il faut qu’il s’explique.
    – Si Manfred a menti, il mourra !
    En quelques secondes, la scène que nous venons de décrire avait changé d’aspect.
    La justice des truands était expéditive. Il n’y avait point parmi eux de juge instructeur ni de tribunal régulier. Mais le dernier des piètres pouvait porter une accusation contre le plus redouté des massiers ou des suppôts, le massier ou le suppôt, le duc d’Egypte lui-même, et le roi d’Argot était tenu de s’expliquer séance tenante devant le tribunal.
    Or, non loin de l’échafaud qui avait servi de trône à Tricot – trône sinistre et que par dérision philosophique on avait fait semblable aux échafauds des condamnés à mort, – non loin de ce trône, donc, s’élevait une potence.
    Elle se composait d’une poutre grossière plantée en terre.
    Au sommet, une autre poutre transversale était clouée.
    Cela formait un L renversé.
    Du bout du petit jambage de l’L, descendait une corde qui se terminait par un nœud coulant.
    Juste au-dessous du nœud coulant, il y avait un escabeau à trois pieds.
    Cette potence et ce trône étaient là l’un près de l’autre, en permanence. On se contentait seulement de renouveler la corde, de temps à autre.
    Lorsque le tribunal avait condamné à mort un truand, un associé coupable de quelque méfait contre la confrérie, on le faisait monter sur l’escabeau, on lui passait le nœud autour du cou.
    Puis l’un des assistants donnait un coup de pied dans l’escabeau qui se renversait, et le patient tombant dans le vide se trouvait pendu dans toutes les règles de l’art et selon les formules de la justice la plus expéditive.
    En quelques secondes, disons-nous, la foule qui d’abord avait entouré le trône de Tricot entoura la potence.
    Tricot vint de lui-même se placer devant ses juges.
    Manfred, en sa qualité d’accusateur, se plaça près de Tricot.
    A ce moment, onze heures sonnèrent à Saint-Eustache.
    Tricot tressaillit.
    – Que je gagne seulement une demi-heure, pensa-t-il, et que je puisse donner le signal, je suis sauvé.
    Il jeta les yeux autour de lui.
    Près de la potence, des arquebuses toutes chargées avaient été déposées pour servir en cas d’attaque.
    Tricot les vit et eut un sourire.
    On se rappelle qu’il devait tirer trois coups d’arquebuse pour dire

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