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Le Huitième Péché

Titel: Le Huitième Péché Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
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d’être aussi mal à l’aise qu’un novice.
    — Ce que vous venez de dire n’a rien d’une profession de foi en faveur de votre confrérie.
    Le moine avala sa salive. Puis il répondit avec amertume :
    — Vous avez bien raison.
    — Mais vous êtes entré de votre plein gré dans la confrérie… Ou bien y avez-vous été contraint ?
    — J’y suis entré de mon plein gré. Mais on m’a attiré avec des promesses qui se sont avérées mensongères. Les cieux annoncés se sont transformés en purgatoire, et même en enfer, si vous voyez ce que je veux dire.
    — C’est à n’y rien comprendre, répondit Soffici, étonné que cet homme se confie ainsi à eux, sans aucune méfiance.
    — Mais alors, pourquoi ne quittez-vous pas les Flagrantes  ?
    — D’ici, on ne ressort jamais. Dans mon cas, ce serait impossible !
    Le monsignor bondit sur ses pieds.
    — Qu’est-ce que cela signifie ?
    — Cela signifie qu’il y a une entrée dans le château de Layenfels, mais qu’il n’y a pas de sortie. En tout cas, pas pour ceux qui appartiennent aux Flagrantes . Celui qui entre dans la confrérie quitte définitivement la vie qu’il a menée auparavant. Son origine, sa formation, son état, jusqu’à son nom sont, du jour au lendemain, effacés à jamais. Sauf pour quelques-uns, très peu nombreux. Je m’appelle Zephyrinus.
    — Zephyrinus ?
    — C’est le nom de l’un de ces saints qui ne sont plus vénérés depuis qu’ils ont été rayés du calendrier par le concile Vatican II, sous prétexte qu’ils tiendraient avant tout de la légende et qu’ils ne résisteraient pas à un examen historique.
    — Je suis au courant, mon frère. Mais pourquoi les Flagrantes choisissent-ils ces prénoms anciens ?
    — Pour protester contre le penchant des papes pour la libéralisation. À l’intérieur de ces murs, il se passe des choses que personne ne comprend – mis à part certains élus, peu nombreux, qui conservent aussi leurs noms de laïcs. Je ne compte malheureusement pas parmi ceux-là.
    — Pourquoi ne vous a-t-on pas admis dans ce petit cercle ?
    — Pourquoi donc, croyez-vous ! J’apportais une fortune assez conséquente que j’avais reçue en héritage et je venais ici dans l’espoir d’y mener une vie tranquille.
    Zephyrinus tendit à chacun une vieille tasse et une tranche de pain sec. Soffici et Alberto avaient déjà connu des petits-déjeuners plus copieux. Mais, comme ils n’avaient rien avalé depuis douze heures, ils se contentèrent de mastiquer leur pain sec en silence.
    — Vous êtes-vous déjà demandé ce qui se passait ici actuellement ? s’enquit Soffici, la bouche à moitié pleine.
    — Vous faites allusion au suaire de Notre-Seigneur ?
    — Exactement !
    — Oh, vous savez, il se passe tant de choses bizarres dans la forteresse de Layenfels qu’on ne se pose même plus de questions.
    Il s’interrompit. Un bruit leur parvenait du couloir.
    — Je vous en prie, fermez le robinet, chuchota Zephyrinus, soudain en proie à une grande agitation.
    Alberto s’exécuta. Ils scrutèrent le silence. Des pas se rapprochèrent, puis s’éloignèrent. Au bout d’un moment, Alberto rouvrit le robinet.
    — Pourquoi faites-vous cela ? demanda Zephyrinus.
    — Nous avons nos raisons, répondit Alberto qui ne faisait pas confiance au frère, en dépit des propos critiques qu’il venait de tenir. Dites-moi plutôt ce qu’il en est du cardinal, demanda-t-il alors à brûle-pourpoint, en reposant sa tasse vide sur le plateau. Où est Gonzaga ?
    — Soyez sans crainte, il a passé la nuit non loin d’ici, dans une cellule individuelle. Ce matin, lorsque je lui ai apporté le petit-déjeuner, je l’ai trouvé en train de ronfler comme un sonneur.
    — Ce qui m’intéresserait… commença Soffici. Enfin, on dit que les Flagrantes sont immensément riches, qu’ils ont des comptes au Lichtenstein et des rentrées d’argent provenant de biens immobiliers…
    Un sourire amer passa sur le visage bouffi de Zephyrinus.
    — Ce n’est pas tout. Dans les caves du château, il y a un ancien cachot, transformé en coffre-fort, dans lequel s’entasse une quantité de lingots d’or qui ferait pâlir les administrateurs de la Banque centrale européenne.
    — Vous l’avez vu de vos yeux, cet or ? demanda Alberto.
    Zephyrinus haussa les épaules.
    — Non. Nul d’entre nous n’a accès à ce cachot. Mais tous en parlent.
    Soffici secoua la

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