Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La jeune fille à la perle

La jeune fille à la perle

Titel: La jeune fille à la perle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Tracy Chevalier
Vom Netzwerk:
tandis
que Maertge donnait un coup de main à Aleydis et que Lisbeth, elle, se
débrouillait seule. Tanneke n’était pas de bonne humeur. Elle chercha à attirer
mon attention mais feignit de ne pas me voir quand j’essayai de lui parler. À
la fin, je me campai devant elle, lui imposant ma présence. « Tanneke, je
vais aller au marché aux poissons, qu’aimeriez-vous que je rapporte
aujourd’hui ?
    — Pourquoi y vas-tu si
tôt ? Nous y allons toujours plus tard. » Tanneke s’entêtait à ne pas
me regarder. Elle nouait des rubans blancs dans les cheveux de Cornelia, les
parant ainsi d’une étoile à cinq branches. « J’ai le temps, l’eau est en
train de chauffer, aussi avais-je pensé m’y rendre maintenant »,
répondis-je. Je n’ajoutai pas que les meilleurs morceaux partaient vite et tôt,
même si le boucher ou le poissonnier avaient promis d’en mettre de côté pour la
famille. Elle devait savoir ça. « Qu’aimeriez-vous que je rapporte ?
    — Pas envie de poisson
aujourd’hui. Va donc acheter un rôti de mouton chez le boucher. » À peine
Tanneke eut-elle achevé de nouer les rubans, que Cornelia se redressa d’un
bond, me bousculant pour passer. Tanneke se détourna, elle ouvrit un coffre,
elle cherchait quelque chose. J’observai son dos large, moulé dans sa robe
gris-brun.
    Elle était jalouse de moi.
J’avais fait le ménage de l’atelier, pièce où elle n’était pas admise, où
personne, en dehors de Maria Thins et moi, ne pouvait pénétrer.
    Tanneke se redressa, un bonnet
à la main, et me dit : « Le maître a fait une fois mon portrait, tu
sais. Il m’a représentée en train de verser du lait. Tout le monde a dit que
c’était son plus beau tableau.
    — J’aimerais le voir,
répondis-je. Est-il encore ici ?
    — Oh ! non, Van
Ruijven l’a acheté. »
    Je réfléchis un instant.
« Ainsi donc, repris-je, l’un des hommes les plus riches de Delft prend
chaque jour plaisir à vous contempler. »
    Tanneke eut un grand sourire et
son visage grêlé par la variole parut encore plus large. Ces quelques mots bien
choisis eurent tôt fait de changer son humeur. C’était tout simplement à moi de
savoir trouver les mots…
    Je me hâtai de partir avant que
son humeur ne s’aigrît à nouveau. « Puis-je venir avec vous ? me
demanda Maertge.
    — Et moi ? ajouta
Lisbeth.
    — Pas aujourd’hui,
répondis-je avec fermeté. Vous commencerez par déjeuner puis vous aiderez Tanneke. »
Je ne voulais pas que cela devienne pour elles une habitude de m’accompagner,
je voulais que cela récompense leur obéissance.
    J’éprouvais aussi le besoin de
marcher dans des rues familières sans avoir à mes côtés un constant et volubile
rappel de ma nouvelle vie. En arrivant sur la place du Marché, après avoir
laissé derrière moi le Coin des papistes, je poussai un soupir de soulagement.
Je ne m’étais pas rendu compte de la façon dont je me tenais sur mes gardes dès
que j’étais avec la famille.
    Avant d’aller trouver Pieter,
je m’arrêtai chez le boucher que je connaissais, il m’accueillit avec un grand
sourire. « Tiens, on daigne enfin me dire bonjour ! Alors, dis-moi,
hier, tu étais trop grande dame pour pratiquer les gens de mon espèce ? »
me lança-t-il, taquin.
    Je commençai à expliquer ma
nouvelle situation, mais il m’interrompit. « J’ai appris ça, bien sûr.
Tout le monde en parle. Jan, la fille du faïencier, est allée travailler chez
le peintre Vermeer ! Et puis, je m’aperçois qu’au bout d’une journée elle
est trop fière pour parler à ses vieux amis !
    — Il n’y a rien de bien
glorieux à se retrouver servante. Mon père en a honte.
    — Ton père n’a tout
simplement pas eu de chance. Personne ne lui reproche quoi que ce soit. Tu n’as
pas à avoir honte, ma chère enfant. Sauf, bien sûr, de ne plus acheter ta
viande chez moi !
    — Je crains de ne plus
guère avoir le choix. C’est à ma maîtresse de décider.
    — Oh ! c’est
évident ! Si je comprends bien le fait que tu sois cliente de Pieter n’a
rien à voir avec son beau gaillard de fils ? »
    Je fronçai les sourcils.
« Je n’ai jamais rencontré son fils. »
    Le boucher partit d’un éclat de
rire. « Tu le rencontreras, tu le rencontreras. Allons, je te laisse.
Quand tu verras ta mère, dis-lui de venir me dire bonjour. Je vais mettre
quelque chose de côté pour elle. »
    Je le remerciai et longeai les
étals

Weitere Kostenlose Bücher