Le nazisme en questions
partis, syndicats, groupements, qui traduisent la diversité des Allemands. La suppression des partis est déjà fort avancée puisque, depuis février 1933, le parti communiste est interdit (ses biens et propriétés seront confisqués en mai). Profondément divisé, et en dépit de concessions que certains de ses dirigeants voudraient faire au nazisme, le parti social-démocrate est frappé de dissolution le 22 juin 1933. Quelques jours plus tard, le parti national allemand, dont les bureaux sont occupés par les nazis, se saborde, comme le feront démocrates et populistes à la fin juin et au début juillet. Le 4 juillet 1933, le Centre catholique, poussé à la conciliation par le Vatican, accepte sa disparition ; il est imité le lendemain par le Centre bavarois. À cette date, il n’y a plus de parti politique en Allemagne en dehors du NSDAP. Une loi du 14 juillet 1933 fait du parti nazi le seul parti autorisé et rend passible de sanction la reconstitution des partis dissous.
Le 2 mai 1933 les bureaux des syndicats, qui ont tenté, eux aussi, de jouer la politique de présence en poursuivant leur action dans l’État nazi, sont occupés par les SA et les SS, qui arrêtent les dirigeants. Tous les syndicats sont alors remplacés par un nouvel organisme corporatiste, le Front du travail. Un sort identique est réservé aux organisations paramilitaires rivales de celles du NSDAP. La « Bannière du Reich » socialiste et le « Front rouge des combattants » communiste sont dissous, cependant que le « Casque d’acier » est incorporé dans la SA le 1 er février 1934, après l’arrestation d’un certain nombre de ses chefs.
Tous les obstacles étant écartés, la voie est libre pour permettre au parti nazi de prendre en main le peuple etl’État. Dès avril 1933 commence la mise en place du totalitarisme. La « loi sur la revalorisation de la fonction publique » du 7 avril 1933 permet de remplacer par des nazis tous les fonctionnaires suspects de tiédeur envers le nazisme. Goebbels, nommé le 11 mars 1933 ministre de la Propagande, met en œuvre la conception nazie de la culture. Dès mai 1933, les œuvres des auteurs socialistes, libéraux, pacifistes, israélites brûlent dans les autodafés. En septembre est fondée la Chambre culturelle du Reich dont les sept filiales contrôlent toutes les sphères de la vie de l’esprit et dont il faut faire partie pour exercer une profession culturelle. La presse, la radio, le cinéma sont étroitement contrôlés.
Placé en février 1933 à la tête du ministère de la Science, de l’Enseignement et des Arts, Bernhard Rust, ancien instituteur révoqué en 1930 pour instabilité mentale, annonce son intention de « liquider l’école en tant qu’institution d’acrobatie intellectuelle ». Les enseignants doivent faire partie de la Ligue nationale-socialiste de l’enseignement et accomplir obligatoirement des stages dans des écoles spécialisées où ils reçoivent les rudiments de l’idéologie nazie. De la même manière, les ligues nazies constituées dans tous les corps de métier jouent le rôle de véritables chambres professionnelles.
Le système répressif a été mis au point en Prusse dès le début de 1933 par Göring, qui a fait noyauter par la SA la police d’État et qui crée la police secrète d’État, la Gestapo. Dès avril 1934, les pouvoirs de police passent entre les mains de Heinrich Himmler, chef de la SS depuis 1929, qui place sous ses ordres toutes les polices politiques des Länder. Pour rééduquer les opposants,s’ouvrent les premiers « camps de concentration », à Dachau et Oranienburg-Sachsenhausen.
Enfin, le totalitarisme hitlérien dévoile sa spécificité en montrant déjà quel sort dramatique il réserve aux 500 000 Juifs allemands dont l’exclusion de la nation commence. Aux actions isolées entreprises par la SA contre les personnes ou les biens juifs se substituent rapidement des mesures systématiques de persécution.
Le 1 er avril 1933, le parti nazi décide le boycott généralisé des magasins juifs, auquel il faut rapidement renoncer devant l’émotion qu’il provoque à l’étranger et devant la difficulté de préciser ce qu’est un magasin juif. À partir du 7 avril 1933, des lois écartent les Juifs de la fonction publique, des professions libérales, des carrières universitaires, des métiers de la presse, du théâtre, de la radio, du cinéma. Cent cinquante mille
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