Le quatrième cavalier
Westbury. Dans son remarquable ouvrage, Alfred, roi guerrier, John
Peddie place Ethandun à Bratton Camp et la Pierre d’Egbert à Kingston Deverill,
dans la vallée de la Wyly – cela me semble convaincant.
Il n’y a nulle controverse sur la situation d’Æthelingæg. C’est
aujourd’hui Athelney, dans les Somerset Levels, près de Taunton. Bratton Camp
est resté relativement intact depuis 878, les marais ont considérablement
changé. De nos jours, grâce aux moines médiévaux qui ont bâti des digues et
asséché la région, c’est une vaste et fertile plaine. Au IX e siècle,
c’était un immense marécage et un dédale de chenaux marins presque impénétrable,
où Alfred se réfugia après le désastre de Chippenham.
Ce désastre fut la conséquence de sa générosité : il
accepta une trêve qui permit à Guthrum de se retirer à Gloucester, dans la
Mercie alors détenue par les Danois. Guthrum, tout comme il avait brisé la
trêve conclue à Wareham en 876, se révéla une fois encore aussi peu fiable. Juste
après la Douzième Nuit, il attaqua Chippenham dont il s’empara, précipitant
ainsi la plus grande crise du long règne d’Alfred. Le roi fut défait, et presque
tout le pays livré aux mains des Danes. Certains grands nobles, tel Wulfhere, ealdorman
de Wiltshire, s’allièrent à l’ennemi, et le royaume d’Alfred fut réduit aux
marais des Somerset Levels. Pourtant, au printemps, quatre mois après le
désastre de Chippenham, Alfred rassembla une armée et la mena à Ethandun où il
vainquit Guthrum. Tout cela est arrivé. Ce qui, hélas, n’est probablement pas
arrivé, c’est l’histoire de la villageoise giflant Alfred pour avoir laissé
brûler ses galettes. Cette anecdote, la plus célèbre concernant Alfred, est d’une
source très tardive, donc peu fiable.
Alfred, Ælswith, Wulfhere, Æthelwold et le frère Asser (qui
devint plus tard évêque) ont tous existé, tout comme Guthrum. Svein est un
personnage fictif.
Les deux sources principales d’information concernant le
règne d’Alfred sont la Chronique anglo-saxonne et la vie du roi rédigée
par l’évêque Asser. Malheureusement, aucune ne nous explique en détail comment
Alfred vainquit Guthrum à Ethandun. Les deux armées, selon les critères contemporains,
étaient petites, et il est presque certain que Guthrum dépassait largement en
nombre Alfred. Cela ne fait que confirmer la remarquable victoire remportée par
Alfred.
Les Saxons étaient en Angleterre depuis le V e siècle. Au IX e , ils gouvernaient presque toute
l’Angleterre actuelle, mais à l’arrivée des Danois, les royaumes saxons s’effondrèrent. Le Dernier Royaume conte la défaite de la Northumbrie, de la Mercie et
de l’Estanglie, tandis que Le Quatrième Cavalier raconte comment le
Wessex faillit suivre ses voisins du Nord dans les oubliettes de l’histoire. Pendant
les premiers mois de 878, l’idée d’Angleterre, sa culture et sa langue furent
réduites à quelques hectares de marais. Il aurait suffi d’une seule défaite
pour que n’existe jamais cette entité politique appelée Angleterre. Nous
aurions été un Daneland, et ce roman aurait probablement été rédigé en danois. Pourtant,
Alfred survécut et vainquit. C’est pourquoi l’histoire lui a accordé l’honneur
de le baptiser le « Grand ». Ses successeurs achevèrent son œuvre en
unissant pour la première fois les terres saxonnes en un unique royaume appelé
Angleterre,… mais cette tâche fut entreprise par Alfred le Grand.
Pourtant, en 878, même après la victoire d’Ethandun, ce rêve
devait sembler impossible. Il y a loin du cheval blanc d’Ethandun aux mornes
landes du nord du Mur d’Hadrien, et Uhtred et ses compagnons devront poursuivre
leur campagne.
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