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La Reine Sanglante

La Reine Sanglante

Titel: La Reine Sanglante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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lendemain matin, pour attendre Lancelot Bigorne.
    Or, dans le courant de cette nuit, Tristan conduisit Buridan à l’écurie où avaient été placés les chevaux, et lui montra plusieurs sacs.
    « Qu’y a-t-il là ? demanda Buridan.
    – La dot de Myrtille ! » répondit le vieux serviteur.
    C’était le trésor de Marigny, le trésor que Valois avait vainement fait chercher dans l’hôtel de la rue Saint-Martin.

XLVII
 
LE SUPPLICE DES D’AULNAY
    Stragildo était demeuré seul dans le cachot où, grâce à la plus audacieuse des manœuvres, Buridan l’avait enfermé au lieu et place de Gautier. Une heure se passa avant que les vapeurs du stupéfiant que lui avait administré Haudryot se fussent assez dissipées pour qu’il pût se rendre compte de ce qui lui arrivait.
    D’abord, il se figura qu’il n’avait pas quitté le caveau de la Courtille-aux-Roses et, ayant constaté qu’il n’avait plus d’entraves ni aux mains ni aux pieds, il s’occupa aussitôt de chercher un moyen d’évasion.
    « Je me suis bien enfui une fois, grogna-t-il. Pourquoi ne m’enfuirais-je pas encore, et par les mêmes moyens ? »
    Comme il disait ces mots, une sorte de ressouvenir s’éveilla dans son esprit et, peu à peu, s’y précisa. Les dernières paroles de Buridan résonnèrent en lui comme s’il les eût entendues à ce moment-là. Stragildo éclata de rire et grommela :
    « La farce est bonne. Je suis ici à la place de Gautier ! Mais je ne suis pas Gautier, moi ! Je suis Stragildo, le gardien des fauves du roi et de la reine. Je suis un personnage important dans l’État. Or donc, puisque Buridan a été assez fou pour me mettre à la place de Gautier et que je ne suis pas Gautier, je n’ai qu’à appeler. On vient. On me reconnaît. On me relâche. Et alors, oh, alors, malheur à toi, Buridan du diable ! »
    Il se mit à frapper du poing dans la porte.
    « Holà ! Holà ! archers ! Ouvrez. Çà ! à l’instant, ou je me plaindrai à la reine. »
    On n’ouvrit pas. Personne ne répondit.
    Stragildo frappa plus fort. Bientôt il se mit à pleurer. Bientôt ses poings saignèrent. Bientôt la rage et la terreur combinèrent leurs forces dissolvantes et il tomba tout de son long épuisé, sur les dalles du cachot.
    Quand il sortit de ce demi-évanouissement, Stragildo poussa une clameur funèbre. Il sentit ses cheveux se dresser sur sa tête. L’épouvante s’abattit sur lui en coup de foudre : car, maintenant, il était tout à fait libéré de son ivresse ; maintenant, il se rappelait tout ; maintenant, il comprenait.
    Tout à coup, Stragildo entendit des pas nombreux et le bruit des armes entrechoquées.
    Il s’arrêta alors et respira longuement. Il était hideux, couvert de sang, les habits en lambeaux, la barbe et les cheveux hérissés. Mais un sourire balafrait ce visage terrible : on venait enfin ! Il allait être délivré !…
    La porte s’ouvrit. Stragildo eut la vision soudaine des torches, des archers nombreux, de deux aides du bourreau et d’un homme vêtu de noir qui disait :
    « Gautier d’Aulnay, écoute la sentence qui a été prononcée contre toi et ton frère…
    – Je ne suis pas Gautier ! hurla Stragildo. À moi ! Au meurtre ! Conduisez-moi à monseigneur de Valois ! Je suis Stragildo ! Regardez ; regardez tous !… Gautier est parti avec Buridan ! »
    Il y eut un moment de stupeur, puis des cris d’effarement, puis, Stragildo fut repoussé dans le cachot et la porte se referma. On entendit encore ses hurlements, mais on n’y prenait pas garde. Il y avait une chose sûre : c’est que Gautier d’Aulnay avait fui et avait été remplacé par Stragildo ! L’homme noir, les aides, plusieurs archers avaient parfaitement reconnu le gardien des fauves !…
    En voyant arriver l’officier du poste, tout pâle et défait, Jean de Précy comprit que quelque grave événement venait de se passer. Il mit donc pied à terre et suivit le capitaine qui, une fois dans la salle du corps de garde, se mit à lui faire le récit de ce qui s’était passé.
    Et, comme preuve, il montra le parchemin que lui avait laissé Buridan.
    Jean de Précy examina le papier, puis, hochant la tête :
    « Bien vous prend, sire capitaine, d’avoir eu l’idée de garder ce parchemin ; sans quoi, je crois que votre tête ne serait plus des plus solides sur vos épaules. Mais le sacripant a agi de par le roi. Rien à faire. Rien à dire.
    – Sacripant, soit !

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