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Le Journal D'Anne Frank

Le Journal D'Anne Frank

Titel: Le Journal D'Anne Frank Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Frank
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on voit d’autres garçons et d’autres filles, on peut sortir, faire du sport et tout ce qu’on veut, mais ici, si on est trop ensemble et que l’on veut s’en aller, on ne le peut pas, on se voit à toute heure, constamment en fait. Sois prudente, Anne, et ne prends pas l’affaire trop au sérieux !
    — Je ne le fais pas, Papa, mais Peter est bien élevé, c’est un gentil garçon !
    — Oui, mais il n’a pas beaucoup de force de caractère, il est facile à influencer dans le bon sens, mais aussi dans le mauvais, j’espère pour lui que le bon l’emportera car il a un bon fond ! »
    Nous avons continué à parler un moment et nous avons convenu que Papa lui parlerait aussi. Dimanche après-midi dans le grenier de devant, il m’a demandé : « Alors, Anne, tu as parlé à ton père ?
    — Oui, répondis-je, je vais te raconter. Papa n’y trouve rien de mal, mais il dit qu’ici, où nous sommes tous tellement l’un sur l’autre, il pourrait facilement y avoir des heurts.
    — Nous étions pourtant d’accord pour ne pas nous disputer, et j’ai l’intention de m’y tenir.
    — Moi aussi, Peter, mais Papa n’était pas au courant, il pensait que nous étions de simples camarades, tu crois que ce n’est pas possible ?
    — Moi, si, et toi ?
    — Moi aussi. J’ai dit aussi à Papa que j’ai confiance en toi. J’ai confiance en toi, Peter, aussi complètement qu’en Papa, et je crois que tu en es digne, n’est-ce pas ?
    — Je l’espère. (Il était tout confus et rougissant.)
    — Je crois en toi, Peter, ai-je poursuivi, je crois que tu as une bonne nature et que tu feras ton chemin dans le monde. »
    Ensuite nous avons parlé d’autres choses, puis je lui ai dit encore : « Si nous sortons d’ici, je sais bien que tu ne t’occuperas plus de moi ! » Il s’est enflammé : « Ce n’est pas vrai, Anne, oh non, tu n’as pas le droit de penser ça de moi ! » A ce moment-là, on nous a appelés.
    Papa lui a parlé, il me l’a raconté lundi. « Ton père pense que cette camaraderie pourrait bien finir par de l’amour, a-t-il dit, mais j’ai répondu que nous nous freinerons mutuellement ! »
    Papa veut que j’aille moins souvent là-haut le soir, mais je ne veux pas, non seulement parce que j’aime bien être avec Peter, mais j’ai dit que je lui faisais confiance et je veux lui prouver aussi ma confiance et je ne pourrai jamais le faire si je reste en bas par méfiance.
    Non, j’y vais !
     
    Entre-temps l’affaire Dussel s’est arrangée, samedi soir, à table, il a présenté ses excuses en belles tournures néerlandaises. Van Daan a retrouvé aussitôt son amabilité, Dussel a sûrement passé toute la journée à apprendre sa petite leçon.
    Dimanche, le jour de son anniversaire, s’est passé dans le calme. Nous lui avons offert une bouteille de bon vin de 1919, les Van Daan (qui cette fois pouvaient donner leur cadeau), une bouteille de picalilly et un petit paquet de lames de rasoir, Kugler un pot de citron (limonade), Miep un livre « Marijntje », Bep une petite plante. Il a régalé chacun de nous d’un œuf.
     
    Bien à toi,
    Anne M. Frank
     
     
     
    MERCREDI 3 MAI 1944
     
    Chère Kitty,
     
    Commençons par les nouvelles de la semaine ! La politique a pris des vacances, il n’y a rien, mais vraiment rien à signaler. A la longue je me suis mise à croire, moi aussi, à l’arrivée du débarquement, ils ne peuvent pas laisser les Russes faire tout le boulot eux-mêmes ; d’ailleurs ils ne font rien non plus pour l’instant.
    M. Kleiman est de nouveau au bureau chaque matin. Il a fourni un nouveau ressort pour le divan de Peter et Peter doit maintenant se mettre à tapisser, il n’en a pas du tout envie, ce qui se comprend. Kleiman nous a aussi procuré de la poudre à chat contre les puces.
    T’ai-je déjà raconté que notre Moffi n’est plus là ? Disparu sans laisser de traces depuis jeudi dernier. Il doit être depuis longtemps au paradis des chats, tandis que tel ou tel ami des bêtes se prépare un bon petit gigot. Peut-être qu’une fille riche aura une toque faite de sa fourrure. Peter est très attristé de cette affaire.
    Depuis quinze jours nous prenons notre déjeuner le samedi à onze heures et demie ; le matin nous devions donc nous contenter d’une tasse de flocons d’avoine. A partir de demain, il en ira ainsi chaque jour, cela sert à économiser un repas. Les légumes verts sont toujours aussi

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