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La dame de Montsalvy

La dame de Montsalvy

Titel: La dame de Montsalvy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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à se demander si un mariage ne serait pas possible entre ces deux-là, ce qui représenterait pour tout le monde la meilleure solution.
    Le jour de l'exécution, la jeune femme s'était rendue hors de la ville dans l'une des métairies appartenant à son oncle pour y régler un différend. Cela lui avait permis de constater que les affaires Gautherin n'avaient pas souffert du passage d'Amandine La Verne car, souhaitant en devenir seule maîtresse, l'aventurière les avait menées avec habileté. La fortune du maître-drapier sortait intacte de l'aventure.
    Aussi, en rentrant de son expédition, Catherine avait-elle décidé d'en finir avec l'avenir de son oncle et de régler la question le soir même avec lui, Bertille et Symonne. A cause de Mathieu elle avait prolongé plus qu'elle ne le souhaitait son séjour à Dijon et elle était un peu lasse d'avoir à s'occuper de tant de gens alors que ses propres affaires étaient en si mauvais état. Lorsqu'elle avait quitté Châteauvillain, Arnaud n'avait que peu d'avance sur elle et si elle n'avait eu à voler au secours du roi captif, s'il ne lui avait fallu arracher son oncle à la mort et le remettre sur le bon chemin menant à une paisible vieillesse, elle aurait pu, elle en était certaine, rattraper son époux, avoir avec lui une nouvelle explication, même violente mais en finir avec les malentendus, les jalousies, les rancœurs.

    Elle se sentait assez forte pour lui ouvrir les yeux et l'arracher au mirage trompeur de la fausse Jehanne d'Arc car, ayant vécu plusieurs jours dans l'intimité de la Pucelle, elle possédait les moyens de dissiper toute équivoque et d'obliger l'aventurière à lever le masque. À
    cette heure, tout serait peut-être rentré dans l'ordre et peut-être cheminerait-elle auprès de son époux retrouvé avec la hâte de tendres parents avides de passer les fêtes de Noël avec leurs enfants... Mais Dieu seul savait où se trouvait Arnaud à cette minute ! Dieu... ou peut-être bien le Diable.
    Lorsqu'elle pensait à son époux, Catherine démêlait mal ses sentiments profonds. Certes, elle l'aimait toujours car son amour était de ceux qui ne passent qu'avec la vie mais son sentiment n'avait plus la pureté intransigeante des premières années. La jalousie, la révolte en face de la cruauté d'Arnaud, la rancune pour son manque de confiance s'y mêlaient à la pitié que peut ressentir une mère pour son enfant malheureux. Arnaud avait échappé à la mort mais dans quel état ses terribles blessures avaient-elles laissé son corps... et son âme ?
    C'était cela surtout que Catherine avait hâte de constater, c'était cela qu'elle voulait aller chercher en Lorraine.
    Or, dans quelques jours, Symonne Morel allait quitter Dijon avec ses enfants et une partie de sa maisonnée pour rejoindre à Lille la duchesse Isabelle et son époux qui réclamaient sa présence pour les fêtes de la Noël. Catherine comptait faire une partie du chemin avec elle afin de profiter de son escorte jusqu'aux marches de Lorraine. Il fallait donc en finir au plus tôt avec les soucis que lui causait son oncle.
    — Ce .soir même, je parlerai à Symonne ! se promit-elle.
    En mettant pied à terre devant la belle arche de pierre « en accolade
    » qui marquait l'entrée de la maison, elle vit justement Bertille debout sur le seuil. Protégée par une grande mante noire de l'aigre courant d'air qui remontait la rue, la gouvernante de Symonne semblait attendre quelque chose et fouillait des yeux les ombres grandissantes du soir. Elle devait être là depuis un moment car son nez était tout rouge et elle frottait ses mains l'une contre l'autre pour les réchauffer.
    Laissant sa mule au valet qui l'avait escortée, Catherine s'avança vers elle.
    — Que guettez-vous là, dame Bertille ? J'espère que ce n'est pas de moi que vous êtes en peine ?

    — Non, madame la comtesse, ce n'est pas de vous encore que je sois heureuse de vous voir de retour, mais c'est de vos deux garçons, l'écuyer et le page ! On ne les a pas revus de toute la journée, pas même pour le repas de midi auquel cependant ils tiennent fort l'un et l'autre.
    — Ils ne sont pas encore rentrés ? Mais est-ce que cette exécution à laquelle ils ont voulu se rendre n'avait pas lieu ce matin d'assez bonne heure ?
    — Naturellement ! Bien avant l'heure de prime1 maître Signart avait écumé son pot-au-feu et ces affreux mécréants avaient fait leur entrée chez leur maître Lucifer. Mais moi

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