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le collier sacré de Montézuma

le collier sacré de Montézuma

Titel: le collier sacré de Montézuma Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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la maison de ce pauvre monsieur !
    Marie-Angéline tourna vers sa voisine un regard surpris :
    — Comment le savez-vous ?
    Le cordon-bleu de la princesse dégusta la question avec gourmandise :
    — L’ambassade d’Espagne est voisine de l’hôtel particulier et mon neveu y est valet de pied. Comme l’ambassadeur est absent et qu’il n’a pas grand-chose à faire, il observe volontiers ce qui se passe chez les voisins. Alors maintenant qu’il y a un disparu, vous pensez s’il ouvre les yeux et les oreilles !
    — Et alors ?
    La clochette de l’enfant de chœur précédant le prêtre qui montait à l’autel arrêta la réponse au bord des lèvres d’Eugénie. Les deux commères durent se relever et prendre leur part des « répons » liturgiques. Cela dura ainsi jusqu’à l’Évangile, après lequel le célébrant prononçait une brève allocution. On s’assit pour l’écouter. Marie-Angéline en profita :
    — Et alors ? reprit-elle.
    — Eh bien, hier, Gaston – mon neveu –, en allant chez le boulanger chercher des croissants, a rencontré Berthe, la cuisinière de M. Vauxbrun, qui venait acheter les siens. Il paraît que Servon, le maître d’hôtel, a donné sa démission et qu’il est parti. Elle en avait les larmes aux yeux et mon neveu n’a pas eu besoin de la forcer pour qu’elle se confie. Il lui a dit qu’il ne reviendrait qu’au retour de son maître parce qu’il ne voulait pas être tenu pour responsable de ce qui se passait. Paraîtrait que des choses ont disparu…
    — Des choses ?
    — Je ne peux pas vous dire quoi. Il y avait du monde dans la boulangerie, je n’en sais pas plus…
    Elle se tut. Si bas qu’elle eût parlé, des regards indignés fusillaient les deux bavardes. La messe terminée, Plan-Crépin fila vers la maison et une fois à destination grimpa chez M me  de Sommières sans prendre la peine d’ôter son manteau et son chapeau mouillés. Il pleuvait, en effet, et elle était si excitée qu’elle avait couru tout au long du chemin sans même songer à ouvrir son parapluie. Assise dans son lit, la vieille dame attendait son petit déjeuner en contemplant les nuages et les oiseaux peints sur son plafond. L’entrée de Marie-Angéline la ramena brutalement sur terre :
    — Vous n’avez pas l’intention de vous asseoir sur mon lit, trempée comme vous l’êtes ? protesta-t-elle. Vous avez perdu votre parapluie ou quoi ?
    — J’étais tellement pressée de rentrer que je n’ai pas voulu perdre du temps à l’ouvrir. J’ai des nouvelles de la rue de Lille !
    Et, sans respirer, elle raconta son dialogue avec Eugénie tout en se dépouillant de ses vêtements de sortie qu’elle ramassa sur son bras :
    — Il faut que j’aille prévenir Aldo de ce pas. Cela m’ennuie parce qu’il est rentré tard mais…
    — Il est parti depuis une demi-heure. Adalbert est venu le chercher pour aller voir l’endroit où la voiture a brûlé…
     
    Suivant les indications données par la presse, il ne fut pas difficile de trouver l’endroit en question. C’était une petite clairière à mi-chemin entre la Mare-aux-Fées et Vitry. La carcasse réduite à l’état de squelette était encore là. L’inspecteur Lecoq aussi, à qui l’arrivée des deux hommes n’eut pas l’air de causer un plaisir extrême. Les mains dans les poches de son imperméable, une casquette enfoncée jusqu’aux sourcils et la tête dans les épaules, il marchait à pas lents autour des débris :
    — Qu’est-ce que vous venez faire ici ? bougonna-t-il. Ce n’est pas un lieu de promenade, surtout par ce temps !
    — On n’est pas venus pour se promener, rétorqua Adalbert, mais sans prétendre à vos talents, il est assez rare qu’il n’y ait pas quelque chose à glaner sur les lieux d’un crime. Car c’en est un, puisqu’il y a eu un mort, sans compter les dégâts qu’aurait pu subir la forêt !
    — Ça, vous pouvez le dire ! soupira le policier. Les gardes ne cessent de nous harceler parce qu’il y a eu un ou deux arbres roussis et pour qu’on fasse enlever les débris au plus vite mais ce n’est pas notre boulot. Nous, on est là pour essayer d’extraire de ce tas de tôles le maximum de ce qu’il peut avoir à nous dire !
    — Il n’y avait qu’un seul corps ? demanda Morosini.
    — Un seul : celui du chauffeur. J’espère qu’on l’a assommé avant de mettre le feu, parce qu’on l’a retrouvé enchaîné à son siège.

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