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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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qui voulez-vous que ce soit ?… puisqu’il n’y a que nous deux sur la route !…
    – Et vous m’avez appelé comment ? demanda Saêtta sur un ton chargé de menace.
    Et, en même temps, il dévorait des yeux cet inconnu, cherchant à se rappeler où et quand il l’avait rencontré.
    – Je vous ai appelé Guido Lupini, fit Pardaillan de son air froid. Et, du bout des lèvres, d’un air naïf :
    – N’est-ce pas ainsi que vous vous nommez ?… ou du moins n’est-ce pas le nom que vous prenez en de certaines circonstances… pas très propres ?
    Saêtta souffla fortement. Son exaspération, son énervement étaient tombés du coup. Il cherchait une affaire : il était servi à souhait. Il pourrait se soulager et en même temps il se débarrasserait d’un homme qu’il ne connaissait pas, ou du moins qu’il ne parvenait pas à identifier, et qui le connaissait trop bien, lui.
    Instantanément, il retrouva tout son sang-froid, s’assura d’un coup d’œil rapide que la route était déserte, et avec un rictus terrible :
    – Monsieur, dit-il, bien que je ne vous connaisse pas, vous savez sur mon compte, paraît-il, des choses que nul ne doit savoir… Dégainez donc sur-le-champ, s’il vous plaît. Et tenez-vous bien, car je vous avertis : je vais vous tuer.
    En même temps, il mit flamberge au vent et tomba en garde, aussi calme, aussi correct que s’il se fût trouvé sur les planches de la salle d’armes.
    – Ah ! pauvre de moi ! gémit Pardaillan, qui m’eût dit que je courais à la mort en courant après vous, signor Guido Lupini ?…
    Et il tomba en garde, lui aussi, avec non moins d’aisance et d’assurance que l’ancien maître d’armes.
    Celui-ci attaqua immédiatement, avec l’intention manifeste de tuer, ainsi qu’il avait dit. Coup sur coup, il porta ses bottes les meilleures. Elles furent toutes parées avec une maestria que Saêtta, beau joueur, admira sans le dire.
    Conscient de sa force, réelle, il n’avait ni inquiétude ni impatience. Même, par une sorte de coquetterie qui lui faisait honneur, il éprouvait une âpre jouissance à sentir au bout de son fer un adversaire digne de lui. Il serra son jeu davantage, il porta ses bottes les plus secrètes, les plus savantes. Elles furent parées toujours avec la même aisance.
    – Mes compliments ! monsieur, dit-il, entre deux coups, vous venez de parer un coup qui, jusqu’ici, n’avait jamais manqué son but.
    – Je manie assez bien l’épée, dit modestement Pardaillan.
    – Mais je remarque que vous n’attaquez pas.
    – C’est que mon fort, c’est la défensive… Je vaux moins pour l’attaque… Surtout lorsque je me trouve en présence d’un adversaire de votre force.
    Ceci était dit avec cette ironie froide dont Pardaillan avait le secret et qui échappait aux oreilles les plus attentives. Saêtta ne la perçut pas. Mais il comprit enfin qu’il se trouvait en face d’une épée plus redoutable qu’il n’avait pensé tout d’abord. Et une inquiétude subite lui vint. Non pas la crainte d’être touché ou même tué. Il était brave et maintenant que sa vengeance avait irrémédiablement sombré par la mort de Jehan, il ne tenait pas autrement à la vie. Mais il se disait :
    – 
Corpo di Cristo !
Je croyais que Pardaillan, seul au monde, était de force à me tenir tête !… Qui est celui-ci ?… Il doit avoir à peu près cet âge !… Mais non, Pardaillan attaquerait, lui… Et celui-ci se contente de se défendre, et très bien, ma foi !… Il faut en finir pourtant !…
    Dans cette idée, par une série de feintes merveilleusement amenées, il prépara son fameux coup de la foudre. Ce coup, il l’avait encore perfectionné, et tel qu’il était à présent, non seulement il le croyait irrésistible, mais il était sûr que personne ne le connaissait, ne l’ayant montré à âme qui vive. Il se fendit à fond en tonnant en italien :
    – 
Eco la saêtta !
(Voici la foudre !)
    – 
La paro !
(Je la pare !) dit Pardaillan, en italien aussi, et avec un flegme déconcertant.
    Effaré, bouleversé de stupeur, Saêtta fit un bond prodigieux en arrière et dans son esprit chaviré, il mugissait :
    – 
Cosa è ?… Cosa è ?…
(Qu’est-ce que c’est ?)
    Il n’eut pas le temps d’en songer plus long. Pardaillan s’était porté vivement sur lui et, à son tour, il attaquait, portant ses coups avec une rapidité foudroyante. Saêtta, pour parer, était obligé

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