La Traque des Bannis
brigands jusqu’à leur repaire, puis y avait conduit une troupe de cavaliers qui les avait arrêtés.
Dès que Gilan se joignit à ses amis, Jenny délaissa quelque peu Will et Halt pour se montrer prévenante vis-à-vis du grand Rôdeur – chose qui n’échappa à personne.
Comme à l’ordinaire, Halt et Will ne s’appesantirent guère sur les détails de leur mission. Ils se contentèrent d’en retracer les grandes lignes pour le baron, qui les écouta d’un air approbateur. Leur rapport approfondi serait envoyé à Crowley, puis transmis au roi Duncan. Mais les gens étaient accoutumés à l’attitude discrète des Rôdeurs, qui n’aimaient guère être le centre de l’attention.
Dame Pauline, bien entendu, eut droit au récit complet de leur aventure, que lui fit son époux.
Plus tard ce soir-là, alors que les derniers convives quittaient bruyamment la grande salle du château, Dame Pauline entraîna Will à l’écart afin de s’entretenir avec lui. Elle arborait une expression plus grave qu’à l’accoutumée et le jeune homme devina qu’elle avait dû beaucoup s’inquiéter pour son époux durant leur absence.
— Halt m’a raconté ce qui s’était passé dans le nord. D’après lui, sans Horace et toi, il serait mort.
Will, embarrassé, se dandina d’un pied sur l’autre.
— Tout le mérite revient à Malcolm, ma dame, commença-t-il.
Voyant qu’elle s’apprêtait à le réprimander, il se hâta de corriger :
— Pauline, je veux dire. Après tout, c’est lui qui a soigné Halt.
— Mais c’est toi qui as chevauché jour et nuit pour aller chercher le guérisseur. C’est toi qui as capturé cet assassin afin que Malcolm puisse savoir quel poison avait été employé. C’est donc toi, Will, que je souhaite remercier de tout mon cœur.
Cependant, le jeune homme secouait la tête. Une chose le taraudait depuis l’instant où il avait découvert le bras infecté de Halt. Une chose que lui seul était capable de formuler.
— Ma dame… euh, Pauline, avant notre départ, vous m’aviez demandé de veiller sur lui.
— Oui, je m’en souviens.
— Eh bien, je n’ai pas tout à fait été à la hauteur de cette tâche. J’aurais dû comprendre qu’il n’allait pas bien et examiner cette blessure beaucoup plus tôt. Je savais qu’il avait été touché, mais je n’y ai pas prêté assez attention, alors qu’il se comportait bizarrement. J’aurais dû faire preuve de plus de sagacité.
Du bout des doigts, la Messagère frôla la joue de Will. Il était si jeune, songea-t-elle, et pourtant déjà confronté à tant de responsabilités. Elle savait que Halt et elle n’auraient sans doute jamais d’enfant. Ce jeune homme serait leur fils, décida-t-elle. Et elle n’aurait pu souhaiter en avoir de meilleur.
— Pauline, poursuivait Will, j’ai failli échouer. Un peu plus, et je laissais tomber Halt.
— Ce n’est pourtant pas ce que tu as fait, n’est-ce pas ? répondit-elle. Tu ne l’as pas laissé tomber. Et jamais cela n’arrivera, j’en suis convaincue.
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