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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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commissaire, accompagné des personnalités officielles.
Ayant confié son poney favori à des amis, il traversa la grève en direction du
bateau. Tatsunosuke le suivait de près. En silence, la foule se disposa sur
deux rangs pour laisser passer son champion.
    Il portait un kimono de soie aux
manches étroites, d’un blanc uni orné d’un motif en relief ; par-dessus,
un manteau sans manches, rouge vif. Son hakama de cuir pourpre était du
modèle bouffant jusqu’au dessous des genoux, et serré comme des guêtres sur le
mollet. Ses sandales de paille semblaient avoir été un peu humectées pour les
empêcher de glisser. Outre le sabre court qu’il portait toujours, il avait la
« Perche à sécher », dont il ne s’était plus servi depuis son entrée
dans la Maison de Hosokawa. Son visage blanc, aux joues pleines, était un
modèle de calme au-dessus du rouge flamboyant de son manteau. Ce jour-là,
Kojirō avait de la grandeur et presque de la beauté.
    Nuinosuke pouvait constater que le
sourire de Kojirō était paisible et confiant. Il l’arborait devant tous,
et paraissait heureux et parfaitement à l’aise.
    Kojirō monta dans le bateau.
Tatsunosuke l’y suivit. Il y avait deux hommes d’équipage, l’un à la proue et
l’autre maniant les rames. Amayumi se trouvait perché sur le poing de
Tatsunosuke.
    Une fois au large, le rameur donna
de grands coups de bras tranquilles, et le petit vaisseau glissa doucement.
    Effrayé par les cris des
partisans, le faucon battait des ailes.
    La foule se morcela en petits
groupes et se dispersa lentement, s’émerveillant du calme de Kojirō et
priant pour qu’il gagnât ce combat des combats.
    « Je dois rentrer », se
disait Nuinosuke, se rappelant qu’il lui fallait veiller à ce que Sado partît à
l’heure. Et se détournant, il aperçut la jeune fille. Etroitement serrée contre
un tronc d’arbre, Omitsu pleurait.
    Trouvant peu convenable de la
dévisager, Nuinosuke détourna le regard et s’éloigna sur la pointe des pieds.
De nouveau dans la rue, il jeta un dernier coup d’œil au bateau de Kojirō,
puis à Omitsu. « Tout le monde a une vie publique et une vie privée, songeait-il.
Derrière toutes ces fanfares, il y a une femme qui pleure toutes les larmes de
son corps. »
    Sur le bateau, Kojirō demanda
le faucon à Tatsunosuke, et tendit le bras gauche. Tatsunosuke fit passer
Amayumi sur le poing de son maître et s’écarta respectueusement.
    Le courant était rapide et la
journée parfaite – ciel clair, eau cristalline –, mais les
vagues assez hautes. Chaque fois que les embruns passaient par-dessus le
plat-bord, le faucon, d’humeur combative, s’ébouriffait. Lorsqu’ils furent à mi-chemin
environ de l’île, Kojirō lui ôta le ruban de la patte et lança l’oiseau
dans les airs en lui disant :
    — Retourne au château.
    Comme au cours d’une chasse
ordinaire, Amayumi s’attaqua à un oiseau de mer fugitif, faisant pleuvoir une
nuée de plumes blanches. Mais son maître ne le rappelait pas ; alors, il
piqua sur les îles, puis s’éleva dans les airs et disparut.
    Après avoir lâché le faucon,
Kojirō entreprit de se débarrasser des porte-bonheur bouddhistes et
shintoïstes dont ses partisans l’avaient couvert ; il les jeta par-dessus
bord un par un – même le sous-vêtement de coton brodé d’un charme
sanscrit, que sa tante lui avait offert.
    — ... Maintenant, dit-il
doucement, je peux me détendre.
    Au moment où il risquait la mort,
il ne voulait pas s’encombrer de souvenirs. Celui de tous ces gens qui priaient
pour sa victoire était un fardeau. Leurs bons vœux, quelques sincères qu’ils
fussent, constituaient maintenant plus une entrave qu’une aide. Ce qui
importait à présent, c’était lui-même, lui-même et rien d’autre. La brise
saline caressait son visage silencieux. Il avait les yeux fixés sur les pins
verts de Funashima.
     
    A Shimonoseki, Tarōzaemon
entra dans sa boutique.
    — Sasuke ! appela-t-il.
Personne n’a vu Sasuke ?
    Sasuke était parmi les plus jeunes
de ses nombreux employés, mais aussi l’un des plus brillants. Perle domestique,
il aidait aussi de temps en temps à la boutique.
    — Bonjour, dit le directeur
de Tarōzaemon en sortant du bureau de la comptabilité. Sasuke était là
voilà quelques minutes à peine.
    Il se tourna vers un jeune
assistant et lui dit :
    — ... Va chercher Sasuke.
Vite.
    Le directeur commença à mettre Tarōzaemon
au

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