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La Guerre des Gaules

Titel: La Guerre des Gaules Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules César
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matelots et des pilotes. On y pourvoit avec promptitude, et lui-même, dès que la saison le lui permit, se rend à l'armée. Les Vénètes, ainsi que les autres peuples, quand ils apprennent l'arrivée de César, comme d'ailleurs ils se rendaient compte de la gravité de leur crime, – n'avaient-ils pas retenu et chargé de fers des ambassadeurs, titre que toutes les nations ont toujours regardé comme sacré et inviolable ? – font des préparatifs de guerre proportionnés à un si grand péril, et pourvoient principalement à l'équipement de leurs navires ; leurs espoirs étaient d'autant plus forts que la nature du pays leur inspirait beaucoup de confiance. Ils savaient que les chemins de terre étaient coupés à marée haute par des baies, que l'ignorance des lieux et le petit nombre des ports nous rendaient la navigation difficile, et ils pensaient que nos armées, à cause du manque de blé, ne pourraient pas demeurer longtemps chez eux ; à supposer d'ailleurs que tout trompât leur attente, ils n'ignoraient pas la supériorité de leur marine, ils se rendaient compte que les Romains manquaient de vaisseaux, que dans le pays où ils devaient faire la guerre rades, ports, îles leur étaient inconnus, enfin que c'était tout autre chose de naviguer sur une mer fermée ou sur l'Océan immense et sans limites. Leurs résolutions prises, ils fortifient les villes, y entassent les moissons, assemblent en Vénétie, où chacun pensait que César ouvrirait les hostilités, une flotte aussi nombreuse que possible. Ils s'assurent pour cette guerre l'alliance des Osismes, des Lexovii, des Namnètes, des Ambiliates, des Morins, des Diablintes, des Ménapes ; ils demandent du secours à la Bretagne, qui est située en face de ces contrées.
    10. On vient de voir quelles étaient les difficultés de cette guerre ; et cependant plusieurs raisons poussaient César à l'entreprendre : des chevaliers romains retenus au mépris du droit, une révolte après soumission, la trahison quand on avait livré des otages, tant de cités coalisées, et surtout la crainte que s'il négligeait de punir ces peuples les autres ne se crussent autorisés à agir comme eux. Aussi, sachant que les Gaulois en général aiment le changement et sont prompts à partir en guerre, que d'ailleurs tous les hommes ont naturellement au cœur l'amour de la liberté et la haine de la servitude, il pensa qu'il lui fallait, avant que la coalition se fît plus nombreuse, diviser son armée et la répartir sur une plus vaste étendue.
    11. En conséquence, il envoie son légat Titus Labiénus avec de la cavalerie chez les Trévires, peuple voisin du Rhin. Il lui donne mission d'entrer en contact avec les Rèmes et les autres Belges et de les maintenir dans le devoir, de barrer la route aux Germains, que, disait-on, les Gaulois avaient appelés à leur aide, s'ils essaient de forcer avec leurs bateaux le passage du fleuve. Publius Crassus reçoit l'ordre de partir pour l'Aquitaine avec douze cohortes légionnaires et une importante cavalerie, afin d'empêcher que les peuples de ce pays n'envoient des secours aux Gaulois et que deux si grandes nations ne s'unissent. Le légat Quintus Titurius Sabinus est envoyé avec trois légions chez les Unelles, les Coriosolites et les Lexovii, avec charge de tenir leurs troupes en respect. Il donne au jeune Décimus Brutus le commandement de la flotte et des vaisseaux gaulois qu'il avait fait fournir par les Pictons et les Santons et par les autres régions pacifiées, avec l'ordre de partir le plus tôt possible chez les Vénètes. Lui-même se dirige de ce côté avec l'infanterie.
    12. Les places de la région étaient en général situées à l'extrémité de langues de terre et de promontoires, en sorte qu'on n'y pouvait accéder à pied, quand la mer était haute – ce qui se produit régulièrement toutes les douze heures – et qu'elles n'étaient pas plus accessibles aux navires, car, à marée basse, ils se seraient échoués sur les bas-fonds. C'était là un double obstacle aux sièges. Et si jamais, grâce à d'énormes travaux, en contenant la mer par des terrassements et des digues et en élevant ces ouvrages à la hauteur des remparts, on amenait les assiégés à se croire perdus, ils poussaient au rivage une nombreuse flotte – ils avaient des navires en abondance –, y transportaient tout leurs biens et se retiraient dans les villes voisines là, ils retrouvaient les mêmes moyens naturels

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