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Le nazisme en questions

Le nazisme en questions

Titel: Le nazisme en questions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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la police prussienne à la tête de laquelle il a placé des officiers SA et SS dont les consignes sont de s’attaquer particulièrement aux marxistes. De plus, une police auxiliaire de 50 000 hommes, recrutée dans les milieux nazis, interdit de tenir en Prusse la moindre réunion non nazie.
    Surtout, Hitler se sert habilement d’un événement opportun pour asseoir son autorité. Dans la nuit du 27 février, le Reichstag flambe et on arrête sur les lieux un jeune Hollandais à demi idiot, Van der Lubbe, qui se déclare communiste. Göring fait aussitôt incarcérer les dirigeants du parti communiste, 4 000 permanents et le Bulgare Dimitrov, secrétaire général du Komintern, présent en Allemagne. Leur procès, qui alieu à Leipzig après les élections, leur permet de prouver sans peine leur innocence et de fortes présomptions laissent supposer que l’incendie est l’œuvre des nazis eux-mêmes.
    Mais, sous le coup de l’émotion provoquée par l’événement, Hindenburg accepte de signer, le 28 février, le « décret sur la protection du peuple et de l’État » qui devient la première base légale de la dictature nazie. Les libertés individuelles sont suspendues ; le gouvernement du Reich peut exercer les pleins pouvoirs dans les Länder si nécessaire ; la haute trahison, le sabotage, l’empoisonnement sont punis de la peine de mort, de même que les atteintes à l’ordre public. Hitler a réussi à obtenir des pouvoirs de police exceptionnels tout en rendant crédible son discours sur le complot communiste qui menacerait le pays.
    Dans ce contexte, il n’y a pas lieu de s’étonner que les élections du 5 mars 1933 se révèlent un succès pour les nazis. Ils y recueillent plus de 17 millions de voix (44 % des suffrages) et conquièrent 288 sièges sur 640. Avec les nationaux allemands (52 sièges), ils n’atteignent toutefois que la majorité simple et non la majorité qualifiée, celle des deux tiers, indispensable pour modifier la Constitution. Pour l’obtenir, Hitler doit gagner les députés du Centre catholique. Il est aidé dans cette tâche par le Saint-Siège, avec lequel les nazis négocient un concordat, finalement signé en juillet 1933, et qui invite le parti catholique à la souplesse. Moyennant la promesse (qui ne sera jamais tenue) d’une suspension du décret du 28 février, les députés du Centre mêlent leurs voix à celles des nazis et des nationaux allemands pour voter, le 23 mars 1933, l’acte d’habilitation qui donne à Hitler les pleins pouvoirs.

    Le gouvernement peut dorénavant légiférer pendant quatre ans sans la collaboration du Reichstag. Les lois qu’il promulgue peuvent s’écarter de la Constitution et doivent être rédigées par Hitler lui-même. Seul Otto Wels, chef du groupe parlementaire socialiste, a eu le courage de protester, malgré les vociférations hostiles des députés nazis et les hurlements des SA dans les couloirs, contre un texte qui fait de Hitler un dictateur légal. Maître du pouvoir, celui-ci peut désormais conduire en Allemagne la « révolution nationale-socialiste ».
    À cette révolution nationale-socialiste, les nazis donnent le nom de Gleichschaltung , que l’on peut traduire par « synchronisation » ou, mieux, « mise au pas ». En fait, il s’agit d’uniformiser le Reich selon le mot d’ordre « Ein Volk, ein Reich, ein Führer » (« Un peuple, un empire, un chef »).
    L’application du Führerprinzip à l’État supposait la fin des structures fédérales. Hitler se débarrasse donc des gouvernements locaux de Bavière, de Bade, de Wurtemberg, de Saxe, où il place des commissaires d’État nazis. Le cas de la Prusse, où Papen occupe ce poste, est plus délicat. En avril 1933, Hitler décide de nommer un Reichstatthalter (gouverneur) dans chaque Land, avec pouvoir d’investir et de déposer les gouvernements locaux, de nommer et de congédier juges et fonctionnaires. Comprenant qu’il est dépossédé de tout pouvoir, Papen démissionne. La loi sur la reconstitution du Reich du 30 janvier 1934 supprime les diètes des Länder, transfère au Reich leurs pouvoirs souverains et soumet au gouvernement du Reich les gouvernements locaux. La suppression du Reichsrat (Sénat rassemblant les représentants des États), le 14 février 1934, fait de l’Allemagne un État unitaire centralisé.

    De la même manière, la réalisation d’un État uniforme implique l’éradication des

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