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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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m’intéresse à lui.
    Plus éberlué que jamais, vaguement méfiant, Concini murmura :
    – Pourtant dix millions, diable ! c’est une somme qu’on n’abandonne pas avec pareille désinvolture.
    Et en disant ces mots pour lui-même, assez haut cependant pour être entendu, il scrutait attentivement la physionomie de son interlocuteur.
    Pardaillan paraissait très sérieux. Concini eut beau l’étudier, il ne vit en lui aucune pensée de raillerie ou de supercherie. Le personnage avait plutôt l’air naïf et, en rapprochant cet air de naïveté des gestes accomplis, des paroles prononcées, le Florentin en venait à se persuader qu’il se trouvait en présence, sinon d’un fou, du moins de quelque esprit passablement détraqué.
    Ce que Concini ne vit pas, par exemple, ce fut, au coin de l’œil, cette jubilation de l’homme qui s’amuse follement. Ce qu’il ne perçut pas ce fut l’ironie dans ces paroles prononcées avec un naturel parfait.
    – Ces scrupules vous honorent. Mais soyez rassuré, le trésor que je lui donnerai, moi, est tel que ce que je vous abandonne n’est rien en comparaison. En conséquence, quittez tout souci à ce sujet.
    – Vous êtes donc bien riche ? s’écria Concini avec déjà une involontaire nuance de respect.
    – Je me trouve fabuleusement riche, répondit assez énigmatiquement Pardaillan.
    Et il ajouta :
    – Acceptez-vous, oui ou non, monsieur ?
    Ce qui arrivait à Concini le submergeait d’étonnement. S’être vu sous le coup d’une dénonciation qui pouvait l’envoyer droit à l’échafaud. Avoir été insulté, menacé, violenté. S’être vu à deux doigts de la mort. Avoir été bafoué, raillé, dépouillé. Tout cela pour, finalement, se trouver sain et sauf, remis en possession du précieux papier et enfin aboutir à cette offre extraordinaire de lui abandonner le trésor en échange de la liberté de Jehan.
    C’était fantastique, inouï, incroyable. L’abandon du trésor, en soi, le laissait indifférent. Cela ne l’eût nullement empêché de chercher à s’approprier un bien qui ne lui appartenait pas. Mais que de difficultés à surmonter, que d’obstacles à supprimer. Grâce à ce don volontaire tout s’aplanissait, tous les obstacles disparaissaient. Et quelle force pour lui de pouvoir dire aux compétiteurs qui ne manqueraient pas de surgir : ce que je veux prendre m’appartient puisqu’il m’a été donné en toute propriété.
    Et quant à Jehan le Brave, n’avait-il pas résolu avec sa femme de lui rendre – momentanément – sa liberté. Peu importait qui lui ouvrirait la porte. Cette liberté provisoire, le pacte même conclu avec cet étrange personnage ne pouvaient rien changer à sa résolution d’une vengeance ultérieure. Et pour le personnage lui-même, s’il oubliait pour l’instant ses injures et ses violences, il n’était pas homme à effacer si facilement. Tôt ou tard, il le repincerait. Mais pour l’instant, les intérêts en cause étaient assez considérables pour qu’il parût avoir oublié les étranges procédés de l’homme.
    A la question de Pardaillan, il répondit donc avec enthousiasme :
    – Oui,
corpo di Bacco !
mille fois oui !… Et je veux ouvrir moi-même au prisonnier la porte de son cachot.
    – Non pas, dit vivement Pardaillan. Laissons les choses telles que vous les aviez combinées avec M me  Concini. Mettez la fameuse clé derrière la porte, renvoyez vos gens, allez-vous-en vous-même et me laissez maître du logis jusqu’à demain.
    Et comme Concini ne cachait pas sa surprise, il ajouta d’un air indifférent :
    – Ce que j’en dis est à cause que vous paraissiez tenir vivement à ne pas avoir l’air de céder à la menace.
    Avec une joie qui n’était pas feinte, Concini s’écria :
    – Ah ! pardieu ! monsieur, on n’est pas plus galant. J’avoue qu’en effet, il m’eût été pénible d’ouvrir moi-même à mon prisonnier. Mais puisque vous voulez bien accepter les choses telles que je les avais arrangées, tout est pour le mieux. Je vous abandonne la maison jusqu’à demain… Je vous la donne même, et de grand cœur, si vous la désirez.
    Pardaillan vit qu’il était sincère. Et gravement :
    – Non, monsieur, dit-il, car alors vous en seriez de votre poche. Et plongeant ses yeux clairs dans les yeux de Concini, il ajouta :
    – Maintenant que nous sommes d’accord, je veux vous donner un bon conseil : n’entreprenez rien contre

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