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La parfaite Lumiere

La parfaite Lumiere

Titel: La parfaite Lumiere Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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détermination. Maintenant, il
n’éprouvait rien.
    Non que l’ennemi d’aujourd’hui fût
moins à redouter que les cent hommes qu’il avait affrontés alors. Loin de là.
Kojirō, en se battant seul, était un plus formidable adversaire qu’aucune
armée que l’école Yoshioka aurait pu lever contre Musashi.
    Celui-ci ne doutait pas un seul
instant qu’il se rendait au combat de sa vie.
    —  Sensei  !
    — Musashi !
    Ce bruit de voix et la vue de deux
personnes qui accouraient vers lui firent sursauter Musashi. Il eut un instant
d’hébétude.
    — Gonnosuke !
s’exclama-t-il. Et grand-mère ! Que faites-vous là tous les deux ?
    L’un et l’autre, salis par le
voyage, s’agenouillèrent devant lui dans le sable.
    — Nous ne pouvions pas ne pas
venir, dit Gonnosuke.
    — Nous sommes venus te voir
partir, dit Osugi. Et je suis là pour te présenter mes excuses.
    — Vos excuses ? A
moi ?
    — Oui. Pour tout. Je dois te
demander pardon.
    Il la considéra d’un air
interrogateur. Ces mots lui paraissaient irréels.
    — Pourquoi dites-vous ça,
grand-mère ? Il est arrivé quelque chose ?
    Debout, elle joignait des mains
suppliantes.
    — Que dire ? J’ai commis
tant de méfaits que je ne puis espérer me les faire pardonner tous. Tout cela,
c’était... une horrible méprise. Mon amour pour mon fils m’aveuglait, mais je
sais maintenant la vérité. Je t’en prie, pardonne-moi.
    Il la regarda un moment, puis
s’agenouilla et lui prit la main. Il n’osait lever les yeux de crainte qu’elle
pût y voir briller des larmes. Voir la vieille femme aussi contrite lui donnait
un sentiment de culpabilité. Mais il éprouvait aussi de la reconnaissance. La
main d’Osugi tremblait ; la propre main de Musashi frémissait légèrement.
Il lui fallut un moment pour se ressaisir.
    — Je vous crois, grand-mère.
Je vous sais gré d’être venue. Maintenant, je peux affronter sans regrets la
mort, aller au combat l’esprit libre et le cœur sans trouble.
    — Alors, tu me
pardonneras ?
    — Bien sûr, si vous me
pardonnez tous les ennuis que je vous ai causés depuis mon enfance.
    — Naturellement ; mais
assez parlé de moi. Quelqu’un d’autre a besoin de ton aide. Quelqu’un de très,
très triste.
    Elle se retourna, l’invitant à
regarder. Sous le pin de Heike, le visage pâle et emperlé par l’attente, se
tenait Otsū qui les considérait timidement.
    — Otsū ! cria-t-il.
    En une seconde, il fut devant
elle, sans savoir lui-même comment ses pieds l’avaient porté jusque-là.
Gonnosuke et Osugi demeuraient où ils étaient, souhaitant se fondre dans l’air
pour laisser le rivage au seul couple.
    — ... Otsū, tu es venue.
    Il n’existait pas de mots pour
combler le gouffre béant des années, pour exprimer le monde de sentiments dont
Musashi débordait.
    — ... Tu n’as pas l’air bien.
Es-tu malade ?
    Il murmurait ces mots comme un
vers isolé d’un long poème.
    — Un peu.
    Les yeux baissés, elle s’efforçait
de rester calme, de ne pas perdre la tête. Il ne fallait pas gâcher ces
instants... peut-être les derniers.
    — N’est-ce qu’un rhume ?
demanda-t-il. Ou quelque chose de grave ? Qu’est-ce qui ne va pas ?
Où donc étais-tu, ces derniers mois ?
    — A l’automne dernier, je
suis retournée au Shippōji.
    — Retournée au pays ?
    — Oui.
    Elle le regardait bien en
face ; dans ses efforts pour retenir ses larmes, ses yeux devenaient aussi
limpides que les profondeurs de l’océan.
    — ... Mais il n’existe pas de
véritable pays pour une orpheline telle que moi. Seulement le pays qui se
trouve à l’intérieur de moi.
    — Ne parle pas ainsi.
Voyons ! Même Osugi semble t’avoir ouvert son cœur. Cela me rend très
heureux. Tu dois guérir et apprendre le bonheur. Pour moi.
    — Je suis heureuse en ce
moment.
    — Vraiment ? Si oui,
j’en suis heureux aussi... Otsū...
    Il se pencha vers elle. Elle se
tenait raide, consciente de la présence d’Osugi et Gonnosuke. Musashi, qui les
avait oubliés, l’entoura de son bras et frotta sa joue contre la sienne.
    — ... Tu es si mince... si
mince !
    Il avait une conscience aiguë de
sa respiration fiévreuse.
    — ... Otsū, je t’en
prie, pardonne-moi. Je peux paraître sans cœur, mais je ne le suis pas, pas en
ce qui te concerne.
    — Je... je le sais.
    — Tu le sais ?
Vraiment ?
    — Oui, mais je t’en supplie,
dis-moi un mot. Un seul mot Dis-moi que

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