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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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confisquai
ustensiles de cuisine, broche, couteaux et couverture de peau de daim, puis je
chassai sa femme et ses trois enfants de ma terre. J’étais de retour chez moi.

2
    Tuer Oswald n’apaisa pas ma colère. Le Wessex était à l’abri
des Danes, mais seulement parce que j’avais occis Ubba Lothbrokson, et moi je n’avais
eu pour toute récompense qu’humiliation.
    Pauvre Mildrith ! Cette femme paisible, aimable envers
tous, était désormais l’épouse d’un guerrier tourmenté par la rancœur et la
colère. Elle craignait le courroux d’Alfred, elle était terrifiée que l’Église
me châtie d’avoir troublé sa paix, et inquiète que la famille d’Oswald exige de
moi le wergild. Ils le feraient. Le wergild était le prix du sang
que vaut chacun, homme, femme ou enfant. Quiconque tue un homme doit en payer
le prix ou mourir à son tour, et la famille d’Oswald se plaindrait certainement
à Odda le Jeune. Il avait été nommé ealdorman de Defnascir en remplacement de
son père grièvement blessé, et il donnerait certainement ordre au bailli de me
poursuivre en justice, mais je ne m’en souciais guère. Je chassais cerf et
sanglier, et je ruminais en attendant les nouvelles d’Alfred.
    En attendant, je trouvai mon premier serviteur. C’était un
serf, je le vis à Exanmynster par une belle journée de printemps, pendant une
foire où des hommes proposaient leurs services pour les foins et les récoltes. Comme
en toute foire, il y avait là jongleurs, baladins, acrobates et musiciens, ainsi
qu’un grand homme à cheveux blancs, au visage grave et ridé, vendant des
bourses enchantées censées changer le fer en argent. Il nous en fit la
démonstration et je le vis placer deux clous ordinaires et les ressortir faits
d’argent pur. Il déclara qu’il nous fallait placer un crucifix d’argent dans la
bourse et dormir en la portant autour du cou avant que la magie n’opère. Je la
lui payai trois shillings d’argent, et cela ne marcha jamais. Je passai des
mois à rechercher en vain cet homme. Aujourd’hui, lorsque je croise de tels
charlatans, je les fais fouetter et chasser de mes terres, mais je n’avais
alors que vingt ans et je croyais tout ce que je voyais. Cet homme attirait la
foule, mais elle était encore plus nombreuse devant l’église, où s’élevaient de
grands cris. J’approchai mon cheval, m’attirant les regards mauvais de ceux qui
savaient que j’avais occis Oswald, mais personne n’osa m’accuser, car je
portais Souffle-de-Serpent et Dard-de-Guêpe.
    À la porte de l’église se trouvait un jeune homme, torse et
pieds nus, avec au cou une corde attachée à un poteau. Il tenait un gros bâton.
Il avait de longs cheveux blonds hirsutes, des yeux bleus, un visage buté, et
la poitrine, le ventre et les bras couverts de sang. Trois hommes le gardaient.
Eux aussi avaient yeux et cheveux clairs, et ils criaient avec un accent
étranger : « Venez combattre le païen ! Trois sous à celui qui
le fera saigner ! Accourez ! »
    — Qui est-ce ? demandai-je.
    — Un Dane, seigneur. Un Dane païen, me répondit un
homme en ôtant son chapeau avant de se retourner et de s’adresser à la foule. Venez
le combattre ! Prenez revanche ! Faites saigner le Dane ! Soyez
un bon chrétien et faites souffrir un païen !
    Les trois hommes étaient frisons. Je me doutai qu’ils
faisaient partie de l’armée d’Alfred et, maintenant que le roi parlementait
avec les Danes plutôt que de les combattre, ils avaient déserté. Les Frisons
viennent de l’autre côté de la mer pour une seule et unique raison, l’argent ;
tous trois avaient capturé un jeune Dane et tiraient de lui profit pendant qu’ils
le pouvaient. Et cela risquait de durer, car il était robuste. Un vaillant
jeune Saxon paya ses trois sous et reçut une épée avec laquelle il s’acharna
sur le prisonnier, mais le Dane para chaque fois, faisant voler des éclats de
bois de son bâton, et à la première occasion il assena à son adversaire un coup
qui le fit saigner à l’oreille. Le Saxon recula en titubant, à demi assommé, et
le Dane lui enfonça sa massue dans le ventre. Les Frisons le retinrent juste à
temps par la corde avant qu’il ne lui fende le crâne.
    — Avons-nous un autre héros ? clama un Frison
alors qu’on emmenait le Saxon. Allons, bonnes gens ! Montrez votre force
et battez le Dane !
    — Je le vaincrai, dis-je en sautant de cheval et en le
confiant à un garçonnet.

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