La reine de Saba
Saba
n’était plus sous la paume d’Almaqah. Ils craignaient pour le peuple de Maryab
et d’Axoum.
J’ai
dit : Rien de ce qui est dans les enceintes de Maryab et d’Axoum n’est
changé. Les sanctuaires d’Almaqah, le dieu de mon père, sont les sanctuaires
d’Almaqah. Vous ferez vos sacrifices. Vous serez prêtres et vous serez sous la
paume de votre dieu.
J’ai
dit : Makéda, reine de Saba, va sous la paume du dieu unique des Hébreux.
Elle ne contraint personne à la suivre. Ni aujourd’hui ni demain.
Les
prêtres ont dit : On verra.
J’ai tenu
parole. Ils sont nombreux à m’avoir suivie par leur seule volonté.
Sur le
bateau, loin en avant dans la mer Pourpre, j’ai annoncé : Je suis pleine,
je vais enfanter. Un enfant de Salomon, fils de David, roi de Juda et Israël.
À nouveau,
tous ont été inquiets, sans oser lever les yeux vers moi.
Tamrin, le
plus beau guerrier de Saba, avait des pleurs. Après des jours, il est venu
devant moi pour déclarer : Makéda, fille d’Akébo, tu es ma reine, sous la
paume du dieu des Hébreux comme sous la paume d’Almaqah. Mon cœur est pour toi
jusqu’à la mort. Mon cœur te souhaite mille ans de vie.
Sur le
bateau, A’hia le scribe est le seul à être heureux avec moi. Élihoreph est
resté à Jérusalem pour mourir sur la terre de ses pères. Il a dit à son
fils : Suis la reine de Saba et tu seras grand sous le regard de Yahvé. Le
temps viendra de ton retour à Jérusalem.
À Axoum,
joie des retrouvailles puis consternation.
Je dis à
tous ce que j’ai dit sur le bateau : Makéda ne contraint personne à la
suivre sous la paume de l’Éternel.
Ils
réfléchissent, ils s’apaisent.
Mon oncle
Myangabo annonce à tous : Un nouveau pharaon règne sur le Nil. Il aime la
guerre, la puissance et contraindre les peuples. Le commerce de l’or et des
encens avec Juda et Israël, avec les peuples amis de Salomon, sera bénéfique
pour nous. Posséder des armes de fer pour nous défendre, des chars et des
chevaux, sera bénéfique pour nous. Pharaon se détournera de nous.
Depuis,
Myangabo est mort en sacrifiant à Almaqah. Que l’Éternel le bénisse car il était
fidèle en tout.
Himyam est
encore près de moi. Himyam a dit : La sagesse parle plusieurs langues et
va sous la paume de plusieurs dieux. Elle habite le corps des femmes comme le
corps des hommes. La sagesse ne sépare pas, elle unit. Elle veut la paix et le
ventre plein. Makéda fille d’Akébo le Grand sait combattre et régner sagement.
Elle est reine de Saba par le sang et la justice. Rien n’est changé. L’alliance
avec Salomon nous est bénéfique.
Kirisha
est accourue pour caresser mon ventre rond. Elle a dit : Je savais. Quand
on approche de l’amour, il n’y a pas de choix. Aimer, on n’a pas le choix. Le
seul choix des épouses : ne pas laisser pourrir le fruit.
Kirisha
est près de moi. Vieille femme et grande sagesse.
Tan’Amar a
attendu que l’enfant naisse et qu’il soit un fils pour quitter Maryab et
m’approcher.
Tan’Amar
le plus grand guerrier après Akébo mon père. Tan’Amar, mon général. Il vient en
pleurs. Il vient le cœur lourd. Il est sans voix et aussi sans reproche.
Je lui
baise les lèvres, je lui dis : Pas de mensonge entre nous qui avons
combattu le serpent. Je sais ce que tu sens. Je suis un démon dans tes
entrailles. Tu peux partir et t’éloigner, m’oublier. Je te donnerai la
richesse, je te donnerai le pouvoir sur Maryab, je te donnerai ce qu’il me
reste d’amour.
Je lui
dis : Tu peux rester et éduquer mon fils à devenir aussi grand et
admirable que toi. Je te donnerai mon regard, ma présence, je te donnerai ce
qu’il me reste de cœur. Je te donnerai le siège du pouvoir à côté de moi. Ce
que je ne pourrai jamais te donner, c’est la source de Makéda, la chair de la
reine de Saba. Salomon a tout emporté.
Il lui
faut une lune et plus pour se décider.
Il vient
vers moi, il ressemble au taureau dans l’enceinte de Bilqîs. Il dit : Je
n’ai pas le choix. Tu es ma reine. J’ai goûté à cent femmes en cherchant le
goût de Makéda. J’ai trouvé cent femmes amères, j’ai été injuste envers cent
femmes. Je peux te fuir, tu seras là. Ton père a tiré ma vie d’un charnier. Je
lui dois mon souffle. Ta beauté a tiré mon cœur hors de ma volonté dès que tu
es devenue femme. Je te dois cette faiblesse qui fait de moi un homme juste. Si
j’avais pu, j’aurais tué Salomon avant qu’il
Weitere Kostenlose Bücher