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La Perle de l'empereur

La Perle de l'empereur

Titel: La Perle de l'empereur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Vice-Roi !
    — Qu’est-ce qui va lui advenir ? Il vient d’être pris en flagrant délit d’assassinat, il me semble ?
    — Aucun doute là-dessus… mais ne vous illusionnez pas trop ! Si vous étiez mort ce serait plus embêtant, mais Alwar va dire que vous êtes très imprudent, que vous avez voulu descendre pour abattre le tigre.
    — Sans fusil et les mains liées derrière le dos ? Vous vous foutez de moi, lieutenant ?
    — Capitaine ! corrigea l’Écossais. Il faut que vous sachiez que si lord Willingdon, le Vice-Roi, nous a envoyés vous chercher, c’est avec l’ordre d’éviter autant que possible une complication diplomatique. Le maharadjah a de grandes protections et il faut le ménager.
    — Mais, bon sang, vous pouvez témoigner de ce que vous avez vu ?
    Douglas renifla d’un air gêné, arracha une herbe qu’il se mit à mordiller, puis soupira :
    — On ne pourra témoigner… que si on nous le demande. Et la version sera que vous avez été très imprudent et que…
    — Et que vous m’avez sauvé ? Ça, je veux bien l’admettre, mais votre maharadjah avait un fusil, lui aussi. Il aurait pu me le prêter… ou au moins m’éviter le tigre ? On croit rêver, mon vieux ! C’est ça, la justice aux Indes ?
    — Je sais, je sais, mais la justice est une chose et la politique en est une autre. Et du moment que vous êtes vivant et que…
    Il s’arrêta, rougit devant ce qu’il allait dire. Que Morosini n’eut guère de peine à traduire :
    — … et que je ne suis pas anglais ! C’est bien ça ?
    — Oh, Alwar n’aurait jamais osé, avec un Anglais.
    — Eh bien, me voilà averti, fit Morosini avec amertume. Au moins dites-moi par quel miracle vous êtes arrivés ici… juste à temps pour me voir défier Sheer Khan ?
    — C’est le Diwan et Vidal-Pellicorne qu’il faudra remercier. Quand sir Akbar a compris que le maharadjah n’avait pas l’intention de vous laisser repartir, il a fait semblant d’envoyer Adalbert à la chasse avec ses fils. En réalité ceux-ci lui ont fait prendre le train pour Delhi à la station après Alwar et, en revenant, ils ont crié très fort qu’il y avait eu un affreux malheur et qu’ils avaient perdu notre ami. À Delhi, celui-ci a couru à la Résidence avec la lettre que le Diwan lui avait remise pour le Vice-Roi. Ça a été d’autant plus facile pour lui d’avoir une audience qu’il a rencontré Mary Winfield et que Lady Willingdon, qui exècre Alwar, l’a pris sous sa protection. Résultat, le Vice-Roi a donné l’ordre que l’on prépare son train pour la délégation qu’il envoyait à Alwar… et nous voilà ! Je suis bien content, mon vieux ! ajouta-t-il en une soudaine explosion de joie, allongeant une bourrade à Morosini. La chère princesse Lisa aurait eu trop de chagrin !
    Aldo pensa qu’il n’en était pas si sûr mais le garda pour lui. À quoi bon troubler la joie de Mac Intyre qui, en dépit du fait qu’il était amoureux de Lisa depuis leur rencontre à Jérusalem, n’en avait pas moins montré à son époux une amitié sans faille et sans arrière-pensée… Il ne retint pas cependant une subite envie de le taquiner :
    — Bah ! je pense que ses amis se seraient efforcés de la consoler ? Vous le premier ?
    — On aurait tous perdu notre temps ! riposta le capitaine, l’œil sévère. La princesse Lisa n’est pas de ces femmes que l’on peut… consoler.
    Ajouter quelque chose eût été de mauvais goût.
    Le retour au palais ne manqua pas de pittoresque. Réintégré en un tournemain dans ses velours roses et ses diamants, le maharadjah recevait solennellement le major-général sir William Hartwell dans la grande salle du Durbar, lieu des audiences publiques où l’on se devait d’accueillir les hauts personnages. Lorsque Morosini et Mac Intyre les y rejoignirent, l’Anglais fit peser sur le Vénitien un œil chargé de recommandations muettes. En aucun cas, on ne devait évoquer les sujets qui fâchent, et Aldo rendit un hommage tout aussi muet à la clairvoyance de son ami Douglas : il n’était nullement question d’infliger même un blâme à ce satrape hindou qui venait de tenter d’offrir, en sa personne, un repas de qualité à son animal favori. Alwar d’ailleurs prit la parole, après qu’Aldo eut remercié – avec une évidente sincérité – le major Hopkins de l’avoir sauvé du tigre.
    — Remarquable coup de fusil, major ! dit-il. Vous devez

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