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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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compagnon de ce jeune homme que vous avez lâchement et traîtreusement enfermé dans un tombeau. Je vous l’ai dit parce que c’était vrai. Maintenant je vous dis : je suis cet homme qui a vaincu des puissances qui eussent pulvérisé tout autre que lui – je répète ce que votre épouse, ici même, a dit tout à l’heure. Je suis le père du fils de la princesse Fausta. Le père de celui à qui appartiennent ces millions… de celui que vous avez décidé froidement d’assassiner pour le dépouiller plus à l’aise. Ces millions que vous voulez voler, mon devoir est de les défendre envers et contre tous, puisqu’ils appartiennent à mon fils. Mon droit est de rentrer en possession de ce papier volé qui appartient à mon fils… Allons, drôle, donne ce papier.
    Cette révélation inattendue abasourdit Concini. Il ne douta pas un instant de la parole de Pardaillan. Il se raidit quand même et tenta une résistance :
    – Et si je refuse ? fit-il d’un air de défi.
    Pardaillan tira sa longue rapière, en plaça la pointe sur la gorge de Concini qui se redressa, et de cette voix blanche qu’il avait dans ses moments de violente colère :
    – Le papier, dit-il, ou ta dernière heure est venue.
    Concini lut sa condamnation dans les yeux de Pardaillan. D’un geste instinctif, il porta la main à son pourpoint, mais en même temps, de la tête, furieusement, il fit : non !
    Froidement, Pardaillan poussa la pointe. Concini, vaincu, sortit la main de son pourpoint et tendit le papier qu’elle venait d’y prendre. Il était temps. Une larme rouge perla à l’endroit où s’était appuyée la pointe de la rapière, glissa lentement sur le cou, tomba sur le col de dentelle, sur lequel elle fit une tache rouge, pareille à une petite fraise, que Concini, livide de honte, regarda machinalement.
    Pardaillan rengaina. Il s’assit commodément et se mit à lire attentivement, aussi dédaigneux de Concini que s’il n’avait pas été là. Quand il eut achevé sa lecture, il avait au coin de l’œil cette lueur malicieuse qui dénotait qu’il s’apprêtait à jouer un bon tour de sa façon.
    – Monsieur, dit-il avec un air figue et raisin, je vous ai demandé de me faire voir ce papier. Je l’ai vu. Je vous le rends. Le voici.
    Pour le coup, Concini faillit tomber à la renverse. Que signifiait cette plaisanterie ? Qu’était-ce que cet homme et que voulait-il au bout du compte ?
    – Monsieur, reprit Pardaillan avec cette physionomie et cette intonation bizarres qui faisaient qu’il était impossible de savoir s’il parlait sérieusement ou s’il raillait, en m’introduisant chez vous, à votre insu, je n’avais qu’un but : délivrer ce jeune homme que vous séquestrez et auquel je m’intéresse. J’aurais pu, avec l’aide des trois compagnons que vous avez vus, et même tout seul, j’aurais pu délivrer malgré vous ce jeune homme. Mais je ne suis pas un homme de violence, moi. Ce que je vous dis là vous étonne à cause de mon geste de tout à l’heure.
    Mais ceci n’a été qu’un moment d’oubli que je regrette déjà parce que, je vous le répète, je ne suis pas un violent. La preuve en est que pouvant délivrer, monsieur, Jehan le Brave malgré vous, je préfère acheter sa liberté. Et, en conséquence, je vous propose un petit marché. Concini était complètement désemparé. Les manières de cet homme extravagant le déroutaient. Il ne savait plus que penser. Il ne savait même plus s’il devait le redouter ou si, malgré ses menaces et ses voies de fait, il ne devait pas se féliciter de la rencontre. Il ne répondit donc pas et attendit que Pardaillan dévoilât complètement sa pensée. Celui-ci, prenant son silence pour une approbation, continua :
    – Je vous demande donc la liberté de Jehan le Brave… En échange de quoi je vous autorise à prendre et garder pour vous tout ce que vous trouverez à l’endroit indiqué sur ce papier que je viens de vous rendre.
    Concini sursauta :
    – Quoi, monsieur, s’écria-t-il, vous voulez… Mais ce trésor appartient à votre fils !
    – Sans doute, monsieur, fit Pardaillan de ce même air qui eût donné à réfléchir à Concini s’il l’avait connu. Je vous entends. Vous vous dites que je n’ai pas le droit de faire perdre dix millions à mon fils. Mais remarquez que ce fils, je ne le connais pas et je ne sais si je le connaîtrai jamais. En revanche, je connais Jehan le Brave, et je vous l’ai dit, je

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