L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford
l’hospitalité
de Jesse James Jr et le jeune avocat la lui accorda, mais au bout d’un mois, Kelly
reprit son errance, qui s’acheva en janvier 1904 à Oklahoma City, où Kelly eut
une altercation avec un agent de police qui l’interpellait pour cambriolage. Alors
qu’ils luttaient, Kelly s’acharna à mordre les oreilles du policier, qui
finalement dégaina son pistolet et logea une balle dans la tête du vagabond. Kelly
fut enterré dans un cimetière des pauvres, sans funérailles ni cérémonie.
Robert Newton Ford travailla pendant tout le
début de l’après-midi du 8 juin à l’Omaha Club, où il approvisionna le bar en
whisky maison tout en en servant quelques dés à coudre à des mineurs des
Cornouailles assis au comptoir. Il retira son veston, le suspendit à un clou, puis
défit sa cartouchière, l’enroula autour de l’étui, qu’il nicha contre la caisse
enregistreuse. Un certain Walter Thomson, de Kansas City, fit un commentaire à
propos de l’épingle de cravate de Bob et des opales, qui attiraient le mauvais
sort.
« De toute façon, je n’ai pas une chance
terrible ces temps-ci, répliqua Bob. Je doute qu’une opale y change grand-chose. »
Thomson répondit qu’il savait ce que Bob voulait dire. Le soleil était haut et
il commençait à faire chaud. Des hommes avaient fait boire de la bière à un âne
et riaient à la vue de l’animal qui titubait au milieu de San Luis Avenue. Le
shérif adjoint Plunket avisa Ed Kelly, accroupi dans l’ombre d’une ruelle, qui
surveillait l’Omaha Club, mais n’interpréta cela que comme un nouvel exemple de
la bizarrerie de son collègue.
Une jolie hôtesse du nom d’Ella Mae Waterson
entra dans le saloon avec la liste complète des souscripteurs pour les obsèques
de Miss Nellie Russell, que Bob consulta en formulant son opinion sur chacun
des donateurs. Ella Mae Waterson apprit à Bob que Soapy Smith y était allé de
sa contribution juste avant de partir pour Denver ce matin-là. Constatant que
Smith s’était engagé à verser cinq dollars, Bob inscrivit son nom sur la ligne
d’en dessous, accompagné d’une promesse de don deux fois supérieure. Puis, citant
l’une des épîtres de saint Pierre, il fit suivre la mention : « La
charité couvre une multitude de péchés. »
Il était quatre heures moins vingt quand
French Joe Duval, alors sous l’emprise du whisky, franchit le coin du Café et
se dirigea vers l’Omaha Club en extrayant avec peine un fusil de chasse de
dessous son ample manteau. Le petit Albert Lord s’élança hors de la forge de
son père afin d’aller chercher de la monnaie sur un billet de vingt dollars au
saloon et Edward O. Kelly lui emboîta le pas. Le shérif adjoint de Bachelor
ralentit juste assez pour se saisir du fusil de French Joe, puis appliqua le
double canon contre la nuque de l’enfant en un froid baiser métallique et lui
susurra : « Écarte-toi, Albert. »
Edward O. Kelly passa du soleil du dehors à la
lumière jaune de la tente et surprit le tueur de Jesse James en train de rire
avec Ella Mae Waterson, dos à la rue. Kelly épaula le fusil et s’exclama :
« Bien le bonjour, Bob ! » Et tandis que celui-ci se retournait
en homme bien élevé qui reconnaît un salut qui lui était adressé, l’arme fit
feu une première fois, puis une seconde, à un mètre et demi de distance, les
deux volées de plomb compactes lacérèrent le cou et la mâchoire de Bob, lui
déchiquetèrent la carotide et la jugulaire, lui labourèrent la peau, incrustèrent
son bouton de col dans l’un des poteaux. Son corps fut projeté en arrière, il
ébranla le plancher et Ella Mae Waterson poussa un hurlement, mais Robert Ford
se contenta de fixer le plafond et ses yeux s’éteignirent avant qu’il eût le
temps de trouver les mots justes.
Remerciements
Mes principales sources pour ce livre ont été
les journaux du Missouri de l’époque ainsi que les ouvrages suivants : The
Man Who Shot Jesse James de Cari W. Breihan, The Crittenden Memoirs de H. H. Crittenden, Jesse James Was My Neighbor de Homer Croy, The
New Eldorado de Phyllis Flanders Dorset et Jesse James Was His Name de William A. Settle. Je voudrais exprimer ma gratitude à ces auteurs pour les
informations et l’aide qu’ils m’ont apportées, ainsi qu’au National Endowment
for the Arts et à la University of Michigan Society of Fellows pour m’avoir
accordé les bourses m’ayant permis d’achever ce roman.
Weitere Kostenlose Bücher