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La Perle de l'empereur

La Perle de l'empereur

Titel: La Perle de l'empereur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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d’hindou. C’étaient des soldats magnifiques, féroces, hautains, vivant la plupart du temps à cheval : la plus belle escorte qu’un souverain pût souhaiter… Ils contrastaient violemment avec ces gens qui les dévoraient des yeux. Morosini les effleura du regard, pourtant ce regard s’arrêta juste à côté de l’un d’eux, un peu en arrière. Il y avait là un visage d’homme si triste, si effrayé que son sang ne fit qu’un tour. Il se dirigea vers la foule, saisit Amu par le bras pour l’entraîner et, comme un Sikh tentait de s’y opposer, il jeta, impérieux :
    — Cet homme est mon serviteur. Je le croyais perdu. (Puis, revenant à l’hindou dont la figure s’illuminait :) Va rejoindre les bagages !
    — C’est votre domestique ? s’étonna Mac Intyre qui ne le lâchait pas d’une semelle. Il a une drôle d’allure !
    — Si vous m’aviez vu au lever du soleil et à ce même endroit vous auriez trouvé que moi aussi j’avais une drôle d’allure. Si Amu reste ici il est mort. Et je lui dois la vie, car nous avons vécu ensemble une aventure peu ordinaire.
    — Il va falloir que vous me racontiez ça. En attendant…
    Il fit signe à Amu de le suivre, le conduisit jusqu’au wagon destiné aux bagages et aux domestiques, aboya quelques ordres et l’y laissa éperdu de reconnaissance.
    Un moment plus tard, salué par le Diwan et les officiels d’Alwar, le beau train blanc s’enfonçait dans les montagnes pour rejoindre, à Rewart Junction, la ligne allant de Bombay à la capitale des Indes...
     
    Moins vaste et moins bruyant que le « Taj Mahal » de Bombay, l’hôtel Ashoka, entouré d’un beau parc et construit à quelque distance des murs de la vieille ville de Delhi, n’en était que plus agréable et plus propice au repos. Morosini trouva Vidal-Pellicorne sur la terrasse abritée sous des parasols. Assis devant un verre à moitié vide, il écoutait avec un agacement visible les palabres entre une famille américaine installée sous le parasol voisin et un marchand de tapis probablement persans qui leur vantait sur le mode lyrique, encore que dans un anglais approximatif, les splendeurs d’une marchandise sortie tout droit d’une machine qui devait officier quelque part du côté de Manchester.
    À l’apparition de son ami, Adalbert poussa une exclamation, se leva si brusquement qu’il renversa son verre, ce dont il ne se soucia pas, et, prenant Aldo par le bras, il l’entraîna à l’intérieur de l’hôtel.
    — Enfin te voilà ! J’en arrivais à craindre le pire.
    — Mais le pire a bien failli arriver, mon vieux ! À un petit cheveu près, je servais de lunch à un beau spécimen de tigre. Si la main du major Hopkins avait été moins sûre…
    — Il n’a tout de même pas osé faire une chose pareille, cet Alwar de malheur ?
    — Il est capable de faire bien pire encore ! Allons boire quelque chose, j’en ai besoin !
    Ils s’installèrent au bar, à peu près désert à cette heure de la journée. Ils commandèrent des « Mint julep » bien glacés qu’ils assaisonnèrent du récit de leurs aventures mutuelles ; Aldo conclut en soupirant :
    — Et tu ne sais pas encore le plus beau !
    — C’est déjà pas si mal. Que peut-il y avoir encore ?
    — Ça !
    Et Aldo déposa ouvert devant son ami l’écrin de cuir bleu dans lequel la « Régente » se prélassait, coquine à souhait sous son petit chapeau scintillant.
    — Tu l’as reprise ? souffla Adalbert.
    — Penses-tu ! Il me l’a rendue. Dès l’instant où je me refusais à faire partie de son cirque, elle ne l’intéressait plus. Elle n’était qu’un appât pour m’entraîner dans son repaire…
    L’archéologue prit la perle et l’admira, posée à plat sur sa paume :
    — Elle est pourtant bien belle… et bien chargée d’histoire ! D’ordinaire on s’arrache les joyaux royaux ou impériaux. Celle-là n’arrive pas à se trouver un port ! Personne n’en veut. Pas même toi !
    — Tu oublies notre ami Napoléon VI ?… Je pense, vois-tu, que je vais en revenir à ma première idée : l’offrir au musée du Louvre ! Quant au petit Le Bret, j’ai déjà assuré son sort.
    — Et toi, tu oublies les bonnes œuvres de Youssoupoff !
    — Elles auront leur part. Je suis assez riche pour cela. Et puis rien ne dit que le Musée ne me donnera pas quelque argent en échange…
    — J’aime ton optimisme ! Quand je pense que nous avons fait

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