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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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crois qu’il est mort, reprit la même voix.
    – N’importe, dit l’autre voix, il faut bien s’en assurer. La besogne est assez bien payée pour qu’on l’accomplisse en conscience.
    Jehan ne bougeait pas. Il devait être mort ou tout au moins évanoui. Les deux ombres, prudemment, vinrent jusqu’à lui. Deux bustes se penchèrent, les deux poignards levés en un geste foudroyant jetèrent dans la nuit une lueur blafarde. Les deux bras ne retombèrent pas et un double hurlement de douleur se confondit en un seul.
    Jehan n’avait pas été touché. Au moment où la première balle siffla à ses oreilles, les paroles de Pardaillan passèrent comme un éclair dans son esprit. Il se laissa tomber au moment précis où éclatait le second coup de feu. La manœuvre lui était familière sans doute.
    Il vit les deux ombres s’approcher, il entendit les paroles échangées à voix basse et ne fit pas un mouvement. Mais, lorsque les deux bustes se penchèrent pour l’achever, il projeta ses deux pieds en avant, avec une irrésistible violence.
    Atteints en pleine poitrine, les deux assassins allèrent s’étaler sur la chaussée où ils demeurèrent étourdis.
    – Il faut les faire parler maintenant ! se dit Jehan.
    D’un bond, il fut sur eux et les étreignit à la gorge. C’était un moyen excellent pour les expédier
ad patres,
mais non pour les faire parler, comme telle était son intention. Il faut croire cependant que c’était la bonne manière, car ils ouvrirent des yeux terrifiés et râlèrent :
    – Grâce, monseigneur !
    – Coquins, gronda Jehan, je vous fais grâce, à la condition que vous me disiez qui vous a payés pour me meurtrir… sinon je vous étrangle tous les deux.
    Et il pressa plus fort sur les deux gorges.
    – Je dirai tout, s’étouffa un des deux malandrins, mais… ne serrez pas tant… vous… m’étran…
    Jehan desserra son étreinte et confisqua prudemment les deux poignards qui se trouvaient à ses pieds, en disant :
    – Parle, coquin !
    Le coquin souffla péniblement et grimaça :
    – Tudieu ! quelle poigne !
    – Qui vous a payés pour me meurtrir ? répéta froidement Jehan.
    – Je ne le sais pas, monseigneur.
    – Tu mens, coquin ! Parle… ou ta dernière heure est venue. Et il le saisit de nouveau à la gorge.
    – Sur mon salut éternel, je vous jure que nous ne savons pas ! gémit le misérable.
    Jehan le vit sincère. Il le lâcha encore une fois et :
    – Voyons, je vous ai entendus dire que vous étiez bien payés. Vous ne connaissez pas celui qui vous a payés, soit !… Mais vous l’avez vu… dépeignez-le-moi un peu.
    – Nous ne l’avons pas vu… attendu qu’il avait le capuchon rabattu jusque sur le nez… Tout ce que je peux dire, c’est que c’est un religieux… ou du moins, il en avait le costume.
    Jehan était fixé. Il n’insista pas davantage.
    – C’est bon ! dit-il d’un air dédaigneux. Je vous fais grâce, coquins !… Filez prestement… et ne vous retrouvez jamais sur mon chemin, si vous tenez à votre peau.
    Les deux malandrins se relevèrent péniblement et détalèrent avec une précipitation qui dénotait une frayeur intense.
    Rentré dans sa chambre, Jehan ferma sa porte à double tour, ce qui ne lui était jamais arrivé de faire. Il se jeta dans son fauteuil et se mit à réfléchir à cette aventure.
    – C’est Acquaviva qui commence la chasse, se dit-il. M. de Pardaillan avait raison… comme toujours. Ventre-veau, la vie ne sera plus tenable si je dois essuyer tous les jours de telles avanies !
    Son naturel insouciant reprenant le dessus, il conclut :
    – Bah ! nous verrons bien !… J’en ai vu d’autres et me voici bien solide.
    Cependant, impressionné quoi qu’il en eût, il se livra à une visite minutieuse de son logis et ne se coucha que lorsqu’il se fut assuré qu’aucun danger immédiat ne le menaçait.
    Le lendemain matin, samedi, comme il se disposait à sortir, on frappa à sa porte. Il entrebâilla l’huis, sur la défensive. Il fut vite rassuré. Celui qui frappait était un valet du
Grand-Passe-Partout,
qu’il reconnut aussitôt. Il avait un panier passé à son bras. Il entra, posa six bouteilles et un paquet proprement ficelé sur la table, en disant :
    – De la part du chevalier de Pardaillan.
    Jehan regarda les bouteilles : trois de vieux saumur, trois de vieux vouvray, ses deux préférés. Il défit le paquet : c’étaient des gâteaux secs. Il

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