Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'amour à Versailles

L'amour à Versailles

Titel: L'amour à Versailles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Baraton
Vom Netzwerk:
« faible de corps et d’esprit » pour gouverner et l’écarte du Conseil. L'humiliation est totale : « Tu es né roi, mais tu n’es même pas capable de régner. » C'est un coup à vous rendre l’estime de soi pas plus grosse qu’un petit pois. Dans le regard de sa mère, il ne sent aucune admiration. Bien que d’essence on ne peut plus roturière, quand j’avais treize ans, je n’étais pas plusfier : mes parents s’inquiétaient de mes piètres résultats scolaires. J’appartenais au club dont personne ne souhaiterait être membre, celui des « Mais qu’est-ce qu’on va faire de toi ! », alors, malgré les siècles, j’imagine sans difficulté quel pouvait être le sentiment de Louis XIII. Moi, au moins, j’ai eu la chance d’avoir des proches qui m’ont encouragé, professionnellement et sentimentalement. Je me souviens très nettement du jour où, me montrant dans une revue le décolleté prolifique d’une actrice italienne, mon grand-père me dit : « Tu vois, ta mémé, quand je l’ai épousée, elle avait des seins comme ça. » C'est un détail, mais je sais que ce jour-là j’ai compris que je pourrais peut-être quitter le cercle des « Mais qu’est-ce qu’on va faire de toi ! » pour rejoindre celui des hommes. Malgré toutes les attentions dues à un roi, Louis XIII n’a pas eu cette chance.
    Il a toujours regretté la mort de son père et les escapades versaillaises qu’ils faisaient tous les deux : souvent il vient dormir tout seul à l’ Hostel où pend l’écu . La régente intervient, soupçonnant son fils de préférer ses virées solitaires à l’exercice du pouvoir : un roi ne dort pas dans un bouge. Louis XIII « s’impose » en faisant construire le premier château de Versailles. En fait de château, il s’agit d’abord d’un rendez-vous de chasse, élevé sur les quelque sept cents arpents que le roi aachetés à divers propriétaires. Il y dort pour la première fois le 9 mars 1624. Féru de l’endroit, du calme et de l’émancipation qu’il lui offre, il demande à son architecte Philippe Le Roy d’y élever un pavillon, le fameux bâtiment rose que nous voyons encore aujourd’hui. Il fait construire également près de son château des jeux de paume. Il y a deux sortes de jeu de paume, le jeu de longue paume qui se joue en plein air, et le jeu de courte paume qui se pratique en intérieur, dans un local baptisé tripot. Les hommes aiment se réunir dans ces endroits exclusivement masculins, si bien que l’expression devient péjorative et donne naissance au terme « tripoter ».
    Un petit bijou rose aux portes de Paris, bucolique, loin du despotisme maternel, des jeux, une solitude bien aménagée, le lieu a tout d’une garçonnière royale. Toutefois, s’il était habile au jeu de paume, Louis XIII était un piètre tripoteur. D’un caractère maussade, triste mais sans la faiblesse du mélancolique qui fait battre le coeur des demoiselles maternantes, le fils d’Henri IV – les mauvaises langues prétendent d’ailleurs qu’il serait un bâtard – se révèle un séducteur exécrable, auquel la renommée, pourtant avide d’anecdotes royales et savoureuses, peine à trouver la moindre affaire coquine. L'homme le plus en vue du royaume est un bonnet de nuit, qui s’ennuie et quiennuie. On raconte qu’il passait beaucoup de temps à bayer aux corneilles, et que, lorsqu’il avait besoin de compagnie, il demandait à l’un de ses proches de le rejoindre en disant : « Mettons-nous à cette fenêtre, puis ennuyons-nous. » Le roi est pourtant bien fait de sa personne : les traits doux, le visage allongé, les yeux rêveurs et la fameuse fine moustache lui confèrent une élégance qui aurait pu être séduisante. Les années l’embellissent. Il danse avec grâce et passe pour un bon cavalier, mais on ne lui prête que des « personnages ridicules ».
    Son médecin, Jean Héroard, avec la perspicacité têtue propre à son corps de métier, note à sa naissance qu’il est un enfant « colère », et qu’il sera, à n’en pas douter, un homme robuste et sanguin, porté sur les plaisirs de la chair. En outre, ce roi qui ne sait pas se divertir est volontiers vertueux. Un cocktail insipide qui fait que Louis XIII est peut-être le seul roi auquel on ne prête aucune maîtresse ! Dans les listes impressionnantes énumérant les favorites des majestés, on passe pudiquement d’Henri IV à Louis XIV.
    Il faut dire que son entrée dans la

Weitere Kostenlose Bücher