Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La malediction de la galigai

La malediction de la galigai

Titel: La malediction de la galigai Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
Vom Netzwerk:
sûr ! Et l'exécution de Gueule-Noire serait une erreur ? Je vous laisse terminer sans moi, ironisa le voleur. Portez-moi une caisse comme convenu et coupez l'amarre. Je vous conseille de couler la gabarre avec quelques coups de hache et des pierres au fond.
    Ayant obtenu un accord muet de Nardi, Mondreville et Gramucci obtempérèrent, puis coupèrent l'attache. Déjà, Petit-Jacques avait levé la voile et repris le courant. Il disparut vers la Seine en quelques minutes.
    Les Italiens, peu émus de ce revers et du plan prévu raté, chargèrent les deux dernières caisses, puis brisèrent le fond de la gabarre qui, chargée de rochers, coula rapidement. Ils dissimulèrent aussi les deux corps dans un fourré. Agissant dans un brouillard de terreur, le commis de la taille, persuadé que les deux Italiens allaient se débarrasser de lui à tout instant, ne disait mot. Pourtant, ils n'en firent rien. Sans doute avaient-ils encore besoin de son aide.
    Nardi lui fit signe de monter à son côté et les chariots s'ébranlèrent.
    Au début, Mondreville n'ouvrit pas la bouche, persuadé que le fait de rester silencieux n'attirerait pas l'attention. Par moments il regardait l'Italien qui tenait les rênes, mais le visage de l'homme de Concini restait impénétrable.
    Au bout d'une heure Nardi lui demanda d'un ton inquiet :
    â€” Tu penses qu'on sera à Vertheuil dans une heure ?
    â€” Certainement, monsieur. Je connais cette route.
    â€” Maintenant, ils ont dû retrouver la barque de Petit-Jacques vide. Si des mousquetaires de l'escorte ont traversé la Seine pour chercher la gabarre, ils ont dû repérer nos traces. Nous pourrions les avoir à nos trousses sous peu.
    â€” Je suis plus optimiste que vous, monsieur Nardi. Je sais comment fonctionne la voiture des deniers. L'officier qui commandait l'escorte, ou le receveur qui l'accompagne, a dû prévenir en premier lieu le vicomte de Vernon et le lieutenant du vicomte de l'Eau qui a en charge les délits commis sur la rivière. Cela prendra plusieurs heures avant que les recherches ne commencent.
    *
    Effectivement, à Vertheuil, tout était calme, ce qui les rassura. Ils prirent donc la route de Mantes où ils arrivèrent à la nuit. Là, ils cachèrent les chariots dans un bois, tandis que Mondreville allait à pied se renseigner.
    Ã€ la première auberge, il but un pot de vin et écouta les conversations. On ne parlait que du vol !
    Inventant qu'il se rendait à Vertheuil, il posa des questions comme l'aurait fait n'importe quel curieux. On lui raconta la rapine et on lui dit que les brigands avaient transporté la recette des tailles dans une autre barque retrouvée échouée plus bas. Il y avait des traces de chevaux et toute la maréchaussée les recherchait sur la rive gauche.
    Rassuré, il revint aux chariots. Il avait l'occasion de s'enfuir mais il commençait à faire confiance aux deux Italiens, et surtout voulait sa part. Le trio repartit aux premières lueurs du jour pour Meulan qu'il atteignit alors que la pluie commençait à tomber. Une fois franchi le vieux pont, Nardi assura à Mondreville qu'ils ne risquaient désormais plus rien tant les charrettes et les chariots se montraient nombreux à partir de là.
    L'Italien semblait maintenant bien connaître la route. Ils passèrent une nouvelle nuit dans un bois, puis franchirent la Seine une seconde fois où ils payèrent un péage élevé. Comme on voulait fouiller les chariots, Nardi présenta un passeport signé de la reine et on n'insista point.
    Le troisième jour, les murailles de Philippe Auguste en vue, ils se dirigèrent vers l'abbaye fortifiée de Saint-Germain-des-Prés. À cette occasion, Nardi confia à Mondreville qu'il était archiprêtre de la cathédrale de Paris, ce qui laissa pantois le commis de la taille. En même temps, cette confession le rassura : les Italiens semblaient avoir décidé de le garder avec eux. Après tout, peut-être que la promesse du maréchal d'Ancre n'était pas vaine. Les paroles de Concini résonnaient encore dans sa tête : Aimez-moi, monsieur, et je vous ferai favour.
    De l'abbaye fortifiée, ils empruntèrent un chemin creusé d'ornières, bordé de vieilles maisons à pans de bois et de nouveaux hôtels en construction.

Weitere Kostenlose Bücher