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Le Fils de Pardaillan

Titel: Le Fils de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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du signor Concino Concini, qui n’est pas encore marquis, pas encore maréchal, pas encore Premier ministre, mais qu’elle « veut » voir devenir tout cela… et même plus, si possible… car il est dès maintenant – elle le sait – l’amant de la reine… Et c’est sur cet amour insensé qu’elle compte et qu’elle échafaude l’avenir.
    Cette énigmatique créature n’a jamais eu qu’un sentiment réellement profond : son amour pour Concini ; qu’une seule et unique ambition : la grandeur de Concini. Peut-être espère-t-elle qu’en le hissant, par la seule puissance de son mâle génie, jusqu’à ces sommets accessibles à ceux-là seuls qui sont nés sur les marches d’un trône, peut-être espère-t-elle ainsi l’éblouir et faire jaillir en lui l’étincelle qui embrasera ce cœur jusque-là fermé pour elle – car il ne l’aime pas, il ne l’a jamais aimée – peut-être !…
    Quoi qu’il en soit, elle a résolu de pousser Concini jusqu’à la toute-puissance, et c’est dans ce but qu’elle a jeté l’homme qu’elle adore dans les bras de la reine… la reine, qui peut le faire grand. C’est dans ce but qu’elle a écarté ou supprimé tous les obstacles. De ces obstacles, il n’en reste plus qu’un : le plus terrible, le plus puissant… le roi ! Et cet obstacle, Léonora a résolu de le supprimer comme tous les autres. Et ce qu’elle veut, de sa volonté implacablement tenace, c’est amener Marie de Médicis, caractère faible et indécis qu’elle pétrit lentement à sa guise, à accepter la complicité du meurtre de son royal époux. Ce qu’elle veut, c’est amener la reine qui ne « veut » pas se séparer de Concini, qui ne « peut » pas se passer de lui, à couvrir le régicide.
    Ses yeux sombres, chargés d’effluves, se fixaient sur les yeux de la reine, qui clignotaient comme éblouis par l’insoutenable éclat de ce regard de feu, et, penchée sur le visage de sa maîtresse, pareille à quelque sombre génie du mal, elle parlait d’une voix basse, insinuante. Et ses paroles prudentes, mesurées, distillaient la mort !
    – Pourquoi ces hésitations, ces scrupules ? (Elle hausse les épaules.) Laissez les scrupules à la masse du vulgaire, pour qui ils ont été inventés. N’attendez pas pour vous décider que votre perte soit consommée.
    Et comme Marie de Médicis demeurait muette et songeuse, la tentatrice reprit, d’une voix qui se fit plus âpre, où perçait une ironie menaçante :
    – Quand vous serez répudiée, honteusement chassée et que votre fils sera déclaré bâtard, pour la grande gloire du fils de M me  d’Entraigues [1] , alors, madame, vous verserez des larmes de sang, alors vous regretterez votre indigne faiblesse et de pas m’avoir laissé faire… Trop tard, madame, il sera trop tard !
    La reine répondit par une question :
    – Léonora, es-tu bien certaine qu’il ira ce soir rue de l’Arbre-Sec ?
    – Tout à fait certaine, madame…
    Un silence. Marie de Médicis semble méditer profondément. La Galigaï l’observe avec une imperceptible moue de dédain.
    – Et… ce jeune homme dont tu m’as parlé, reprit enfin la reine, qui paraissait chercher ses mots, es-tu bien sûre de lui ?
    Elle baissa davantage la voix, jeta un coup d’œil inquiet autour d’elle et acheva :
    – Ne s’avisera-t-il pas de parler… après ?
    – Sur la tête de Concini, madame, je réponds de lui, je réponds de tout. Ce jeune homme frappera sans trembler… Il ne parlera pas après, parce que c’est pour son propre compte qu’il agira.
    – Il hait donc bien le roi ?
    Léonora eut un insaisissable sourire : la reine paraissait accepter la complicité. Sans rien laisser paraître de ses sentiments, elle dit :
    – Non !… Mais il est amoureux… et jaloux comme tous les amoureux. Or, la jalousie, madame, engendre facilement la haine.
    – Pas pourtant jusqu’au point de se faire assassin.
    – Si, madame, lorsqu’il s’agit d’une nature violente et passionnée comme celle de ce jeune homme. Ce matin même, pour l’avoir vu de sa fenêtre au moment où il soudoyait la propriétaire de la jeune fille en question, ce jeune homme s’est rué comme un fou à la recherche de M. de La Varenne. S’il avait pu le joindre, la carrière du marquis était terminée du coup… Mais vous vous trompez étrangement quand vous parlez d’assassinat… Ce jeune homme est un
bravo,
c’est vrai. Mais

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