Le pays des grottes sacrées
aller de nouveau nager et monter à cheval, il avait fallu le problème
posé par Loup pour que celle-ci accède finalement à sa demande.
Jonayla et les jeunes de son âge
préparaient d’arrache-pied avec la Zelandonia une petite fête qu’ils
donneraient dans le cadre des cérémonies d’adieu organisées pour clore la
Réunion d’Été. Non seulement Loup constituait une distraction lorsque tous les
enfants étaient rassemblés, ce qui les empêchait de se concentrer
convenablement, mais Jonayla avait du mal tout à la fois à le maîtriser et à
retenir ce qu’elle était censée apprendre. Lorsque Zelandoni avait laissé
entendre à Ayla que, si le loup était évidemment toujours le bienvenu, il était
peut-être préférable qu’elle le garde avec elle, cela avait donné à la jeune
femme le prétexte dont elle avait besoin pour convaincre la doniate de la
laisser emmener Loup, et les chevaux, prendre un peu d’exercice à l’écart du
campement.
Donc, dès le lendemain matin, la
jeune femme avait veillé à partir le plus tôt possible avant que Zelandoni ne
change d’avis. Jondalar avait abreuvé et bouchonné les chevaux avant le repas
du matin et lorsqu’il avait attaché les couvertures sur Whinney et Rapide, puis
passé leur licou à Rapide et à Grise, les animaux avaient compris qu’ils
étaient de sortie et en avaient piaffé d’impatience. Même s’ils n’envisageaient
pas de la monter, Ayla ne voulait pas laisser la pouliche seule ; elle
était sûre que Grise se sentirait abandonnée s’ils ne la prenaient pas avec
eux : les chevaux appréciaient la compagnie, surtout celle de leurs
semblables, et Grise avait elle aussi besoin de prendre de l’exercice.
Lorsque Jondalar saisit une paire
de paniers destinés à être accrochés sur l’arrière-train d’un cheval, Loup le
regarda avec espoir. Les porte-bagages étaient pleins d’objets divers et de
mystérieux paquets enveloppés dans le matériau marron clair à base de fibres de
lin tissées par Ayla pour passer le temps durant sa convalescence. Marthona
s’était débrouillée pour lui faire fabriquer un petit rouet et lui avait appris
à tisser. L’un des paniers était recouvert d’une grande pièce de cuir destinée
à être étalée par terre, l’autre par les peaux souples, de couleur jaunâtre,
servant à se sécher, que leur avaient offertes les Sharamudoï.
Loup bondit en avant lorsque
l’homme lui fit signe qu’il pouvait les accompagner. Près de l’enclos aux
chevaux, Ayla s’arrêta pour ramasser quelques baies bien mûres pendant de
buissons aux extrémités rouges. Elle frotta contre sa tunique les fruits tout
ronds, d’un bleu profond, remarqua que leur peau tirait nettement sur le noir,
les fourra dans sa bouche et les croqua avec un sourire de satisfaction,
savourant leur goût sucré et juteux. Elle grimpa sur une souche pour monter sur
Whinney, heureuse d’être simplement dehors, sachant qu’elle ne serait pas
obligée de réintégrer avant un moment le bâtiment de la Neuvième Caverne. Elle
était sûre de connaître dorénavant par cœur la moindre craquelure fendillant
les motifs peints ou sculptés qui décoraient chacun des solides piliers en bois
soutenant le toit de chaume de leur habitation, la plus petite trace de suie
noircissant les bords du trou permettant à la fumée de s’échapper. Elle était
heureuse de revoir le ciel et les arbres, un paysage préservé de toute présence
humaine.
Dès qu’ils se mirent en chemin,
Rapide se montra exceptionnellement turbulent, et même un peu hargneux. Cette
indiscipline se communiqua aux deux juments, les rendant plus délicates à
maîtriser. Lorsqu’ils eurent franchi la zone boisée, Ayla ôta son licou à Grise
de façon à pouvoir avancer au rythme qu’elle souhaitait et, par un accord
tacite, Jondalar et elle lancèrent leur monture au galop, jusqu’à atteindre
leur allure maximale. Lorsque les animaux décidèrent à l’unisson de ralentir,
ils avaient épuisé leur excès d’énergie et étaient redevenus plus calmes, ce
qui était loin d’être le cas pour Ayla. La jeune femme se sentait euphorique.
Elle avait toujours aimé galoper à fond et se sentait d’autant plus excitée par
cette course folle qu’elle sortait d’une longue période de réclusion.
Côte à côte, ils avancèrent à un
rythme plus raisonnable dans un paysage délimité par des collines assez
élevées, des falaises de craie et des vallées
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