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La Loi des mâles

La Loi des mâles

Titel: La Loi des mâles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Druon
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véritablement héréditaire.
    [9] Les généalogies donnent souvent le prénom de Louis au fils de
Philippe V, né en juillet 1316. Or, dans les comptes de Geoffroy de
Fleury, argentier de Philippe le Long et qui commença la rédaction de ses
livres cette année-là en prenant ses fonctions le 12 juillet, l’enfant est
désigné sous le nom de Philippe.
    D’autres généalogies mentionnent
deux fils dont l’un serait né en 1315, et donc aurait été conçu pendant que
Jeanne de Bourgogne était prisonnière à Dourdan ; ceci paraît bien
incroyable quand on sait les efforts que Mahaut déploya pour réconcilier sa
fille et son gendre. L’enfant qui fut le fruit de cette réconciliation reçut
probablement, et comme il était d’usage, au moins deux des prénoms
habituellement portés dans la famille.
    [10] La prise du pouvoir par Blanche de Castille n’alla pas d’ailleurs sans
difficultés. Bien que désignée par un acte du roi Louis VIII, son époux,
comme tutrice et régente, Blanche se heurta à une hostilité violente des grands
vassaux.
    Bien est France abâtardie,
    Seigneurs barons entendez,
    Quand à femme on l’a baillie,
    écrivit Hugues de la Ferté.
    Mais Blanche de Castille était d’une
autre trempe que Clémence de Hongrie. En outre, elle était reine depuis dix ans
et avait donné le jour à douze enfants. Elle triompha des barons grâce à
l’appui du comte Thibaud de Champagne qu’on lui prêta pour amant.
    [11] On constate une frappante similitude entre la folie de Robert de
Clermont et celle de Charles VI, deux fois son arrière-neveu, à la
cinquième génération par les hommes et à la quatrième par les femmes.
    Dans les deux cas, la démence débute
par un choc d’armes, avec traumatisme crânien chez Clermont, sans traumatisme
chez Charles VI, mais qui déclenche une manie furieuse chez l’un comme
chez l’autre : mêmes périodes de crises frénétiques suivies de longues rémissions
où le sujet reprenait un comportement en apparence normal ; même goût
obsessionnel des tournois qu’on ne pouvait les empêcher d’organiser et auxquels
ils paraissaient, bien que parfois en état de délire. Clermont, tout dément et
dangereux qu’il était, avait autorisation de chasser dans l’ensemble du domaine
royal. Il se présenta même à l’ost de Philippe le Bel, pendant l’une des
campagnes de Flandre, tout ainsi que Charles VI, fou depuis vingt ans,
assista au siège de Bourges et aux combats contre le duc de Berry.
    [12] Cris réglementaires qui marquaient le début du tournoi.
    [13] Les jouets et jeux d’enfants n’ont pratiquement pas varié depuis le
Moyen Âge jusqu’à nos jours. C’étaient déjà balles et ballons faits de cuir ou
d’étoffe, cerceaux, toupies, poupées, chevaux de bois et palets. On jouait à
colin-maillard, aux barres, à la courte-paille, à chat perché, à la main
chaude, à cache-cache et à saute-mouton, ainsi qu’aux marionnettes. Les petits
garçons, dans les familles riches, possédaient des imitations d’armements faits
à leurs mesures : heaumes de fer léger, robes de mailles, épées sans
tranchant, ancêtres des modernes panoplies de général ou de cow-boy.
    [14] La dernière fille d’Agnès de Bourgogne, Jeanne, mariée à Philippe de
Valois, futur Philippe VI, était boiteuse tout comme son cousin germain
Louis I er de Bourbon, fils de Robert de Clermont.
    La boiterie existait également dans
la branche collatérale des Anjou, puisque le roi Charles II, grand-père de
Clémence de Hongrie, avait le surnom de Boiteux . Une tradition, reprise
d’ailleurs par Mistral dans les Iles d’or , veut que, lorsque
l’ambassadeur du roi de France, donc le comte de Bouville, vint demander
Clémence en mariage pour son maître, il exigea que la princesse se dévêtit
devant lui afin de s’assurer qu’elle avait les jambes droites.
    [15] La broigne était un vêtement de peau, de toile ou de velours,
sur lequel étaient cousus des maillons de fer, et qui avait remplacé la cotte
de mailles proprement dite. Par-dessus cette broigne, et pour la renforcer,
commençaient d’apparaître des éléments dits plates – d’où le nom d’armure
de plates – qui étaient des parties de métal plein, forgées à la forme du
corps et articulées à la façon des queues d’écrevisses.
    [16] Mahaut dressa un état minutieux des vols et dégâts commis en son
château de Hesdin, état qui ne comprenait pas moins de cent

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