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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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gentilshommes de le suivre, alla se mettre sur le côté du gibet et cria rageusement aux hommes sur la plate-forme :
    – Reprenez votre besogne… et activez !
    Docilement les hommes obéirent, sans plus s’occuper de ce qui se disait au-dessous d’eux.
    – Monsieur, disait pendant ce temps Jehan, vous voulez m’arrêter, dites-vous ?
    – Croyez bien que j’en suis au regret, dit poliment le capitaine, car vous êtes un brave, monsieur… Mais c’est l’ordre et je l’exécuterai.
    Jehan s’inclina avec une grâce altière et d’une voix grave, où perçait comme une sourde émotion :
    – En ce cas, il vous faudra venir me chercher ici… il vous faudra enfoncer cette porte, ce qui ne sera pas long d’ailleurs, et je vous donne ma parole de ne pas tirer sur vos hommes… La porte enfoncée, vous pénétrerez ici… Je vous avertis loyalement, monsieur, et c’est là que j’en voulais venir… Ceux qui entreront ici n’en sortiront pas vivants… J’ai dit.
    Et avant que le capitaine fût revenu de la stupeur que lui causait cet étrange avertissement, il repoussa la porte.
    Le capitaine demeura un moment rêveur devant cette porte fermée et hochant la tête, il murmura :
    – C’est un brave !… C’est aussi un galant homme, mordieu !… C’est dommage !
    Et, très froid, impassible, il se tourna vers ses hommes et fit un signe.
    La poutre fut reprise… Au troisième coup asséné au centre de la porte, elle vola en éclats. Les soldats voulurent se ruer.
    – Un instant, dit froidement le capitaine en leur barrant le passage, on risque sa peau, paraît-il, à entrer là-dedans !… J’entre seul !…
    Et il pénétra seul dans le caveau.
    Il n’y avait plus personne.
    – Ah ! ah ! songea-t-il, je comprends !… il y a une issue souterraine par où ils se sont défilés !…
    Comme il n’oubliait pas l’avertissement qui venait de lui être donné, il chercha des yeux autour de lui. Il vit le couvercle qui bouchait l’entrée du souterrain, il vit la planche et le coffre qui abritait les tonneaux de poudre. Tout cela, il le vit en un temps inférieur au dixième de seconde. Il se dit :
    – Je gage qu’il y a un trou sous ces planches… C’est par là qu’ils ont dû fuir.
    Il fit un mouvement dans cette direction. A ce moment, une pierre se détacha de la voûte et tomba avec fracas. C’étaient les hommes de Concini qui avaient fini par percer cette voûte. Un cri se fit entendre.
    – Ils sont là !… cachés sous un coffre !…
    Ceci acheva la seconde… La pierre, en tombant, avait déplacé la planche qui allait du trou au coffre. Le capitaine vit comme un serpent de feu qui filait rapidement, en crépitant, allant vers le coffre.
    Il comprit alors. Il fit un bond prodigieux en arrière en hurlant :
    – La poudre !…
    Malheureusement, quatre ou cinq soldats avaient eu la curiosité de le suivre et se tenaient devant la porte. Il se heurta à cet obstacle vivant.
    Au même instant, le coffre était soulevé, éventré, projeté avec une inconcevable violence, une gerbe de feu jaillit, s’élança jusqu’à la voûte… une détonation formidable se fit entendre… la voûte fut déchirée, éventrée, les murs tremblèrent.
    Et puis, une colonne de feu s’élança haut dans le ciel… l’ascension vertigineuse de corps humains, de poutres, de pierres… et la pluie sinistre, horrible : pluie de sang, de pierres, de membres tordus, déchirés, calcinés…
    Et une rumeur terrible… une fuite panique… cris de douleur… hurlements de terreur.
    Trente secondes à peine s’étaient écoulées depuis que la porte avait été jetée bas.
    Du capitaine, des quatre ou cinq soldats qui l’avaient suivi, malgré sa défense, des dix-sept estafiers de Concini massés sur la plate-forme, il ne restait que quatre ou cinq malheureux, épargnés par suite d’on ne sait quel miracle et à demi fous d’épouvante… Le reste, ce qui avait été des hommes jeunes, forts et vigoureux, s’était changé en une quantité de petits tas sanglants, n’ayant plus forme humaine, disséminés un peu partout… Dans l’enceinte de l’abbaye et jusqu’au bas de la montagne, on devait ramasser des membres épars…
    Maintenant, le feu achevait de consumer ce qui avait été le gibet des Dames… Bientôt, il ne restait plus que les quatre murs, noircis, branlants, ne se maintenant debout que par un prodige d’équilibre… Et de ces quatre murs, pareils à

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