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La Perle de l'empereur

La Perle de l'empereur

Titel: La Perle de l'empereur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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jaune rayée de noir, les crocs acérés, les longues griffes qui allaient le lacérer... Mourir de cette façon était abominable et il lui fallait faire appel à tout son orgueil pour ne pas trembler alors qu’une peur horrible l’envahissait… Il lui parut que cela durait une éternité…
    Enfin on rejoignit un groupe de rabatteurs réunis auprès d’un « jheel », un étang plat et peu profond dont l’eau luisait comme du mercure sous cette lumière trouble. On était arrivés.
    Jay Singh échangea quelques paroles avec le chef de ces hommes, eut de la tête un geste approbateur et dit :
    — Votre exécuteur n’est pas loin et votre attente sera brève. Descendez !… Et recevez mes adieux !
    Avec un haussement d’épaules, Morosini lui tourna le dos et se remit aux mains des deux serviteurs qui l’aidaient à reprendre pied sur la terre.
    — Marchez droit devant vous ! ordonna le maharadjah. On va vous y aider.
    Deux gardes, en effet, se mirent à sa suite, tenant devant eux la pointe de leur lance à la hauteur des reins du condamné. Mais, brusquement, celui-ci se retourna pour faire face une dernière fois à son bourreau :
    — La mort qui m’attend est cruelle mais je la préfère cent fois à celle que Dieu t’infligera et qui, elle, n’aura pas de fin, car c’est l’enfer qui t’attend ! Adieu… saint homme !
    À nouveau il se retourna et, la tête haute, suivit le bord de l’étang en se dirigeant vers les hautes herbes qui le fermaient. Il allait y entrer quand il crut apercevoir à quelques pas une forme jaune ; il ferma les yeux, attendant le choc, priant pour que, sous la violence qui le renverserait, sa tête porte sur une pierre et lui évite le pire…
    Il sentait que la bête était là, qu’elle allait bondir, et il y eut en effet un bruit d’herbes froissées… aussitôt suivi d’un coup de feu. Rouvrant les yeux, il vit, à quelques pas de lui, le tigre tué net. Il se retourna. Ceci n’était-il qu’une farce ? Il s’attendait à voir le maharadjah debout dans le howda, le fusil à la main et riant à pleines dents.
    Alors il crut voir double : il y avait là un autre éléphant portant plusieurs hommes en uniforme. C’était l’un d’eux qui avait tiré. Un autre dégringolait des flancs de l’animal pour accourir vers lui… perdant son casque dans sa course et révélant un chaume blond et hirsute : un officier anglais aux longues jambes qui, tout en courant, clamait :
    — Ça va, Morosini ? Vous n’avez rien ?…
    Un instant plus tard ils étaient face à face et Aldo se mit à rire, un rire nerveux, proche des larmes, mais qui le soulageait :
    — Mac Intyre ! Qu’est-ce que vous faites là ? Je vous croyais à Peshawar ?
    Il n’eut pas le temps d’entendre la réponse. Soudain vide de ses forces, il perdit connaissance…
    Pas longtemps. Quelques claques suivies d’une solide rasade de whisky le ramenèrent à la réalité. Elle se présenta dans l’immédiat sous les traits hilares de son ami Douglas Mac Intyre, officier au service de Sa Majesté le roi George V et parrain de sa fille Amelia, qui, à genoux sur l’herbe auprès de lui, le regardait tout de même d’un œil inquiet. Il lui sourit :
    — On dirait que vous êtes arrivé à temps, mon vieux ! Beau coup de fusil ! ajouta-t-il en désignant du regard le magnifique fauve tué net.
    — Oh, ce n’est pas moi ! Le tireur, c’est le major Hopkins, aide de camp du général Hartwell, lui-même conseiller du Vice-Roi, qui attend en ce moment au palais.
    — Le Vice-Roi ?
    — No… la général Hartwell, corrigea Mac Intyre qui adorait parler français, avec les risques que cela comportait. Vous a de la chance : Hopkins est le meilleur fusil de toute l’armée des Indes. (Puis, revenant à l’anglais parce que cela devenait un peu difficile :) Vous nous avez fichu une belle frousse ! Quand on est arrivés à Alwar et que le Diwan nous a dit que le maharadjah vous avait emmené à une drôle de chasse au tigre, on s’est dépêchés de courir derrière vous… mais à une minute près c’était trop tard…
    — Une minute ? Vous voulez dire une seconde. Il faut que j’aille remercier votre major Hopkins, ajouta-t-il en se relevant avec plus d’élasticité qu’il ne s’en serait cru capable. Mais… où est passé Alwar ?
    Il n’y avait plus là, en effet, qu’un seul éléphant.
    — Oh, il est vite parti recevoir l’envoyé du

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