La Traque des Bannis
Messagères du roi.
Halt, immobile, attendit que son épouse approche. D’ordinaire, il n’aimait pas s’exhiber en public, mais à la vue de Pauline, qu’il aimait depuis tant d’années, il sentit son cœur s’emballer. Il se souvint d’avoir récemment frôlé la mort, tandis que son corps luttait contre le poison du Génovésien. Dire qu’il avait failli ne plus jamais revoir Pauline, qu’il avait épousée si peu de temps auparavant… Il écarta ses réticences habituelles et s’avança pour l’étreindre et l’embrasser longuement.
L’assemblée ne put retenir une exclamation d’enthousiasme.
Will, qui observait son ancien maître avec surprise, sentit une main se poser doucement sur son bras. Ses yeux croisèrent ceux d’Alyss.
— Il me semble que c’est une bonne idée, dit-elle en indiquant Halt et Dame Pauline d’un petit signe de tête.
Le jeune Rôdeur ne put qu’approuver. Il prit Alyss dans ses bras et lui donna un baiser, si long qu’il en eut le tournis.
Et la foule de lancer une nouvelle clameur de joie.
Les deux couples finirent par se séparer et reculèrent, mains jointes, sans cesser de se regarder dans les yeux. Le Baron Arald s’éclaircit la gorge et prit la parole.
— Mes amis ! Pareille occasion mériterait un petit discours…
L’assemblée soupira. Le baron eut un sourire bienveillant.
— Pas cette fois, cependant, conclut-il.
La foule lança alors une acclamation soulagée. Arald aimait peut-être le son de sa propre voix, songea Will, mais il savait aussi s’y prendre pour ne pas déplaire à ses sujets.
— À la place, poursuivit le seigneur du fief, j’organise un festin de bienvenue en l’honneur de nos deux Rôdeurs. Il se déroulera ce soir dans la grande salle du château.
À ces mots, tous se réjouirent bruyamment.
— Qui est-ce ? demanda Alyss en remarquant un petit ballot qui se trémoussait, coincé dans le gilet de Will.
— Je te présente Ébène, répondit-il en sortant le chiot.
La jeune fille tapota gentiment la tête de l’animal.
— Méfie-toi, elle va essayer de te mordre, la prévint Will.
Mais Alyss leva les yeux au ciel.
— Bien sûr que non. C’est une vraie dame.
En effet, la petite chienne se laissa caresser par Alyss sans gronder ni mordre, contrairement à son habitude. Will, étonné, haussa les sourcils.
— Il suffit de savoir comment traiter une dame, répliqua la jeune Messagère en souriant.
Will reposa le chiot sur les pavés. L’espace d’un instant, Ébène resta campée là, observant ce nouvel environnement peuplé de pieds, de jambes et de créatures immenses. Puis, la queue baissée, elle courut se réfugier entre les sabots avant de Folâtre. Une fois à l’abri, elle releva la queue ; décidant sans doute qu’elle était désormais en sécurité, elle recommença à japper. Le cheval inclina la tête pour l’observer, puis jeta un coup d’œil à Will et à Alyss.
Allez prendre du bon temps, tous les deux. Je vais veiller sur elle.
****
Le Baron Arald aimait les banquets. Et les meilleurs étaient ceux durant lesquels Maître Chubb et son ancienne apprentie, Jenny, rivalisaient d’inventivité pour créer les plats les plus raffinés qui soient. Voilà pourquoi le baron leur avait suggéré de se charger tous les deux de l’organisation de ce festin.
Celui-ci fut excellent et l’on déclara Maître Chubb et Jenny vainqueurs à égalité. Les deux cuisiniers s’affairaient sans relâche autour de la table d’honneur, où étaient assis les Rôdeurs et leurs amis,offrant sans cesse des morceaux de choix à Will et à Halt, tandis que nombre d’admirateurs défilaient devant eux pour leur souhaiter la bienvenue. Les habitants de Montrouge étaient particulièrement fiers de leur Rôdeur et de son ancien apprenti, et Messire Rodney, Maître des Guerriers, était le premier à chanter leurs louanges. Celui-ci rougit de plaisir lorsque Halt lui apprit qu’Horace s’était distingué au cours de leur périple.
Gilan, qui arriva au milieu du repas, fut accueilli avec joie. Durant l’absence de Halt et de Will, le Rôdeur avait été chargé du fief de Montrouge et revenait tout juste d’une mission : sachant le vieux Rôdeur parti, des bandits de grand chemin s’en étaient pris aux voyageurs ; ils avaient découvert avec surprise que Gilan, un adversaire tout aussi habile et sans doute plus énergique que Halt, remplaçait ce dernier. Le grand Rôdeur avait traqué les
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