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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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volatilisé.
    Jehan était ivre de fureur. La persistance de ces lâches attentats, qui se succédaient avec une inlassable ténacité, l’énervait et l’exaspérait. Sans compter que la rapidité des coups qu’on lui portait partout où il allait prouvait surabondamment qu’il se débattait dans un réseau d’espionnage supérieurement organisé. Or, il n’était pas encore parvenu à surprendre un seul de ces espions qui le harcelaient dans l’ombre. Et pourtant, il avait l’oreille fine, la vue perçante et il se tenait sur ses gardes.
    Ceci surtout était inquiétant.
    Il était revenu dans le taudis de ses trois compagnons. Il se promenait nerveusement en mâchonnant de sourdes imprécations, en proférant des injures et des menaces terribles à l’adresse d’ennemis invisibles.
    Les trois, qui voyaient que le temps était à l’orage, se tenaient cois, retenaient leur respiration, se gardant bien d’attirer son attention sur eux. Il ne pensait guère à eux, pourtant.
    Maintenant, il ne pensait même plus à Acquaviva, à ses espions. Un débat violent, d’un tragique poignant dans sa simplicité, s’était relevé dans son esprit.
    Irait-il ou n’irait-il pas se réfugier sous le gibet de Montmartre ?
    Question bien simple et bien banale, en apparence. En réalité, question si complexe, si grave, si redoutable, qu’elle lui faisait oublier la nuée d’assassins qu’il avait à ses chausses.
    Sous le gibet, c’était sa peau à l’abri de toute tentative criminelle. C’était quelque chose. Mais sous le gibet se trouvaient les millions. Et c’était cela qui était redoutable et le faisait hésiter.
    Sauver sa peau, c’était bien, juste, légitime. Mais la sauver et se déshonorer en volant, oui, en volant ce tas d’or qui le fascinait… et qui ne lui appartenait pas. Ne valait-il pas cent fois mieux crever une bonne fois ?
    Voilà ce que se disait Jehan en se promenant autour du coffre-fort, comme un fauve dans sa cage. Il finit par s’arrêter devant Gringaille, Escargasse et Carcagne, sans les voir du reste ; il frappa du pied avec colère et gronda :
    – Je n’irai pas, ventre-veau ! je n’irai pas… Si j’y allais, je ne sautais résister à la tentation… et je ne veux pas !… je ne veux pas !…
    Les trois braves se regardèrent effarés. Que voulait-il dire ? Où ne voulait-il pas aller ? Et à quelle tentation voulait-il se dérober ? Jehan s’apaisa peu à peu. Il avait pris une résolution.
    – Gringaille, dit-il, peux-tu me trouver un abri sûr pour quelques jours ?
    Gringaille chercha dans sa tête et s’écria :
    – J’ai trouvé !… Par exemple, c’est hors de la ville.
    – Peu importe, dit Jehan après une seconde d’hésitation.
    – Eh bien, chef, vous connaissez Martine, l’ouvrière et la femme de ménage de Perrette ?
    Jehan fit un léger signe de tête. Gringaille reprit :
    – Le beau-frère de Martine possède une petite maison à la Villeneuve-sur-Gravois, près du faubourg Montmartre. Tenez, chef, on la voit d’ici, cette maison.
    Et il s’en fut à la lucarne qui donnait sur le derrière et l’ouvrit toute grande. Jehan se pencha avec lui et suivit les indications qu’il lui donnait.
    – Voyez-vous là, sur notre gauche, ce grand mur de clôture avec trois petites maisons espacées ?… Eh bien, c’est la troisième, là-bas, à l’angle du mur. Le beau-frère de Martine, Simon le Borgne, comme on l’appelle, ne demandera pas mieux que de vous louer une chambre qu’il a dans les combles… Seulement, dame, ça manquera un peu de confortable.
    Jehan eut un geste d’indifférence.
    – Occupe-toi de cette affaire, dit-il. Il faut que je puisse coucher là ce soir.
    – Oh ! l’affaire est toute faite. Simon le Borgne est très intéressé, et je vous réponds qu’il ne crachera pas sur l’écu que je compte lui offrir pour un mois de location de son chenil. Vous pourrez emménager dans une heure si vous voulez.
    – Non, j’y rentrerai pour coucher… C’est bien suffisant.
    Ce point étant réglé, le jeune homme alla trouver Pardaillan. Le père et le fils montèrent à cheval et s’en furent hors de la ville. Ils passèrent cette journée ensemble à courir dans les bois. Jehan, bien entendu, ne manqua pas de raconter l’écroulement du plafond de sa mansarde et la chute du bloc de pierre qui avait failli l’écraser. Il fit connaître aussi le nouveau gîte trouvé par Gringaille.
    Pardaillan

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