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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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fût, à qui que ce fût, de ce qu’il avait entendu, il se fût cru déshonoré à ses propres yeux en le faisant.
    D’autre part, il n’entrait pas dans ses habitudes de se vanter de ce qu’il avait fait. De tout ceci, il résultait que, fait par lui, le récit de l’entretien qu’il avait eu avec Concini, entretien qui avait été assez mouvementé comme on l’a vu, se trouvait réduit à sa plus simple expression.
    Quant à dire que ses auditeurs le crurent sur parole et admirent que Concini avait cédé aussi facilement et aussi simplement que le prétendait Pardaillan, ceci c’est une autre affaire. Il n’y eut guère que Carcagne qui accepta de confiance les choses comme on les lui donnait. Jehan ni Gringaille ne furent dupes. Et Jehan traduisit sa pensée en disant avec un hochement de tête :
    – Je crois, monsieur, que les choses n’ont pas dû se passer aussi simplement que vous voulez bien le dire. Quoi qu’il en soit, c’est encore un service que vous me rendez, et non des moindres, puisque vous me sauvez la vie. Mais je n’en suis plus à les compter maintenant et…
    – Aussi ne comptez pas, interrompit rondement Pardaillan, et goûtez un peu de ce flan mordoré. Dame Nicole qui les fabrique de ses blanches mains les réussit assez bien.
    Pourtant, sans en avoir l’air, Pardaillan activait le dîner.
    Bien qu’il n’en eût pas parlé, il n’oubliait pas, lui, la partie de la conversation de la Galigaï et Concini, ayant trait à Bertille de Saugis. La Galigaï avait été on ne peut plus affirmative. Selon elle, la jeune fille, à l’heure qu’il était, était enfermée dans une tombe et mieux eût valu qu’elle fût morte.
    Or, Pardaillan sans en rien dire, s’était rendu, dans la matinée, à la maison des Taureaux. A ce moment on lui avait assuré que la jeune fille était dans sa chambre. Il ne s’était pas présenté devant elle, mais il n’avait pas de raison de suspecter les serviteurs de son ami le duc d’Andilly.
    Il s’était contenté de recommander de redoubler de vigilance pendant l’absence des maîtres de la maison. Lui-même, il n’avait pas négligé d’explorer les environs de la maison, et n’ayant rien remarqué d’anormal, il s’était éloigné tranquille.
    Maintenant, il avait hâte de savoir à quoi s’en tenir. Au fond, il n’avait guère d’espoir. Il avait jugé la Galigaï. Elle ne lui avait pas paru femme à se vanter à la légère. Ce qu’elle affirmait si positivement devait être vrai. S’il n’avait pas entraîné plus tôt le jeune homme rue du Four, c’est qu’il avait vu qu’il avait besoin de refaire ses forces épuisées.
    Grâce aux vins généreux qui n’avaient pas été épargnés, grâce à l’engloutissement d’une innombrable quantité de victuailles, Jehan était maintenant remis. En conséquence, laissant Gringaille et Carcagne, inutiles, digérer en paix le mirifique destin qu’il leur avait offert, Pardaillan entraîna Jehan, qui, comme bien on pense, ne se fit pas prier.
    En route, Pardaillan, qui avait des délicatesses de femme, prépara habilement, sans lui rien dire de précis, son jeune compagnon à la déconvenue qu’il redoutait.
    A l’hôtel du duc d’Andilly, ils apprirent que Bertille était sortie dans la matinée. Et comme Pardaillan regardait d’une façon significative le majordome qui lui donnait des renseignements, le brave homme se hâta d’ajouter :
    – Monseigneur et vous-même, monsieur le chevalier, vous nous aviez ordonné de veiller sur cette demoiselle. Vous ne nous aviez pas dit cependant de la garder prisonnière ici, malgré elle.
    – Est-ce à dire que la jeune fille s’en est allée de son plein gré ?
    – Oui, monsieur le chevalier. Et si nous ne nous sommes pas inquiétés, c’est que, à l’observation très respectueuse que je me suis permis de faire, elle-même m’a répondu qu’elle avait besoin de s’absenter. Un devoir impérieux – ce sont ses propres expressions – l’y contraignait. Au surplus, son absence ne durerait que quelques heures et nous n’avions pas à nous inquiéter. N’ayant pas d’instructions à ce sujet, j’ai cru devoir m’incliner devant une volonté aussi nettement exprimée.
    Laissons Pardaillan et Jehan interroger les gens du duc dont la bonne foi ne pouvait être mise en doute et expliquons ce qui s’était passé.
    Ce matin-là, à peu près vers le moment où l’évêque de Luçon se rendait chez Concini, une

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