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La Loi des mâles

La Loi des mâles

Titel: La Loi des mâles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Druon
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« notaires ».
    La ville était administrée par la
« commune », constituée des bourgeois commerçants qui nommaient,
chaque 21 décembre, douze consuls, toujours notables et choisis parmi les
familles riches ; ce corps consulaire s’appelait le
« syndical ».
    L’une des plus anciennes familles
consulaires était celle des Varay, drapiers et changeurs. Trente et un de ses
membres portèrent le titre de consul ; certains furent souvent réélus, et
l’un d’eux jusqu’à dix fois. On comptait huit Varay parmi les cinquante
citoyens que les Lyonnais se donnèrent pour chefs, en 1285, afin de mener la
lutte contre l’archevêque et d’obtenir l’annexion à la France.
    [6] L’Église romaine n’a jamais, comme ses adversaires l’ont souvent
prétendu, vendu d’absolution. Mais elle a, ce qui est tout différent, fait
payer aux coupables le prix des bulles qui leur étaient délivrées pour attester
qu’ils avaient reçu l’absolution de leur faute.
    Ces bulles étaient nécessaires
lorsque, le délit ou le crime ayant été publics, il fallait fournir preuve
d’avoir été absous pour être de nouveau admis aux sacrements.
    Le même principe était appliqué en
droit civil pour les lettres de grâce et de rémission accordées par le roi et
dont l’inscription aux registres donnait lieu à la perception d’une taxe. La
coutume en remontait aux Francs, avant même leur conversion au christianisme.
    Jacques Duèze (Jean XXII), par
son livre des taxes et par l’institution de la Sainte Pénitencerie, devait
codifier et généraliser cet usage pour l’Église, dont il restaura de la sorte
les finances.
    Les membres du clergé n’étaient pas
seuls astreints à ces bulles ; des taxes étaient également prévues pour
les laïcs. Les tarifs étaient calculés en « gros », monnaie qui
valait environ six livres.
    Ainsi le parricide, le fratricide ou
le meurtre d’un parent, entre laïcs, étaient taxés entre cinq et sept gros, de
même que l’inceste, le viol d’une vierge, ou le vol d’objets sacrés. Le mari
qui avait battu sa femme ou l’avait fait avorter était astreint à verser six
gros, et sept si l’épouse avait eu les cheveux arrachés. La plus forte amende,
soit vingt-sept gros, frappait la falsification des lettres apostoliques,
c’est-à-dire de la signature du pape.
    Les taux montèrent avec le temps,
parallèlement à la dévaluation de la monnaie.
    Mais encore une fois, il ne
s’agissait pas de l’achat de l’absolution ; il s’agissait d’un droit
d’enregistrement pour la fourniture de preuves authentiques.
    Les innombrables pamphlets consacrés
à cette question et qui circulèrent à partir de la Réforme, pour discréditer
l’Église romaine, se sont tous appuyés sur cette confusion volontaire.
    [7] Les Frères Prêcheurs, ou Dominicains, étaient également
appelés Jacobins, à cause de l’église Saint-Jacques qu’on leur avait
donnée, à Paris, et autour de laquelle ils avaient installé leur communauté.
    Le couvent de Lyon où se tint le
conclave de 1316 avait été édifié en 1236 sur des terrains situés derrière la
maison des Templiers. L’ensemble du monastère s’étendait de l’actuelle place
des Jacobins jusqu’à la place Bellecour.
    [8] On oublie généralement le caractère primitivement électif de la
monarchie capétienne qui précéda son caractère héréditaire, ou tout au moins
coexista avec lui.
    À la mort accidentelle du dernier
carolingien, Louis V le Fainéant, disparu à vingt ans après un règne de
quelques mois, Hugues Capet, duc de France et fils de Hugues le Grand, fut
désigné par élection.
    Hugues Capet associa immédiatement
au trône son fils Robert II en le faisant élire comme successeur et sacrer
dans l’année même de son propre sacre. Il en fut ainsi pendant les règnes
suivants. Aussitôt le fils aîné du roi désigné comme héritier présomptif, les
pairs avaient à ratifier ce choix, et le nouvel élu était sacré du vivant de
son père.
    Ce fut Philippe Auguste qui le
premier renonça à la tradition de l’élection préalable. Il montrait peu
d’estime pour les aptitudes de son fils, et sans doute n’était-il guère
désireux de l’associer au gouvernement. Louis VIII recueillit la couronne
de France à la mort de Philippe Auguste, le 14 juillet 1223, exactement comme
il eût recueilli l’héritage d’un fief. Ce fut ce 14 juillet-là que la monarchie
française devint

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