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Le cercle de Dante

Le cercle de Dante

Titel: Le cercle de Dante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matthew Pearl
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vieux de presque quatorze ans.
    Laissant les siens à leur partie de pêche dans les Berkshires, Kenneth Stanton partit en promenade. Sur un sentier envahi par les herbes, il tomba sur une étrange série d’animaux morts – un raton laveur au nombril gorgé de sang, un renard et enfin un ours noir. Il les contemplait dans un état prochede l’hypnose, dit-il à ses parents, quand il glissa et atterrit durement sur des roches déchiquetées. Et c’est là, tandis qu’il gisait sans connaissance, la cheville brisée, qu’il subit cette attaque de mouches dont il succomberait cinq jours plus tard à l’hôpital, suite à des convulsions soudaines, alors qu’il était sur la voie de la guérison. L’autopsie révéla la présence dans son corps de douze larves de Cochliomyia hominivorax, l’espèce la plus mortelle du monde, éradiquée depuis cinquante ans. Du moins le croyait-on.
    Mais cette mouche a fait sa réapparition, dotée de la capacité nouvelle de vivre sous de nombreux climats. Depuis, elle s’est répandue dans le Moyen-Orient par le biais de marchandises exportées et, à l’heure où j’écris ces lignes, elle décime le bétail du nord de l’Iran, faisant des ravages dans l’économie de la région. Selon une théorie publiée l’année dernière dans les Abrégés de l’entomologie, ce serait la variété présente dans le nord-est des États-Unis aux alentours de 1865 qui aurait effectué cette mutation.
    Comment cette mouche a-t-elle pu apparaître dans nos contrées ? Nous n’avons pas de réponse à cette question, sinon celle qu’apporte Le Cercle de Dante. J’y souscris, le cœur brisé. À ma demande, entre huit et quatorze de mes collègues du monde universitaire ont étudié ligne après ligne et avec un intérêt plus ou moins grand le manuscrit de M. Pearl. Après plus de cinq semaines, leur travail d’analyse et de classification des préceptes philologiques et historiographiques regroupés dans cette œuvre n’a fait apparaître que des erreurs mineures, uniquement imputables à l’ego de l’auteur. Chaque jour qui passe nous apporte une preuve plus évidente du désespoir et de l’enthousiasme que connurent Longfellow et ses protecteurs en l’année du six centième anniversaire de Dante.
    Mon texte n’étant plus la préface prévue au départ mais un avertissement, j’ai refusé toute rétribution pour sa rédaction. La mort de Kenneth Stanton rouvre la porte à L’Enfer de Dante et aux mystères qui sommeillent encore. En ce qui concerne ces derniers, je ne souhaite qu’une chose, lecteur : t’avertir. Si tu vas de L’avant, garde à l’esprit que parfois les mots sont faits de sang.
     
    Professeur C. Lewis Watkins
    Cambridge, Massachusetts {1}

Chant I
    1
    Assis sur le canapé de crin noir, coincé comme il l’était entre les deux femmes de chambre, le chef de la police de Boston prit une profonde inspiration dans l’espoir de restaurer un peu de son autorité déchue. En effet, bien que le salon proposât un vaste choix de chaises et de divans, les deux femmes se blottissaient tout contre lui et il devait se concentrer pour ne pas renverser son thé tant le siège vibrait sous l’effet de leur émotion. À gauche, les pleurs de l’Irlandaise qui avait découvert le corps lui hérissaient les poils de l’oreille sans qu’il parvînt à saisir un mot des prières étranges (parce que catholiques) qu’elle marmonnait entre deux sanglots ; à droite, le mutisme désespéré de la plus jeune, nièce de la précédente, lui déchirait quasiment le tympan.
    De par ses fonctions, John Kurtz avait déjà été confronté à des meurtres, pas assez souvent toutefois pour que cela devînt une habitude – en gros une ou deux fois l’an. Il arrivait d’ailleurs que Boston traversât des périodes de douze mois sans un seul homicide digne d’être mentionné. Et comme les rares personnes à se faire trucider étaient de basse extraction, il n’entrait pas dans ses attributions de consoler les éplorés. Cela eût-il été le cas, son impatience l’eût empêché d’exceller dans cette tâche. Celle-ci convenait mieux à son adjoint, le commissaire Edward Savage, qui se piquait de poésie.
    L’acte – seul terme que le chef de la police acceptai d’accoler à une situation à ce point horrifiante – était bien plus qu’un simple meurtre. C’était l’assassinat d’un notable, d’un brahmane {2} de Boston, d’un membre de

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