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La mémoire des flammes

La mémoire des flammes

Titel: La mémoire des flammes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Armand Cabasson
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périssant à petit feu tout en lisant la Bible, que les Inquisiteurs avaient bien voulu lui laisser. C’est finalement Napoléon qui lui a sauvé la vie, en 1808, en supprimant l’Inquisition après avoir investi l’Espagne.
    — Châtel ne lui en est pas très reconnaissant... Il prend l’Empereur pour l’Antéchrist. Quand il m’a affirmé cela, j’ai cru qu’il plaisantait... Mais, maintenant, je crois que tout ce qu’il dit est à prendre au pied de la lettre.
    — Ensuite, la police a perdu sa trace et je n’ai pas réussi à faire mieux qu’elle. Il n’est réapparu qu’en 1813, à Paris, chez les Épées du Roi. Pour lui non plus, je ne vois pas de lien avec le feu.
    — Il ne s’entend pas avec Louis de Leaume. Il a du mal à accepter l’autorité de quiconque. Il est donc incontrôlable... Je crois que, même mener une campagne d’assassinats, c’est encore trop peu à ses yeux. Vers où va-t-il, celui-là ?
    Margont était songeur.
    — Ils ont tous des vies à l’image de notre époque : mouvementées, pleines de confusion, de contradictions et de périodes d’errance... Dire qu’au lendemain de la Révolution, tout le monde croyait que tout allait évoluer pour le mieux... Que sais-tu sur les autres membres, ceux qui ne sont pas dans le comité directeur ?
    — Peu de choses. Il s’agit d’un ensemble hétéroclite : chouans, mystiques que Jean-Baptiste de Châtel a convaincu de rejoindre les Épées du Roi par ses sermons, rescapés d’anciens groupes démantelés... Les plus nombreux sont des royalistes de la dernière heure, qui sentent le vent tourner...
    — Qu’est-ce que Charles de Varencourt a réellement appris aux agents de Joseph ?
    — Il y a un commentaire de la police à ce sujet. Très peu de choses sur les membres du comité directeur, car il prétend que chacun garde son histoire pour lui-même. Il n’y a que sur le vicomte de Leaume qu’il a fourni des éléments nouveaux, en signalant que celui-ci avait passé au moins deux ans en Angleterre, vivant chez des connaissances dans le Strand, le véritable quartier français royaliste de Londres. Paradoxalement, Varencourt s’est surtout trahi lui-même, car les policiers avaient identifié tous les membres dirigeants de ce groupe... sauf lui ! Varencourt était persuadé qu’on le soupçonnait déjà avant qu’il ne trahisse.
    — Bien fait !
    — Il a confirmé ce que la police suspectait, à savoir que les Épées du Roi projettent de déclencher un soulèvement populaire en faveur de Louis XVIII.
    — L’idée est à la mode. Les monarchistes en rêvent : une Révolution blanche qui abattrait cet empire d’inspiration républicaine pour restaurer le roi. Une sorte de Révolution inversée qui effacerait la Révolution et ses conséquences. Cela me paraît être plutôt un rêve, une façon de refuser d’accepter la réalité.
    — L’emblème du groupe. Là encore, la police s’en doutait. La cocarde blanche est trop populaire, estiment les aristocrates. Les sociétés secrètes royalistes aiment à développer leurs propres signes de reconnaissance. Mais Charles de Varencourt a donné une description détaillée de leur emblème. Enfin, c’est lui qui a révélé le projet de campagne d’assassinats. Là, ce que je vais vous dire va vous faire hurler : Varencourt a fourni une liste de onze noms, mais... Natai ne me l’a pas communiquée. Au contraire, il m’a fait savoir que ses supérieurs vous interdisaient d’aborder ce sujet avec Varencourt.
    Margont se retint de s’emporter.
    — Comment ?
    — Bah, ce n’est pas étonnant si l’on y songe. Joseph doit estimer que cela n’est pas nécessaire à votre enquête et il veut limiter le risque que cette liste de noms circule... Surtout si le sien est dessus ! Voilà, j’ai terminé mon rapport.
    — Merci, Fernand ! Ton aide est cruciale ! Essaie de continuer à en apprendre plus sur nos suspects. Le premier qui a du nouveau fait signe à l’autre.
    Lefïne s’en alla. Margont demeura un moment allongé dans l’herbe, au pied de l’un des moulins, bercé par un petit vent frais, à contempler Paris.
    De retour chez lui, Margont s’aperçut que l’on avait fouillé son logement. Chaque fois qu’il s’apprêtait à sortir, il prenait soin de laisser des objets à une place déterminée. Or ceux-ci avaient été déplacés ! Ses livres n’étaient pas empilés exactement comme ils auraient dû l’être. Sa

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