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Le Journal D'Anne Frank

Le Journal D'Anne Frank

Titel: Le Journal D'Anne Frank Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Frank
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contre moi pendant un moment parce que je bavardais sans arrêt, après une série d’avertissements, j’ai fini par me faire punir. Une rédaction avec pour sujet : « Une pipelette. » Une pipelette, qu’est-ce qu’on peut bien écrire là- dessus ? On verrait plus tard, après avoir noté la punition, j’ai remis mon cahier de texte dans mon cartable et j’ai essayé de me tenir tranquille. Le soir, tous mes devoirs terminés, mon regard est tombé sur le sujet de la rédaction. En suçotant le bout de mon stylo, je commençai à réfléchir au sujet ; raconter n’importe quoi en écrivant le plus gros possible, c’est à la portée de tout le monde, mais trouver une preuve convaincante de la nécessité du bavardage, voilà le grand chic. A force de réfléchir, j’ai eu soudain une idée et j’ai rempli les trois pages imposées, plutôt contente de moi. Comme arguments, j’avais avancé que bavarder est le propre des femmes, que j’allais faire de mon mieux pour me contrôler un peu, mais que je ne pourrais jamais me défaire de cette habitude, étant donné que ma mère était aussi bavarde que moi, sinon plus, et que l’on peut difficilement changer les caractères héréditaires.
    Mes arguments ont beaucoup amusé M. Keesing, mais quand j’ai repris mon heure de bavardage au cours suivant, la deuxième punition est tombée. Cette fois, le sujet était : « Une pipelette incorrigible. » J’ai remis ce second devoir et, pendant deux cours, Keesing n’a pas eu à se plaindre. Mais au cours d’après, il a trouvé que je recommençais à dépasser les bornes. « Anne Frank, comme punition pour bavardage, vous me ferez une rédaction sur le sujet : "Coin, coin, coin", dit Mademoiselle Cancan. » Toute la classe a éclaté de rire. Moi aussi, même si mon imagination s’épuisait sur le thème du bavardage. Il fallait trouver autre chose, qui sorte de l’ordinaire. Mon amie Sanne, une poétesse de talent, me proposa de m’aider à mettre la rédaction en vers de la première à la dernière ligne. Je jubilais. En me donnant ce sujet idiot, Keesing voulait se payer ma tête avec mon poème on verrait bien qui rirait le dernier. Le poème était très réussi ! Il parlait d’une maman cane et d’un papa cygne, et de leurs trois petits canards, que leur père tua en les mordant parce qu’ils faisaient trop de coin-coin. Heureusement, Keesing prit bien la plaisanterie, il lut le poème dans notre classe en y ajoutant ses commentaires et en fit même profiter d’autres classes. Depuis, j’ai le droit de parler et je ne suis jamais punie, au contraire, Keesing me reprend toujours en plaisantant.
     
    Bien à toi,
    Anne
     
     
     
    MERCREDI 24 JUIN 1942
     
    Chère Kitty,
     
    Il fait une chaleur torride, tout le monde étouffe et cuit, et par ces températures je suis obligée d’aller partout à pied. C’est maintenant que je me rends compte comme on est bien dans le tram, surtout s’il est à plate-forme, mais ce plaisir nous est défendu à nous les juifs, nos pieds doivent nous suffire. Hier, entre midi et deux heures, je devais aller chez le dentiste dans la Jan Luykenstraat, c’est très loin des Stadstimmertuinen où se trouve notre école, et l’après-midi j’ai failli m’endormir pendant les cours.
    Heureusement, les gens vous offrent à boire sans qu’on ait à le demander, l’assistante du dentiste est vraiment gentille. Le bac est le seul moyen de transport qui nous soit encore permis, sur le quai Jozef Israëls il y a un petit bateau dont le conducteur nous a pris tout de suite quand nous lui avons demandé de traverser. Ce n’est certainement pas la faute des Hollandais si nous les juifs, nous avons tant de misères.
    J’aimerais tant ne pas aller à l’école, mon vélo a été volé pendant les vacances de Pâques et Papa a confié celui de Maman à des amis chrétiens. Mais heureusement, les vacances approchent à grands pas, plus qu’une semaine et les ennuis seront oubliés.
    Hier matin, il m’est arrivé une chose agréable, je passais devant la remise à vélos quand quelqu’un m’a appelée. Je me suis retournée et j’ai vu derrière moi un joli garçon que j’avais rencontré la veille chez Wilma. C’est un petit-cousin de Wilma et Wilma est une camarade qui au début avait l’air très gentille et l’est aussi, mais elle ne fait que parler de garçons à longueur de journée et ça commence à m’agacer.
    Il s’est approché,

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