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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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il avait été un
bon chapelain pour nos douze navires, malgré son mal de mer et son horreur du
sang.
    — C’est Dieu qui a fait la paix ? demandai-je, sceptique.
    — Qui a envoyé la tempête et fait sombrer les bateaux
de Guthrum ? répliqua-t-il avec ferveur. Et qui t’a livré Ubba ?
    — Moi.
    — Nous avons un roi pieux, seigneur, dit-il sans
relever. Et Dieu récompense ceux qui le servent fidèlement. Alfred a vaincu les
Danes ! Et ils le voient ! Guthrum peut reconnaître l’intervention
divine ! Il a posé des questions sur le Christ. Notre roi pense que
Guthrum n’est pas loin de voir la vraie lumière de Dieu. (Il se pencha et me
toucha le genou.) Nous avons jeûné et prié, seigneur ; le roi pense que
les Danes seront amenés au Christ et que ce jour-là nous connaîtrons la paix
éternelle.
    Il croyait fermement à toutes ces absurdités et, bien sûr, c’était
une douce mélodie aux oreilles de Mildrith. Bonne chrétienne, elle avait une
grande foi en Alfred : si le roi croyait que son dieu apporterait la
victoire, elle était prête à le croire aussi. Pour moi, c’était folie, mais je
ne répondis rien tandis qu’une servante nous apportait de l’ale, du pain, du
maquereau fumé et du fromage.
    — Nous aurons une paix chrétienne, dit Willibald en
faisant le signe de croix sur le pain. Scellée par des otages.
    — Nous lui avons encore donné des otages ? demandai-je,
étonné.
    — Non, mais il a accepté de nous en donner. Dont six
comtes !
    — Six comtes ? répétai-je en m’interrompant dans
ma tâche.
    — Dont ton ami Ragnar !
    Willibald en semblait ravi, mais je fus consterné. Si Ragnar
n’était pas avec les Danes, je ne pouvais les rejoindre. C’était mon ami, ses
ennemis étaient les miens ; mais, sans sa protection, je me livrais
quasiment à Kjartan et à Sven, le père et le fils qui avaient assassiné le père
de Ragnar et voulaient ma mort. Sans Ragnar, je ne pouvais quitter le Wessex.
    — Ragnar est parmi les otages ? En êtes-vous sûr ?
    — Absolument. Il sera détenu chez l’ealdorman Wulfhere.
Avec tous les autres.
    — Combien de temps ?
    — Autant que le voudra Alfred, ou jusqu’à ce que
Guthrum se fasse baptiser. Guthrum comprend à présent que notre Dieu est
puissant !
    Je me levai et allai à la porte, écartant la tenture de cuir
pour fixer l’immense estuaire de l’Uisc. J’étais écœuré. Je détestais Alfred, je
ne voulais point rester dans le Wessex. Pourtant, je semblais voué à y demeurer.
    — Et que ferai-je ? demandai-je.
    — Le roi te pardonnera, seigneur.
    — Me pardonner ? Et qu’est-il arrivé à Cynuit, pour
le roi ? Vous y étiez, mon père. Le lui avez-vous dit ?
    — Oui.
    — Et ?
    — Il sait que tu es un brave guerrier, seigneur, et que
ton épée est une force pour le Wessex. Il te recevra de nouveau, j’en suis sûr,
et ce sera plein de joie. Va à l’église, paie tes dettes et montre que tu es un
homme de bien du Wessex.
    — Je ne suis point un Saxon de l’Ouest, grondai-je. Je
suis un Northumbrien !
    Et c’était en partie la question. J’étais un étranger. Je
parlais un anglais différent. Les hommes du Wessex étaient liés par la famille,
et moi je venais de ce Nord étrange. On me prenait pour un païen, on me
traitait d’assassin à cause de la mort d’Oswald, on se signait quand on me
croisait. On m’appelait Uhtredærwe, ce qui signifie Uhtred le Mauvais : cela
ne me blessait guère mais chagrinait Mildrith. Elle leur assurait que j’étais
un chrétien, mais c’était mensonge, et notre malheur empoisonna tout cet été. Elle
priait pour mon âme, je craignais pour ma liberté, et lorsqu’elle me suppliait
de l’accompagner à l’église d’Exanmynster, je grondais que je ne mettrais plus
jamais les pieds dans une église de toute ma vie. Devant ses larmes, je partais
chasser et parfois mes courses me menaient jusqu’au bord de l’eau, où je
contemplais l’ Heahengel.
    Le navire gisait sur la vase du rivage, abandonné et poussé
par les marées. C’était l’un des douze de la flotte d’Alfred, qu’il avait
construite pour chasser les bateaux danois qui pillaient les côtes du Wessex. Venus
d’Hamtun sur l’ Heahengel, Leofric et moi avions poursuivi la flotte de
Guthrum et survécu à la tempête qui avait décimé les Danes. Nous avions abordé
là et laissél’ Heahengel sans mât ni voile. Depuis, le navire
pourrissait, comme

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