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Le piège

Le piège

Titel: Le piège Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Emmanuel Bove
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regarda
autour de lui. Pourrait-il sortir tout à l’heure ? Ce bureau n’était-il
pas celui d’un des chefs de la police ? Basson était-il vraiment un ami ?
    — Alors c’est au Maroc que tu veux
aller ? demanda ce dernier.
    — Oui, je veux aller au Maroc,
répondit Bridet, sans penser à ce qu’il disait.
    N’aurait-il pas dû dire plus nettement,
tout à l’heure, qu’il était pour Pétain ? La remarque de Basson l’avait
arrêté. Il sentait qu’ici les paroles n’avaient aucune valeur. C’était un peu
comme dans un tribunal. Il fallait pourtant mettre les choses au point.
    — Tu m’as dit tout à l’heure, continua
Bridet, que cela t’était désagréable que je parle de Pétain. Mais tu oublies qu’il
y a longtemps que nous nous sommes vus. Tu ne sais pas ce que je pense. Et je
veux que tu le saches.
    Basson sourit.
    — Je constate que tu es nerveux.
    — Il y a de quoi. Tu as l’air de
douter de moi.
    — Moi ? Douter de toi ? Tu
te l’es imaginé. Tu penses bien que si j’avais le moindre soupçon sur ta
sincérité, tu ne serais pas ici dans mon bureau.
    Bridet sentit une contraction au creux de l’estomac.
Par réaction instinctive il sourit à son tour.
    — Tu as raison. Je suis nerveux. J’ai
eu tellement d’ennuis...
    — Oui, et quels ennuis ! Je sais
ce que c’est.
    Basson se leva. Comme s’il s’apprêtait à
sortir, il mit ses cigarettes et son briquet dans sa poche. Puis il se rassit.
Bridet se leva à son tour.
    — Ne t’en va pas déjà, dit Basson. J’ai
quelque chose d’important à te dire.
    Bridet se rassit. Il regarda son ami avec
une légère inquiétude.
    — Quelque chose de très important,
continua Basson.
    — Quelle chose ? demanda Bridet.
    — Je veux te donner un conseil, un
conseil d’ami.
    — Tu veux me donner un conseil ?
    — Oui. Et ce conseil, c’est :
fais attention.
    Bridet sentit sa salive devenir amère.
    — Pourquoi ? demanda-t-il en
feignant un profond étonnement.
    — Je te le répète fais attention.
    — Mais pourquoi ?
    — Fais attention et ne fais pas l’imbécile.
    — Il y a un danger ?
    — Il va t’arriver une histoire.
    — À moi ?
    — Oui, à toi.
    — Quelle histoire ? Pourquoi ?
    — Tu es assez intelligent pour me
comprendre. Maintenant parlons d’autre chose. Est-ce que Yolande ne va pas
venir te rejoindre ici ?
    — Quelle histoire ? Il faut que
tu me dises de quoi il s’agit.
    — Non, non, parlons de Yolande.
    À ce moment, la petite sonnerie sourde du
téléphone intérieur retentit. Basson parla quelques instants et comme si Bridet
l’interrompait, il lui fit signe à plusieurs reprises qu’il ne fallait pas
insister, qu’il ne lui dirait rien.
    — Faites entrer, dit-il enfin avant de
raccrocher.
    Puis s’adressant à Bridet il continua :
    — J’ai quelqu’un à recevoir. Veux-tu
sortir et attendre un instant au salon. Je te ferai appeler dès que je serai
libre.
    — Tu m’expliqueras ce que tu as voulu
dire.
    — Non, non, je te l’ai déjà dit, nous
parlerons de Yolande, de nos amis, de tout, mais pas de politique.
    — C’est à cause de la politique ?
    — Ne me pose pas de questions, je ne
veux pas te répondre.
    ** *
    Bridet s’assit dans le salon où déjà quatre
ou cinq personnes attendaient. Il avait le front couvert de sueur. Ses mains
tremblaient légèrement. Il les posa sur ses jambes pour qu’on ne le remarquât
pas. Elles continuèrent à trembler. Il les cacha sous son chapeau. Qu’avait
voulu dire Basson ? Il se le demandait sans arrêt.
    « Je n’ai rien fait, pensait-il.
Évidemment, j’ai laissé entendre à beaucoup de gens que je voulais aller en
Angleterre, mais ces gens voulaient y aller également. Et puis, ils ne sont pas
si nombreux. Ils sont peut-être une dizaine. En admettant qu’il y ait eu des
racontars, qu’un dossier existe sur moi, Basson, qui ne s’attendait pas à ma
visite, n’avait aucune raison de demander à le voir. On lui a peut-être dit que
j’étais gaulliste. Mais personne n’a pu lui en donner la preuve. Moi-même, je n’ai
jamais dit nettement que j’étais gaulliste. J’ai dit que j’allais en Angleterre
pour rejoindre les Forces françaises libres. C’est tout. Basson a plutôt senti
que je n’étais pas pour le Maréchal. Quand il m’a dit qu’il allait m’arriver
une histoire, il a sans doute voulu dire que je perdais mon temps à vouloir me
faire passer pour ce

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