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La malediction de la galigai

La malediction de la galigai

Titel: La malediction de la galigai Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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C'était la ruelle du Champ-de-la-Foire, nommée ainsi à cause de la foire Saint-Germain. Depuis quelque temps, on l'appelait aussi la rue de Tournon, du nom de l'abbé de Saint-Germain-des-Prés, expliqua Nardi. Mais où le conduisaient-ils ainsi ?
    1  Barque à voile surtout utilisée dans l'estuaire en aval de Rouen.
    2  Voir Le Mystère de la Chambre bleue , du même auteur.
    3  Petit caboteur du XVII e d'origine flamande, avec une voile à livarde.
    4  Bateau de transport de cette époque.

3
    L e jeune Louis XIII avait neuf ans quand son père Henri IV fut assassiné par Ravaillac, le 14 mai 1610. En à peine trois ans, sa mère, la régente Marie de Médicis, dilapidait les richesses accumulées par Henri, le bien-aimé , et rallumait la guerre civile. Sully avait démissionné en 1611 et Concini devenait maréchal de France en 1613. Une fois le Trésor à sec, la régente avait convoqué les états généraux pour faire avaliser de nouveaux impôts, multipliant les mécontents.
    Ainsi, la sinistre prévision faite un jour par Henri IV à l'encontre de celui qu'il appelait le Conchine  : Si j'étais mort, cet homme-là ruinerait mon royaume 1 , s'était vérifiée.
    Gouvernant avec Concini et quelques ministres avides, Marie de Médicis avait ligué contre elle le peuple de France. Les princes s'étaient révoltés et le premier d'entre eux, Condé, que l'on disait pourtant conçu des amours coupables de sa mère avec un page 2 , avait annoncé qu'il prenait les armes pour le roi, pour sa liberté, pour la conservation de sa couronne et des lois du royaume.
    En septembre 1615, Concini l'avait fait arrêter. Mais, aussitôt après, la populace de Paris brisait les portes du magnifique hôtel que ce dernier venait de se faire construire dans la ruelle du Champ-de-la-Foire, dévastait tout et jetait les meubles par les fenêtres. Terrorisé, le maréchal d'Ancre avait dû se cacher pour échapper à ceux qui voulaient le pendre.
    L'emprisonnement du prince de Condé n'avait même pas ramené la paix puisque les ducs de Nevers, de Vendôme et de Mayenne, le maréchal de Bouillon et le prince de Soissons levèrent des troupes afin de s'opposer à la régente. Seuls les huguenots étaient restés tranquilles. Mais pour combien de temps ?
    Depuis des mois, à la Cour comme à la ville, Concini ne rencontrait que des visages ennemis. Est-il possible que les vrais Français soient esclaves d'un Italien ? répétait-on dans son dos. Après qu'on eut tenté de l'assassiner en Picardie, il avait menacé les habitants d'Amiens de réduire leur cité en cendres et agissait désormais avec la plus extrême violence envers ceux dont il se méfiait. À Paris, la police appliquait une sévérité impitoyable. On faisait dresser partout des potences destinées à épouvanter les mécontents. Ceux qui étaient pris à défendre les princes révoltés se voyaient sans pitié livrés au bourreau. On menaçait même les prévôts de la corde s'ils n'agissaient pas avec suffisamment de rudesse.
    Si cette répression avait contenu la révolte des princes, les attaques contre le maréchal d'Ancre ne faiblissaient pas. L'année précédente, le Parlement avait fait pendre deux de ses valets accusés d'avoir battu quelqu'un qui le raillait. Concini savait que le peuple ne supportait plus ses cruautés. Et que bientôt, le jeune roi qui ne l'aimait pas, prendrait les rênes de l'État, lui octroyant indubitablement un sort funeste. Il avait donc décidé de faire retraite et [de] jouir en paix des grands biens qu'il avait acquis , comme révélé à M. de Bassompierre. Il avait même ajouté que, sans l'opposition de sa femme, il n'aurait pas balancé à quitter plus tôt le royaume de France.
    C'est que les deux époux ne s'entendaient plus guère. On disait la maréchale malade et circulait la rumeur d'un remariage de Concini avec une sœur du roi. La jalousie avait-elle décidé Léonora à partir ? Quoi qu'il en soit, en ce début de l'année 1617, le couple avait choisi de rentrer en Italie. Il savait même où aller : le pape leur échangeait l'usufruit du duché de Ferrare contre six cent mille écus.
    Concini

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