Le Bal Des Maudits - T 2
Françoise, les Français nous battront tous encore… La vodka dans la chambre à coucher de Gretchen, le whisky et le cognac et le vin, sur les planches du placard, et la broche qu’il lui avait offerte… Le Français déchaussant le sergent Behr, sur la plage, après le passage des avions, toujours les avions… « Écoutez. Quand un soldat s’engage dans une armée, n’importe quelle armée, cette armée signe avec lui une sorte de contrat implicite… » Qui donc avait bien pu prononcer ces paroles ? Était-il mort, lui aussi ? Cinquante francs pour un verre de cognac, servi par un vieillard aux dents pourries. La fin justifie les moyens… C’était la fin, et quels moyens justifiait-elle ? D’autres choses… La jeune Américaine, sur la pente neigeuse. Encore un et je me retire… L’Américain maladroit, stupidement brave, et survivant par chance, par hasard, par la volonté de Dieu… 1918, inscrit à la craie, sur le mur de l’église ; les Français savaient, ils avaient toujours su…
Le mécanisme détraqué fonctionnait par à-coups. Il commençait à faire très froid. Les lambeaux de soleil accrochés aux branches devenaient de plus en plus petits…
Deux balles, et le fusil s’était enrayé. Évidemment, c’était inévitable. « Toute ma compagnie est rentrée à Munich, encore en possession de ses armes. C’était beaucoup plus organisé. » L’important, c’était de pouvoir toujours mettre la main sur une bicyclette, a Combien de temps, songea-t-il, plein de pitié envers lui-même, combien de temps pensent-ils qu’un homme puisse courir ? »
Puis il vit l’Américain. L’Américain ne se donnait plus la peine d’être prudent. Il se dirigea tout droit vers lui, à travers le soleil verdoyant. L’Américain n’était plus un jeune homme et n’avait pas l’allure d’un soldat. L’Américain était debout, le dominait de toute sa taille.
Christian sourit.
– Bienvenue en Allemagne, dit-il en bon anglais.
Il regarda l’Américain lever son fusil et presser la détente…
Michael regagna l’endroit où il avait laissé Noah. La respiration s’était arrêtée. Le jeune homme gisait, paisible, parmi les fleurs. Michael l’observa un instant, les yeux secs. Puis il chargea Noah sur son épaule, et, sans s’arrêter une seule fois, retourna au camp, dans le crépuscule. Et il refusa de laisser qui que ce soit l’aider à le porter, parce qu’il savait qu’il devait re mettre lui-même, au capitaine Green, le corps de Noah Ackerman.
FIN
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