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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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clan de Chattan est Ferquhard Day. Son père a tué le mien, et le sang fume encore entre nous. Je regardais le dimanche des Rameaux comme le jour qui devait en effacer les traces… Mais fais bien attention ! Tu aurais cru que le sang de ce Ferquhard Day ne se serait pas mêlé avec le mien, si on avait versé l’un et l’autre dans le même vase, et cependant il a jeté ses yeux épris sur ma fille unique, sur Eva, la plus belle de nos filles. Imagine-toi ce que j’éprouvai en apprenant cette nouvelle. Ce fut comme si un loup des forêts du Ferragon m’avait dit : Donne-moi ta fille en mariage, Torquil. Eva ne pense pas de même ; elle aime Ferquhard, elle passe les jours à pleurer, et la crainte du combat qui va avoir lieu lui fait perdre ses forces et ses couleurs : qu’elle lui dise un mot favorable, et je sais parfaitement qu’il renoncera à ses pareils, à son clan et au champ de bataille, et qu’il s’enfuira avec elle dans le désert.
    – Et le plus jeune des champions du clan de Chattan s’absentant du combat, je puis, comme étant le plus jeune de ceux du clan de Quhele, être dispensé d’y prendre part, dit Eachin en rougissant du moyen honteux de sûreté qui lui était offert.
    – Vois, mon chef, dit Torquil, et juge de mes sentimens pour toi… D’autres peuvent t’immoler leur vie et celle de leurs enfans : moi je te sacrifie l’honneur de ma famille.
    – Mon ami ! mon père ! s’écria Eachin en serrant Torquil entre ses bras, quel vil misérable je dois être, puisque j’ai l’âme assez lâche pour accepter un tel sacrifice !
    – N’en parlons pas ! dit Torquil ; les bois ont des oreilles… Retournons au camp, et nous enverrons chercher cette venaison… En arrière ! Ici ! s’écria-t-il en s’adressant à ses chiens.
    Heureusement pour Simon, le limier s’était frotté le nez dans le sang de la biche, sans quoi il aurait pu découvrir la retraite du gantier dans le buisson. Mais ayant perdu ainsi une partie de la finesse de son odorat, il suivit tranquillement les deux chasseurs avec les autres chiens.
    Quand le gantier ne put ni les voir ni les entendre, il releva fort satisfait de leur départ, et il se mit en marche dans une direction opposée, aussi vite que son âge le lui permettait. Sa première réflexion eut pour objet la fidélité du père nourricier.
    – Le cœur de ces montagnards sauvages est fidèle et loyal, pensa-t-il. Cet homme ressemble plus aux géans des romans qu’à un être pétri de la même argile que nous ; et cependant des chrétiens pourraient recevoir de lui une leçon de fidélité. Son expédient annonce pourtant bien de la simplicité : faire disparaître un homme du rôle des ennemis ! comme s’il ne se trouverait pas une vingtaine de ces chats sauvages disposés à prendre sa place.
    C’était ainsi que raisonnait notre gantier ; mais il ne savait pas qu’on avait publié les proclamations les plus strictes pour défendre à tout individu des deux clans, à leurs parens, à leurs alliés, à leurs serviteurs, d’approcher de quinze milles de Perth pendant les huit jours qui précéderaient et qui suivraient le combat, et qu’un corps de troupes devait veiller à l’exécution de cet ordre.
    En arrivant chez Booshalloch, notre ami Simon trouva d’autres nouvelles qui l’y attendaient. Elles étaient apportées par le père Clément, qui vint en manteau de pèlerin ou dalmatique, prêt à retourner vers le sud et désirant faire ses adieux à son compagnon d’exil, ou le prendre pour compagnon de voyage.
    – Mais, demanda Glover, quel motif vous détermine si soudainement à retourner dans un lieu où vous serez en péril ?
    – N’avez-vous pas appris, répondit le père Clément, que le comte de March et les Anglais ses alliés ayant fait retraite en Angleterre devant Douglas, ce bon comte s’est occupé à remédier aux maux de l’état, et a écrit à la cour pour demander qu’on révoquât l’ordre donné à la Haute Cour de Commission d’informer contre l’hérésie, comme n’étant propre qu’à troubler les consciences ; qu’on soumit au parlement la nomination de Robert de Wardlaw à l’évêché de Saint-André, et qu’on prit quelques autres mesures agréables aux communes. La plupart des nobles qui sont avec le roi à Perth, et entre autres sir Patrice Charteris votre digne prévôt, ont appuyé les demandes de Douglas, et le duc d’Albany, soit de bonne volonté, soit par

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