Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'arc de triomphe

L'arc de triomphe

Titel: L'arc de triomphe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: E.M. Remarque
Vom Netzwerk:
-Veuillez tout de même attendre un moment, monsieur.
    –  Je suis pressé. Je dois me rendre d’urgence auprès d’un malade.
    –  Vous êtes le médecin ?
    –  J’ai lié l’artère, voilà tout. Il ne reste plus qu’à attendre l’ambulance.
    –  Je dois inscrire votre nom, docteur. Vous étiez témoin.
    –  Je n’ai pas vu l’accident. Je suis arrivé après.
    –  Je dois quand même inscrire toutes les circonstances. C’est un accident grave, docteur.
    –  Je le vois bien », dit Ravic.
    L’agent chercha à découvrir le nom de la femme. Elle était incapable de répondre à ses questions. Elle le fixait sans le voir. Il se pencha sur elle avec sollicitude. Ravic jeta un coup d’œil autour de lui. La foule lui barrait partout le passage.
    « Écoutez, dit-il au policier, je suis très pressé…
    –  Docteur, il est nécessaire que je fasse toutes les constatations. Il est important que j’aie votre nom. La femme peut mourir, vous savez.
    –  Elle ne mourra pas.
    –  On ne sait jamais. Et puis il y a la question des dommages.
    –  Avez-vous fait venir l’ambulance ?
    –  Mon collègue s’en est chargé. Si vous me faites des difficultés, vous allez tout simplement causer une perte de temps.
    –  La femme est à moitié morte et le médecin veut s’en aller, dit une voix d’un ton de reproche.
    –  Elle serait morte maintenant, si je ne m’étais pas porté à son secours, répondit-il à l’interlocuteur anonyme.
    –  Dans ce cas, répondit la voix avec une logique irréfutable, il faut que vous restiez. »
    Ravic entendit le déclic d’un appareil photographique. Un homme souriant lui demanda :
    « Docteur, auriez-vous l’amabilité de vous pencher sur elle, comme vous l’avez fait tout à l’heure ?
    –  Non.
    –  C’est pour les journaux, lui dit l’homme.
    –  Allez au diable ! dit Ravic. Il est nécessaire que cette femme soit transportée immédiatement. Le pansement que j’ai fait est tout à fait temporaire.
    –  Une chose après l’autre, docteur, dit l’agent de police. Je dois d’abord faire mon rapport. Comment vous appelez-vous ? demanda-t-il à la femme. Il faut que nous le sachions. »
    Elle remua les lèvres mais aucun son n’en sortit. Ses paupières battaient comme les ailes d’un papillon épuisé de fatigue, pensa Ravic. Et il se dit : « Triple idiot que je suis ! Il faut que je trouve le moyen de m’esquiver. »
    « Marcel… dit la femme dans un souffle.
    –  Hein ? Quoi ? » Le policier se pencha rapidement vers elle. « Qu’avez-vous dit, madame ? »
    Il n’obtint aucune réponse.
    Le hurlement déchirant d’une sirène engloutit tous les bruits.
    C’était l’ambulance. « Voilà le moment », pensa Ravic. Il fit un pas avec précaution. Mais le policier le retint.
    « Il faut venir au poste avec nous, docteur. Je le regrette, mais c’est indispensable. »
    Il se trouvait maintenant entre les deux agents. Il n’y avait rien à faire. « Espérons que tout ira bien », se dit-il, et il les suivit.
     
    Au poste, le commissaire en charge avait écouté patiemment le récit du gendarme. Il se tourna maintenant vers Ravic.
    « Vous n’êtes pas Français », dit-il.
    Ce n’était pas une question, mais une affirmation.
    « Non, dit Ravic.
    –  Qu’êtes-vous ?
    –  Je suis tchèque.
    –  Comment se fait-il que vous pratiquiez la médecine ici ? Les étrangers ne peuvent pratiquer, à moins d’être naturalisés.
    –  Je suis ici en touriste, dit Ravic en souriant.
    –  Où est votre passeport ?
    –  Est-ce bien nécessaire, Fernand ? demanda quelqu’un. Ce monsieur est venu en aide à la femme et nous avons son adresse. Ça devrait suffire. Il y a d’autres témoins.
    –  Je sais, mais ça m’intéresse. Alors, vous avez votre passeport ?
    –  Sûrement pas, dit Ravic. Vous savez bien qu’on ne garde pas cela sur soi.
    –  Où est-il ?
    –  Au consulat. Je l’ai laissé il y a une semaine pour obtenir une prolongation de séjour. »
    Il savait que, s’il avait dit que le passeport était à son hôtel, il était probable qu’on l’eût envoyé chercher par un agent. De plus, il avait donné une fausse adresse. Avec le consulat, il y avait une chance.
    « À quel consulat ? demanda le commissaire.
    –  Au consulat tchèque.
    –  Nous pouvons téléphoner et vérifier ? »
    Il regarda Ravic.
    « Naturellement. »
    Fernand attendit une

Weitere Kostenlose Bücher