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La malediction de la galigai

La malediction de la galigai

Titel: La malediction de la galigai Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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payer le péage. Les ponts les plus proches se situant à Mantes et à Pont-de-L'Arche, et la rivière se trouvant haute avec un courant rapide, les bacs de Vernon ne se risquaient pas à la traversée. Donc chacun attendait. Et ils durent attendre eux aussi.
    Entre les bouillonnements des flots, les grincements des moulins à foulon et à blé sous les arches, les interjections des charretiers et des cris des mariniers, le vacarme était assourdissant. À cause du courant, le passage du pont de Vernon se révélait délicat pour les gabarres. De fait, ce matin-là, une trentaine de haleurs, sous la direction du maître de pont, tentaient de faire passer une grosse barque pleine de tonneaux. Chacun s'égosillait.
    S'efforçant de surmonter ce tumulte, Tilly et le lieutenant de la vicomté de l'Eau échangèrent leur sentiment sur le vol.
    Pour le second, seul Petit-Jacques avait pu être capable de manœuvrer aussi adroitement une gribane dans le fleuve en crue. Louis de Tilly l'approuva. Certes, seul ce brigand pouvait avoir l'audace d'attaquer un convoi si bien protégé, mais, remarqua-t­il, quelqu'un avait dû le renseigner sur le départ et les conditions du transport.
    L'importance de la recette volée, la préparation soigneuse de l'entreprise, tout témoignait même d'une complicité haut placée. Tilly songea d'emblée, avec une pointe d'amertume, qu'il ne remonterait sans doute jamais jusqu'à l'instigateur du vol.
    Ils traversèrent enfin le fleuve et se séparèrent au chemin conduisant à la gribane abandonnée, Tilly et ses archers poursuivant jusqu'au bras mort où les voleurs avaient accosté.
    *
    L'endroit était maintenant désert. Louis demanda à l'un de ses sergents de gagner le village de Haute-Isle qui dominait la Seine. Peut-être quelqu'un aurait-il vu les chariots des malandrins. Ensuite, il examina les lieux et fit fouiller les bois par ses archers au cas où les malfaiteurs auraient dissimulé leur butin dans le but de venir le rechercher plus tard.
    Soudain, un appel. Un de ses hommes venait de découvrir un corps, dissimulé dans un fourré mais trahi par du sang laissé sur les herbes.
    Tilly accourut dès qu'on l'appela. L'homme avait le ventre ouvert et les boyaux dehors, déjà couverts de vermine. Il respirait encore.
    â€” Qui êtes-vous ? demanda Tilly, tandis que ses hommes s'étaient rassemblés autour pour écouter.
    â€” Gueule-Noire, haleta le mourant. Petit-Jacques… Petit-Jacques nous a trahis.
    â€” C'est lui qui vous a blessé ?
    â€” Non… l'Italien… Mondreville… J'ai… rampé…
    â€” Qui est Mondreville ?
    â€” Les autres… des… Italiens… Balthazar Nardi.
    Le bandit ne s'était maintenu en vie qu'en espérant pouvoir dénoncer ceux qui l'avaient éliminé. Y étant parvenu, il expira.
    Tilly, qui s'était agenouillé pour l'écouter, se releva, excité par ce qu'il venait d'apprendre, mais aussi déçu d'une information aussi fragmentaire.
    Mondreville ! Il y avait beaucoup de Mondreville dans la vicomté, la plupart venaient du village et de la seigneurie du même nom. Les Tilly en avaient même, un temps, été seigneurs. Cela signifiait-il que l'assassin de cet homme venait de Mondreville ? Tilly décida d'entamer des recherches là-bas. Une quête d'autant plus facile que le bourg se situait à moins d'une lieue de chez lui.
    Quant aux Italiens, que devait-il en penser, alors que le gouvernement de Normandie se trouvait aux mains d'un Concini que ses compatriotes entouraient avec délices ? Qui pouvait être ce Balthazar Nardi ? Un de ces aventuriers de sac et de corde fréquentant le maréchal d'Ancre ? L'hypothèse expliquerait que les voleurs aient été si bien informés.
    Il avait en tout cas la certitude que le fameux Petit-Jacques commandait la barque. Or, le brigand vivait dans le bailliage et Tilly l'avait déjà traqué. Cette fois, il se jura de le trouver.
    â€” Vous avez entendu ? demanda-t-il à ses hommes. C'est à coup sûr Petit-Jacques qui a fait le coup. Toi, Pierre (c'était l'un de ses sergents), prends trois hommes et filez vers Vertheuil, puis jusqu'à Mantes. Demandez partout si on a vu des chariots ou des Italiens. Inutile toutefois de faire

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